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Une seule victoire, des surprises mais "pas un grand cru"... Quel bilan pour le Tour de France 2025 des Français?

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À moins d'une belle surprise ce dimanche sur les Champs-Élysées, la France bouclera ce Tour avec pour seule victoire d'étape le chef-d'œuvre de Valentin Paret-Peintre au Ventoux. Dans le top 10 du général, Kévin Vauquelin et Jordan Jegat réhaussent eux aussi un bilan mitigé.

Il est 19h42 ce dimanche et la France du vélo n’en croit pas ses yeux. Après s’être envolé au deuxième passage de la Butte Montmartre, dans une ambiance à en perdre ses tympans, au rythme de I Will Survive et des Lacs du Connemara, Julian Alaphilippe se présente seul en tête sur les Champs-Élysées. Personne dans le rétro. La dernière étape du Tour de France, redessinée en mini-classique parisienne, s'offre à lui. Mieux, le podium est complété par Valentin Madouas et Kévin Vauquelin, partis en contre à la flamme rouge pour un improbable triplé bleu-blanc-rouge. Voilà, peut-être, une idée de scénario qui donnerait une autre couleur au bilan des Français sur ce Tour. Car à l'heure de plier bagage dans la capitale, difficile de tirer des leçons très positives de cette édition 2025 malgré de belles surprises individuelles.

Le chef-d'œuvre de Paret-Peintre... et c'est tout

Un chiffre, d’abord : l’an dernier, les Bleus étaient repartis avec trois succès contre… un seul cette année, l’œuvre de Valentin Paret-Peintre. Alors qu’il n'était même pas prévu au départ de Lille en début de saison, le Haut-Savoyard (24 ans) a sauvé la patrie en levant les bras au Ventoux. Au moment où l’on redoutait un zéro pointé, comme en 1926 et 1999, le poids plume du peloton (50kg) a surgi pour débloquer le compteur au bout d’un suspense suffocant. Le reste ? Des accessits ici et là avec un podium pour Julian Alaphilippe - alors qu'il pensait avoir gagné la 15e étape à Carcassonne - et une pluie de tops 5 pour Anthony Turgis, Romain Grégoire, Bruno Armirail, Kévin Vauquelin ou encore Paul Penhoët.

Rien de comparable avec l’immense exploit réussi sur le Tour 2024 par Romain Bardet, vainqueur dès le premier jour en Italie et éphémère porteur du maillot jaune. Cette fois, pas de numéro de ce genre, ni même beaucoup de frissons. "Le cyclisme français se bat avec ses moyens. On ne peut pas reprocher à nos coureurs de ne pas tout donner. Ils essaient chaque jour. Mais sur une course aussi difficile que le Tour, la volonté ne suffit pas", tranche Cédric Vasseur, manager de Cofidis, qui peut s’attendre à finir fanny comme toutes les autres formations françaises. "Vouloir c'est une chose, pouvoir en est une autre. On a la volonté, on veut tous briller et rentrer dans la légende du Tour. Mais on se heurte à une course totalement folle, sans moment de répit. On a vu que ça pouvait batailler pendant trois heures avant de voir partir une échappée. Seuls les tops coureurs arrivent à se mettre en évidence sur ce Tour."

Les tops 10 inattendus de Vauquelin et Jegat

Au rang des satisfactions, citons l’épatant Kévin Vauquelin, un temps installé sur le podium et qui a prouvé qu'il était un coureur de Grands Tours du haut de ses 24 ans. Sauf catastrophe, le feu follet normand d’Arkéa-B&B Hotels bouclera son toboggan d’émotions à la 7e place du classement général. Trois rangs devant le Breton Jordan Jegat (TotalEnergies), dont la lente mais linéaire progression le mène à 26 ans dans le top 10 du Tour. "Kévin et Jordan ont été très, très solides. Et pour moi, le bilan global est plutôt bon, mais il aurait pu être meilleur. Quand on joue la victoire sur des étapes pour puncheurs, face à Mathieu Van der Poel et Tadej Pogacar, c’est compliqué de rivaliser. Romain Grégoire a fait de belles performances, mais il y avait des coureurs un peu plus rapides, un peu plus punchy… La concurrence au niveau mondial est très, très élevée", observe Pierre Rolland, double vainqueur d’étapes sur le Tour.

"On est souvent durs avec nos coureurs français et au final on s'en sort assez bien. On place deux coureurs dans le top 10, ce n'est pas rien ! Rappelez-vous ce qu'on disait avant le départ : personne ne parlait de faire un bon général, à part Guillaume Martin. Qui s'attendait à voir d'aussi belles choses de la part de Vauquelin et Jegat ? On ne peut pas avoir toutes les années un Tour où l'on gagne plusieurs étapes avec en plus le maillot jaune. Il ne faut pas être trop sévère", souligne Jérôme Coppel, consultant pour RMC sur le Tour. De cette cuvée, il faudra aussi se souvenir de la quête (inachevée) du maillot à pois de Lenny Martinez. Capable d’à peu près tout, de folles chevauchées comme de journées dans le gruppetto, le lutin de 21 ans de Bahrain-Victorious ne sera pas le meilleur grimpeur de ce Tour, mais il a au moins eu le mérite de tenter des coups.

"On est absent quand ça bastonne entre gros"

"Ça avait été très compliqué pour moi l’an dernier sur le Tour. Et j’avais un peu peur en arrivant cette année, j’espérais faire des bons trucs. Au final, c’est beaucoup mieux que l’an dernier, je sens que je progresse et je me fais plaisir. Une étape, c’était encore trop dur à aller chercher. C’était aussi trop compliqué face à Tadej (Pogacar) mais la lutte pour le maillot à pois a été stimulante", dit-il dans un sourire qu’on ne retrouve pas chez les équipes tricolores, hormis pour Arkéa-B&B Hotels et TotalEnergies. La faute à une succession d’occasions manquées, à l’image de la 11e étape chipée à Toulouse par Jonas Abrahamsen, qui avait poussé Marc Madiot à une petite soufflante contre ses troupes de Groupama-FDJ, coupables de ne pas avoir flairé le bon coup.

"Soyons honnête, le bilan est moyen", appuie Jérôme Pineau, consultant pour RMC. "On l'a vu, les Français sont absents quand ça bastonne entre gros. Et puis certaines équipes sont passées totalement au travers. Sans sa grosse chute samedi, Romain Grégoire aurait peut-être sauvé Groupama-FDJ, qui fait un petit Tour. Cofidis, c'est une catastrophe. Decathlon AG2R La Mondiale a été plus offensif et fait 5e du général avec Felix Gall. Mais franchement, ce n'est pas un grand cru..." Plus qu'une étape pour lui donner une saveure un brin meilleure.

Rodolphe Ryo, à Mantes-la-Ville