Tour de France femmes: un premier sacre pour Annemiek van Vleuten, la Néerlandaise au palmarès en or

Grande favorite, Annemiek van Vleuten a tenu son rang. A 39 ans, la Néerlandaise de la formation Movistar a inscrit ce dimanche son nom au palmarès du Tour de France Femmes, relancé en 2022 après 33 ans d'absence même si d'autres épreuves ont eu lieu depuis mais n'ayant pas le label de l'organisateur ASO.
Un palmarès hors norme
Enfant, Annemiek van Vleuten regardait la Grande Boucle masculine à la télévision, devenant rapidement une suiveuse assidue. Pourtant, sa famille ne connaissait pratiquement rien au cyclisme. "Mais moi ça m'a captivée, surtout le Tour de France. J'allumais la télévision et je ne pouvais m'arrêter de regarder, revenait-elle dans une vidéo de l'organisateur avant la course. J'étais éprise."
En attendant de participer et de gagner le Tour de France, Van Vleuten s'est forgée un palmarès de luxe. En juillet dernier, elle remportait pour la troisième fois de sa carrière le Tour d'Italie féminin. Rouleau-compresseur dès que la pente s'élève, "AVV" compte aussi à son palmarès deux Liège-Bastogne-Liège, trois titres mondiaux, deux Tour des Flandres, deux Strade-Bianche et un titre olympique. En 2010, elle s'offrait la Route de France, sa première course de référence, sorte de prolongement indirect de l'ancien Tour de France ou d'ancêtre de la nouvelle mouture dirigée par Marion Rousse.
La revanche l'an passé lors des JO
La progression de Van Vleuten a été constante mais un déclic psychologique s'est produit en 2016, lors de la course en ligne des Jeux olympiques, où elle a frôlé l'or mais aussi le drame. Seule en tête et filant vers le sacre, elle avait été victime d'une très grave chute dans une descente. Elle était apparue inerte pendant plusieurs instants, abandonnant toutes ses chances. Sa compatriote et rivale Anna van der Breggen en avait profité pour décrocher le titre.
A Tokyo, elle a pris une revanche sur son histoire en deux temps. Elle pensait d'abord atteindre son rêve sur la course en ligne, levant les bras au moment de franchir la ligne. Mais en l'absence des oreillettes, van Vleuten ignorait que l'Autrichienne Anna Kiesenhofer, avait déjà été sacrée plus d'une minute avant, grâce à une longue chevauchée. C'est finalement quelques jours plus tard, sur le contre-la-montre, qu'elle tournait la page olympique de la plus belle des manières. "L'histoire est maintenant complète", jubilait-elle.
Une spécialiste des raids
Là où à seulement 32 ans, Anna van der Breggen a déjà pris sa retraite, devenant directrice sportive de l'équipe SD Worx, Annemiek van Vleuten continue de pédaler. "Je ne fais pas ça pour les victoires. J'adore aussi m'entraîner, la méthode. Gagner, c'est la cerise sur le gâteau, explique-t-elle. J'aime tirer le meilleur de moi-même. C'est ce qui me motive."
Malade en début de semaine sur ce Tour de France, Annemiek van Vleuten a pensé à abandonner. C'est finalement grâce à un raid solitaire de 62 kilomètres qu'elle a construit son succès samedi, sur les différents cols vosgiens. Pour les suiveurs, ce n'est pas vraiment une surprise. Lors de son titre de championne du monde obtenu dans le Yorkshire en 2019, elle avait passé plus de 100 kilomètres seule à l'avant. Son chef-d'œuvre en carrière.
Une ancienne fêtarde
Ancienne joueuse de football, Annemiek van Vleuten s'est mise à pratiquer le cyclisme après une blessure à un genou, pour contrôler "ses kilos superflus d'étudiante", elle qui aimait faire la fête en parallèle de ses études pour devenir épidémiologiste. Le virus de la compétition est lui rapidement arrivé, avec un potentiel à exploiter.
"La première année où j'ai fait de petites courses, j'ai fait des tests physiques avec des mesures d'oxygène et de puissance. Tout d'un coup, sans trop m'entraîner, j'avais déjà des chiffres, des watts et une VO2 max similaires au niveau de l'équipe nationale néerlandaise", explique celle qui domine sa discipline.
Des boucles d'oreilles porte-bonheur, offertes par son père disparu
Grimpeuse, Annemiek van Vleuten a développé ses qualités au fil des années, en s'entraînant régulièrement en altitude. Sur le podium, la lauréate aura certainement une grosse pensée pour ses proches, dont son père, disparu. Elle lui rend désormais hommage en portant des boucles d'oreilles qu'il lui avait offertes à 18 ans. "Je les portais lors des JO à Rio. Et j'ai dit à ma mère après la course: 'les boucles d'oreilles ne m'ont pas porté bonheur'. Ma mère m'a regardée et elle pensait différemment, que les boucles d'oreilles m'ont vraiment porté bonheur à Rio.: parce qu'elles m'ont sauvé la vie."
A l'issue de son numéro dans le Yorkshire en 2019, elle affichait fièrement ses boucles avant de célébrer son titre. "Dans des courses importantes, je sens que mon père est toujours là. Le talent que j'ai, vient aussi des gênes de mon père, c'est sûr, estime-t-elle. C'est sympa quand je porte mes boucles d'oreilles de me dire que mon père est toujours avec moi."
Concernant la suite, Annemiek van Vleuten devrait défendre son titre sur le Tour de France l'an prochain. Mais en début d'année, la Néerlandaise a déjà prévenu: la saison 2023 sera sa dernière dans les pelotons, toujours avec le maillot Movistar.