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Tour de France: "Voir ces scènes est insoutenable", le peloton attentif aux émeutes en France

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Depuis le Pays basque espagnol, les coureurs du Tour de France suivent les émeutes qui touchent de nombreuses villes françaises depuis la mort du jeune Nahel.

Même s’il n’est attendu en France que lundi, avec une arrivée programmée à Bayonne après deux étapes passées dans le Pays basque espagnol, le peloton du Tour a un œil sur ce qui se passe dans l’Hexagone. Depuis la mort du jeune Nahel mardi, lors d’un contrôle policier à Nanterre, des dizaines de villes sont devenues le théâtre de violences. Ces émeutes pourraient-elles avoir un impact sur la sécurité du Tour ? "Nous sommes en lien constant avec les services de l'État, comme chaque année, a répondu vendredi le directeur de l’épreuve, Christian Prudhomme. On suit la situation avec une grande attention." 

Ce samedi matin, peu avant le départ de Bilbao, le sujet s'est retrouvé au coeur des discussions au sein des équipes. "On en parle entre nous, a reconnu Bryan Coquard, le coureur de Cofidis. Chacun a son avis et ça reste dans le bus, mais bien évidemment que ça nous préoccupe. Après, pour l'organisation du Tour, on ne peut pas dire que ça ne nous inquiète pas, mais on n'a aucun pouvoir là-dessus, donc on verra ce qu'il se passera..." Une inquiétude partagée par son manager, Cédric Vasseur. 

"On a mal. Quand on voit les images, on n’imagine pas que ça puisse arriver dans son pays. On a l’impression de voir une série TV ou un film. Je pense que la situation est grave même si elle s'atténue, et je l'espère, pour les prochaines semaines. On a besoin d'apaisement. Il est temps de prendre la chose au sérieux. Là on n’est pas juste sur un phénomène. Voir ces scènes est insoutenable et insupportable", a-t-il confié, quelques heures avant le début de la première étape.

>>> La 1re étape du Tour de France en direct

"Oui, il y a de l'inquiétude"

Et d’ajouter : "Oui il y a de l'inquiétude parce que le Tour est forcément une cible. Je pense que c'est l'image de la France dans le monde. Quand on voit les images ce n'est pas ce qu'on a envie de montrer de la France. Là c'est le chaos total. Les gens mal intentionnés derrière ça n'ont pas peur d'essayer d'attaquer le Tour." Questionné par RMC Sport, Jean-René Bernaudeau, manager du Team TotalEnergies, s’est également dit "très malheureux". 

Prologue RMC du samedi 1er juillet 2023
Prologue RMC du samedi 1er juillet 2023
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"On est très, très proches de ce qui se passe. On est très malheureux, les institutions sont bafouées. On met le feu, on casse... Nous avons la chance d'être dans un pays libre où on peut s'exprimer mais des limites ont été dépassées. Je pense que la police demain peut baisser les bras et là ce serait très grave. Je soutiens fortement les institutions. On ne peut pas être rassurés avec des gens qui sont sans règle, je pense que la République doit reprendre le dessus", a-t-il souligné. Si le Tour n’est pas concerné par l’annulation de certains grands événements décidée par le gouvernement en réponse aux violences urbaines, les organisateurs et le peloton restent vigilants. 

"Le Tour n'a rien à voir avec tout cela, nous sommes là pour donner du plaisir, a insisté Jean-René Bernaudeau. Il ne faut pas se servir du Tour pour des mouvements qui nous concernent pas. Il y a eu un mort, c'est dramatique. Mais il y aussi des choses qui ne vont pas bien. Ça me touche beaucoup. Je ne suis pas inquiet parce que ce sont des gens qui jouent sur la peur. On ne touche pas au Tour donc j'espère que les moyens seront mis en place. La peur peut changer de camp." 

Marc Madiot, lui, s’est dit "désabusé". "Chacun doit rester à sa place, on est peu de choses par rapport aux faits de société que nous avons devant nous. Est-ce qu’on doit faire des appels au calme ? Ce n’est pas notre rôle, c’est celui du gouvernement", a commenté le manager de Groupama-FDJ. 

Rodolphe Ryo (à Bilbao)