Tour de France: Pinot ne se voit pas comme le favori

Il a signé un feu d’artifice par jour pendant trois jours. Impérial lors du contre-la-montre vendredi, victorieux magistral au Tourmalet samedi puis très fort et 2e dimanche à Foix Prat d’Albis, Thibaut Pinot a frappé si fort qu’il est presque devenu le favori naturel du Tour de France. Autant parce qu’il semble au-dessus de ses concurrents en montagne mais aussi grâce à la grosse densité de son équipe, d’un apport considérable dans les cols. Malgré tout cela, le Français, qui a presque comblé la minute 40 de retard concédée dans la bordure la semaine dernière, rejette l’étiquette de favori que lui colle Dave Brailsford, manager de la formation Ineos, et son redoutable sens de la communication.
"Je ne porte pas la pression tout seul"
"La pression pour l'instant, c'est Julian (Alaphilippe, ndlr) qui l'a, a balayé le Franc-Combtois, ce lundi en conférence de presse. C’est lui qui est maillot jaune, il a encore 1’30’’ d’avance. Tant mieux pour moi. On est deux Français dans les quatre premiers au général, la pression, je ne la porte pas tout seul et ça, c’est une chose pour moi."
"J'étais peut-être le plus fort ce week-end mais..."
Sa cote chez les bookmakers (qui en font le favori) ne le déstabilise pas. "Je ne me sens pas comme le favori, loin de là, assure-t-il. Ça fluctue très vite. Je ne m'en occupe pas trop. J'étais peut-être le plus fort ce week-end mais le Tour, c'est jusqu'à dimanche et il va se passer encore beaucoup de choses." Comme cette étape de plat, au programme mardi une semaine après la bordure dont il a été victime. "Ce n’est jamais une partie de plaisir pour moi les étapes de plaine, qu’il y ait du vent ou non, confie-t-il. Demain, ça va être une étape pas marrante pour moi parce que je ne les aime pas. On va rester placés et essayer la passer sans le moindre souci. "
La bordure finalement salvatrice?
Il reste encore de nombreux écueils à éviter et trois places à glaner au général pour atteindre le Graal d’une première victoire pour un Français sur le Tour depuis Bernard Hinault en 1985. Mais ce Thibaut Pinot a bien changé. Il promet même s’être bonifié après l’erreur de la bordure. "Elle m’a fait bien, reconnaît-il. On courait déjà bien avant mais depuis cette bordure, on court encore mieux. On est plus déterminé."
"Je préfère que ce soit Alaphilippe qui gagne qu’un autre"
En espérant passer la plaine sans encombre, il a de nouveau promis d’attaquer dans les Alpes et assuré qu’il ne craignait "personne". Tout en conservant une certaine mesure, notamment dans sa volonté de détrôner le plus rapidement possible Julian Alpahilippe de sa première place. "Ce n’est pas mon obsession, a-t-il répondu. Mon obsession, c’est de remonter au classement général. Julian est français, je suis Français et je préfère que ce soit lui qui gagne qu’un autre. Je ne suis pas obstiné sur Julian."
A l’attaque de la dernière semaine, l’attente est immense sur les bords de la route où Pinot et Alaphilippe se partagent le cœur des Français. Tout en gardant la tête froide. "Je ne suis plus comme avant où tout m’embêtait un peu, promet-il. Maintenant, je suis dans ma bulle, dans mon Tour de France. Ça fait partie du truc. Je suis content." Un discours de champion?