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Tour de France: "La sécurité est ma principale priorité", comment les pilotes moto sont encadrés sur la course

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Depuis vingt ans, Marc Compe, dit "Marco", est le pilote de la moto RMC durant le Tour de France. Après ce qui s’est passé samedi lors de la 14e étape, lorsqu’une attaque de Tadej Pogacar a été freinée par des motos, il nous explique son rôle et l’importance de la sécurité pendant les étapes.

Depuis combien de temps êtes-vous sur la moto pour RMC pendant le Tour de France ?

J’ai commencé il y a une vingtaine d’années, c’est mon vingtième Tour de France. Ça a démarré très simplement. Une boîte de production cherchait un pilote moto avec de l’expérience dans le pilotage et dans les courses cyclistes. Je remplissais les conditions donc j’ai été sélectionné. C’est comme ça que j’ai fait mon premier Tour. Je travaillais en parallèle comme professeur de sport, une activité que j’ai arrêtée il y a un an.

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Quel est le rôle du pilote et du journaliste qui l’accompagne sur la moto durant le Tour ?

Nous sommes au cœur de l’action et de la course. Nous devons remplir notre job en fonction des conditions de course et de différents paramètres : le public, la sécurité, les ordres que l’on reçoit de la part des régulateurs du Tour. Il y a énormément de motos sur le Tour de France. Rien que l’effectif de la Garde républicaine représente par exemple une trentaine de motos. Il y a aussi les motos de l’organisation, les trois-roues, et les motos médias. Je pense qu’il y a environ une centaine de motos sur le Tour.

Marc Compe et Arnaud Souque sur le Tour de France
Marc Compe et Arnaud Souque sur le Tour de France © RMC Sport

A quel échelon de la course est positionnée la moto RMC lors d’une étape ?

Je suis strict sur les règles et nous en avons une qui est très claire sur la moto : dès lors qu’il y a deux minutes entre un groupe d’échappés et les poursuivants ou le peloton, nous avons le droit de nous intercaler. Nous sommes à l’écoute de Radio Tour et nous avons les temps. Dès que les conditions sont remplies, on s’arrête sur le bas-côté, on laisse passer les échappés et on les suit derrière.

Sur la moto RMC, comment se passe la relation entre pilote et journaliste ?

La sécurité est mon point sensible. Je regarde ce qui se passe partout. Si le journaliste me demande quelque chose et que c’est possible, je le fais bien évidemment. Sinon, je lui demande d’attendre un peu et on le fait plus tard. C’est le cas par exemple pour les interviews de directeurs sportifs qu’on fait en roulant pendant l’étape. Pour que l’interview se passe dans de bonnes conditions, on ne va pas la faire en descente à 80km/h. Ce serait trop dangereux. Avec mon expérience, je regarde l’état de la route, si c’est mouillé, s’il y a des virages… On ne fait pas non plus d’interview en entrée de village parce que généralement il y a des ronds-points ou des dos d’âne.

Les pilotes reçoivent-ils des consignes avant chaque étape pour que la sécurité soit assurée au mieux ?

Oui. Il y a trois régulateurs sur le Tour de France. A tour de rôle, avant chaque étape, ils organisent une petite réunion sur la ligne de départ pour nous mettre en garde sur la sécurité en fonction des conditions de course, de public… La sécurité est ma principale priorité. Nous sommes toujours sur le qui-vive. Il faut faire attention aux supporters, aux animaux qui traversent en plein milieu de la route… On a toujours les pieds et les mains sur les freins. On est toujours à l’affût d’un potentiel danger. On sait que le danger est partout, en plaine comme en montagne. Il faut par exemple faire très attention dans les descentes.

L’attitude du public sur le Tour a-t-elle changé ces dernières années ?

J’ai le sentiment qu’il y a moins de règles au sein du public. Je le vois sur les routes. Les organisateurs mettent parfois des barrières et des cordages pour limiter la présence du public sur la route, mais certains passent outre. Nous les motards lorsqu’on monte certains cols, parfois on ne voit pas la route.

Comment expliquer que les motos étaient si proches de Tadej Pogacar, au point de l’avoir gêné alors qu’il passait à l’attaque au sommet du col de Joux Plane ? Deux motos ont d’ailleurs été sanctionnées par les commissaires de course.

Ce qui s’est passé samedi, malheureusement, c’est que les motos se sont faites piégées au vu des conditions de public qui étaient énormes. Je ne vais pas trop m’avancer sur les raisons de ce qui s’est produit parce qu’il y a tellement de paramètres qui entrent en ligne de compte. Les motos se sont faites surprendre. Il n’y aurait pas eu de problème si les spectateurs avaient été placés derrière des barrières ou s’ils avaient respecté leur emplacement.

Recevez-vous des consignes en pleine course via Radio Tour ?

Oui. On est au courant de tout avec Radio Tour. Même si on est à l’avant de la course et qu’il y a une chute à l’arrière, on reçoit l’information. On connaît les abandons, les chutes, les coureurs qui se portent au niveau de la voiture médicale pour recevoir des soins… Dans le casque, on a le retour antenne, les ordres du car régie et Radio Tour.

Faut-il s’attendre à ce que les consignes de sécurité à destination des pilotes soient renforcées après ce qui s’est produit samedi avec Tadej Pogacar ?

Oui. Pour ce dimanche, c’est sûr qu’il y aura des consignes très strictes. Ce qui s’est passé samedi est un fait de course quand même assez exceptionnel.

Propos recueillis par Rodolphe Ryo, aux Gets