Tour de France: Boyer ne croit pas à un peloton "100% propre"

Une nouvelle voix s'ajoute au concert de suspicions planant sur les performances remarquables de Tadej Pogacar, vainqueur du Tour de France, et de l'équipe Jumbo-Visma, ayant conduit son compatriote Primoz Roglic sur la deuxième marche du podium final. Après Romain Feillu, Stéphane Heulot ou Christophe Bassons, un autre ancien cycliste français met en doute certains coureurs. Pour Eric Boyer, ancien manager de la formation Cofidis, un Tour sans dopage est de l'ordre de l'impossible.
"C'est beaucoup demandé pour 100% du peloton, a-t-il estime ce mardi dans 'Apolline Matin' sur RMC. C'est le sport qui est comme ça. On a toujours des athlètes qui veulent être plus forts qu'ils ne le sont naturellement. C'est aussi humain parfois de chercher à améliorer ses performances pour réussir dans la vie, être plus fort que son voisin, faire carrière. Il faut lutter contre ça et ce sont aux dirigeants - la Fédération internationale, les organisateurs, les dirigeants des équipes - de veiller à ce que tout se passe dans le meilleur des cas."
"80% du peloton en fait assez"
Il note tout de même de nets progrès dans le cyclisme après la période noire des années 1990 et du début 2000. "80% du peloton en fait assez mais c'est toujours une minorité qui fout le bordel, poursuit-il. On a connu les années 90 et les affaires comme Festina où on était à près de 100% du peloton (dopé), on arrive à diminuer largement ce pourcentage. Il ne faut pas lâcher. Si on est moins vigilant une année ou deux, ça peut repartir. On ne peut jamais desserrer l'étau. C'est ce qui est très important."
Depuis la fin de son aventure avec Cofidis en 2012, l'ancien coéquipier de Greg LeMond suit tout de même avec attention le Tour de France. Et il constate des performances surprenantes. "Même quand on descendu du vélo et qu'on regarde des courses cyclistes, on est parfois désagréablement surpris de certaines performances", reconnaît-il
"Quand on veut régler les problèmes et qu'on s'en donne les moyens, ça va très vite"
Tout en invitant à "la prudence dans nos commentaires", Boyer incite les instances à frapper vite et fort pour ne pas se laisser déborder. "Il ne faut pas se voiler la face, exhorte-t-il. C'est trop facile de dire aux spectateurs: 'rassurez-vous, il y a eu des progrès dans l'entraînement'. Oui il y a eu d'énormes progrès de façon naturelle mais il y a encore des problèmes. Tant qu'on n'a pas pris conscience qu'il y a des problèmes, on n'arrivera pas à les régler. Quand l'agence antidopage américaine a décidé de vérifier si les performances de Lance Armstrong étaient naturelles, elle a réussi à démontrer en six mois que ce n'était pas le cas, là où la fédération internationale, pendant dix ans, n'a pas réussi à le faire. Quand on veut régler les problèmes et qu'on s'en donne les moyens, ça va très vite."