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Tour de France: Pinot perd très gros... et peut-être tout espoir

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Deux jours après son formidable coup d'éclat à Saint-Etienne, Thibaut pinot a perdu très gros ce lundi, lors de la 10e étape entre Saint-Flour et Albi remportée au sprint par Wout van Aert. Le Français de la Groupama-FDJ s'est pris une bordure et quitte le podium du général (11e). Un sentiment de gâchis.

"C'est impensable, inimaginable", commentait simplement Cyrille Guimard à l'arrivée ce lundi à Albi. Difficile d'analyser le désastre du jour pour Thibaut Pinot, vite projeté ces derniers jours au statut de sérieux prétendant pour la victoire finale sur le Tour de France par des Français qui ne rêvent que d'un successeur à Bernard Hinault. Car le Français de la Groupama-FDJ a perdu 1'40 ce lundi à Albi, au terme d'une étape de transition qui ressemblait pourtant fort à une formalité de veille de repos. Il se retrouve 11e du classement général, à 2'33 de Julian Alaphilippe et 1'21 de Geraint Thomas.

"Que voulez-vous que je dise? C'est une journée de merde et puis c'est comme ça", a simplement lâché à chaud le grand perdant du jour à l'arrivée, visiblement ému. Avant de repartir. On imagine le debrief nécessaire.

A 30 kilomètres de l'arrivée, Thibaut Pinot s'est retrouvé piégé. Un très joli coup de bordure mené de mains de maîtres par les Ineos, épaulés notamment par la Deceuninck-Quick Step. La troisième tentative fut la bonne, après déjà deux grosses accélérations qui avaient préparé le coup. La situation n'a fait que s'aggraver et le peloton, scindé, n'aura jamais connu de jonction. Le groupe Pinot terminera donc à 1'40 sur la ligne.

Un coup mené par Ineos et Quick-Step

"On a du mal à comprendre, s'interroge notre consultant Cyrille Guimard. C'était tendu, tous les leaders étaient pratiquement présents. Une première accélération n'avait rien donné, une deuxième. A un moment, on voyait les Ineos prêts à partir et puis c'est la marque de fabrique des Deceuninck. A un moment, le vent s'est bien présenté, ils ont enclenché et il y a eu la cassure immédiatement. Il y a quand même 30-35 coureurs devant.. Comment peut-on se faire piéger? Je ne trouve pas les mots, la déception est énorme."

Une erreur stratégique improbable, deux jours après le superbe coup du coureur de 29 ans, en duo avec Julian Alaphilippe à Saint-Etienne et qui avait repris du temps à tous les favoris pour grimper à la troisième place du classement général. Il rétrograde ce lundi à la 11e place, à 2'33 de son compatriote, toujours en jaune. Et surtout à 1'21 de Geraint Thomas et 1'17 d'Egan Bernal.

"C'est une bataille de perdue"

"On savait tous qu'il y avait du vent et que c'était la grosse bagarre... On s'est perdu sur cette bataille mais ce n'est pas la fin du Tour, insiste le directeur sportif de la Groupama-FDJ Philippe Mauduit. Il faut qu'on en discute tous ensemble. Dans ces moments-là, c'est panique dans le peloton. Et quand on voit les coureurs qui terminent avec Thibaut..." A savoir Jakob Fuglsang, Rigoberto Uran, Richie Porte... autant de clients.

La fête est finie, on laisse tomber les rêves de victoire finale? "Il est difficile de ne pas penser qu’on a peut-être laissé passer la chance...", souffle Cyrille Guimard. "C'est une bataille de perdue, estime Philippe Mauduit. Il n'y a plus rien à y faire. C'est toujours le risque. Cela se passait plutôt bien mais on sait que c'est fragile et qu'à n'importe quel moment sur le Tour, il peut se passer des choses qui mettent en difficulté. Aujourd'hui, c'est pour nous."

Un piège qu'a su éviter Romain Bardet, loin au général et sans pression. "On savait que les fameuses transitions sont parfois les plus piégeuses, il y avait de la tension toute la journée, résume le coureur AG2R, 15e au classement général à 3'20. C'est vrai que des étapes comme ça peuvent faire de gros écarts. Il y a 21 étapes. Quand on me demande lesquelles je vise... Il y aura beaucoup plus d'écart aujourd'hui que sur certaines étapes de montagne."

Un coup "travaillé" par Ineos

Cette bordure fatale à Thibaut Pinot porte la marque des Ineos. Nicolas Portal se réjouissait à l'arrivée de la réussite de ce coup, qui plus est en veille de repos. "Tous les jours, on a un plan le matin. Le vent soufflait mais pas à une vitesse très forte. L'idée était d'être prêts, précise le directeur sportif. Il faut sentir la course et à un moment, on tente. On a un savoir-faire, une façon de travailler... Il faut reconnaître que dans certains domaines, on n'est pas mauvais. C'est vrai qu'1'40, cela fait mal, surtout sur une étape comme ça." Un coup de bambou.

"Si Ineos a remis les points sur les i? A vous de le dire! On n'avait pas besoin de les mettre. On était très bien où on était. Aujourd'hui on est content parce qu'on a créé quelque chose, on a travaillé." La voie est presque libre. Seul un irrésistible Français résiste encore et toujours à Ineos au général. C'est Julian Alaphilippe en jaune.

A.Bo