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Tour de France femmes: ses objectifs, son AVC, Paris 2024... les confessions d'Audrey Cordon-Ragot

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Présente au départ du Tour de France femmes qui s'élance de Clermont-Ferrand ce dimanche, Audrey Cordon-Ragot (Human Powered Health Cycling) est en quête de revanche après son AVC. La coureuse de 33 ans se projette aussi sur les JO 2024, qui pourraient être sa dernière compétition.

Audrey Cordon-Ragot, est-ce que ce Tour de France a une saveur particulière cette année ?

Pour moi, c’est une double saveur. Déjà, c’est une victoire d’être au départ après toutes ces péripéties cette année et c’est un honneur tout simplement de participer à la deuxième édition. Je suis là, j’ai la santé, tout va bien et je me présente avec des ambitions.

Justement, à quelques heures du départ, comment-vous sentez-vous, quand on sait par quoi vous êtes passée ?

Je pense que d’être au départ c’est un beau pied de nez à toutes les personnes qui me l’ont mise à l’envers depuis des mois. C’est aussi leur montrer que malgré le fait d’avoir eu beaucoup de bas et pas beaucoup de hauts, et bien aujourd’hui je suis au départ et encore là. Leur dire aussi que je suis la seule décisionnaire de l’année, du mois et du jour auquel je voudrais arrêter ma carrière. Et que personne ne décidera pour moi. C’est aussi prouver, que malgré la maladie, malgré les soucis de santé on peut toujours se relever si on a l’envie et le courage. Ça va inspirer beaucoup de gens qui sont dans leur lit d’hôpital ou qui ne sont pas bien. Ils me verront au départ et ils se diront moi aussi, a une autre échelle, avec d’autres objectifs, je peux le faire et dans quelques mois je serai sur pied. C’est important de passer ce message sur ce Tour.

Vous aimeriez dire quoi à la Audrey de septembre dernier qui était malade ?

Je lui dirai qu’elle a eu raison de croire en ses rêves, de ne pas écouter les docteurs. Qu’elle a eu raison de faire les choix qu’elle a fait malgré tout. Il y en a eu des mauvais aussi mais c’est la vie, c’est ce qui m’a construite. C’est ce qui fait que je suis une Audrey différente de l’an dernier. Mais une Audrey plus forte mentalement mais j’espère aussi l’être physiquement.

Pour revenir sur ce Tour de France, le parcours cette année monte d‘un cran ?

On a été écoutées, parce que l’an passé on avait demandé un contre-la-montre. Ce sera un beau chrono dans une ville qui aime le cyclisme. Cette année c’est un parcours difficile. Il n’y a pas franchement de place pour des vraies arrivées au sprint massif. Ce qui n’est pas pour m’embêter. Je vais bien au sprint mais sur un sprint massif, je ne suis pas trop à l’aise. C’est plutôt positif pour moi ce parcours. Ça va être magnifique. Il y aura plus de public, l’intérêt autour de ce Tour grandi.

Vous avez coché ce contre-la-montre ?

C’est l’étape où je vise un bon résultat. La veille je vais essayer de me jeter dans le gruppetto pour passer une journée "assez cool" et profiter du public qui j’espère sera nombreux dans le Tourmalet. Et puis, l’objectif sera de faire un bon chrono dimanche.

Cette année, vous êtes dans une nouvelle équipe, avec un collectif qui va travailler pour vous…

Oui j’arrive avec une autre position. L’an passé, j’étais une coéquipière et cette année j’ai plus de libertés. Après, je ne viens pas pour le classement général. Je suis honnête sur mes capacités en montagne. Mais le but est d’être dynamique. A l’image de Julian Alaphilippe, je vais me battre et voir ou mes jambes me mèneront. Mais surtout ne pas avoir de regrets quand je passerai la ligne d’arrivée du chrono dimanche.

Au-delà du contre-la-montre, d’autres étapes peuvent-elles vous convenir ?

Oui, toutes les étapes peuvent convenir à quelqu’un qui a les jambes, à part le Tourmalet. A voir aussi comment les équipes contrôleront la course. Sur le Giro, il n’y a pas eu beaucoup d’échappés autorisées à partir. On verra sur le tour si ça sourira aux baroudeuses, aux filles opportunistes. Ce qui ne me déplairait pas. On attend de voir. Ce n’est pas nous qui décidons et pas mon équipe non plus. On est là pour être à l’avant et avoir des victoires d’étapes

Pour la médiatisation du cyclisme féminin, il y a besoin de confirmer l’attrait pour le Tour de France ?

Ça reste la course plus médiatique, mieux organisée, un exemple pour d’autres courses. On sort du Giro et on voit la différence d’organisation. C’est aussi une motivation pour les coureurs mais pas que, pour les médias, les organisateurs aussi. Ça tire tout le monde vers le haut. C’est une bonne chose. Ce Tour s’inscrit dans la durée. On espère mieux l’an prochain, dans 5 ans, dans 10 ans. Je suis très positive.

On est à un des JO, vous les avez en tête ?

Oui bien sûr, c’est un fil conducteur. J’aimerais arrêter ma carrière aux JO à Paris. C’est vraiment un très gros objectif pour moi. Mais je ne suis pas la seule. La France fait partie des cinq meilleures nations mondiale. Il y a des jeunes derrière moi. Il faut travailler et j’espère être à Paris en 2024.

Que pensez-vous de ce parcours des JO ?

Il me parle bien, il peut me correspondre. Après, il ne faut pas y penser tout de suite. D’autres belles courses sont à venir, faut pas y penser tout de suite. L’important sera de décider quand j’arrêterai ma carrière.

Propos recueillis par Léna Marjak