"Tu vois les voyous dans ton magasin et tu es impuissant": le désarroi de Jérôme Pineau, qui s'est fait dérober pour 100.000 euros de vélos

Deux réveils brutaux ont sorti Jérôme Pineau de son sommeil en moins d’un mois. Une première fois dans la nuit du 14 au 15 février, puis dans celle de lundi à mardi dernier, "entre 3h et 4h du matin". À chaque fois, son téléphone a ainsi sonné pour l’informer du déclenchement de l’alarme dans son magasin de vélos de la marque Specialized à Pornic (Loire-Atlantique), qu’il détient avec deux associés. "La première année il y avait eu quelques dysfonctionnements sur l’alarme donc tu te dis que c’est encore une erreur mais quand tu ouvres le téléphone et que tu regardes les vidéos, tu vois les voyous dans ton magasin et tu es impuissant", témoigne le consultant RMC Sport.
"Ils ont connaissance du prix des vélos et tapent ceux qui coûtent le plus cher"
Le système d’alarme qui détecte la présence d’intrus et les prend en photo ou vidéo a bien alerté Jérôme Pineau, ses associés et l’entreprise de sécurité qui a alerté la gendarmerie. Mais les malfaiteurs ont réussi à prendre la fuite avec leur butin: 15 vélos la première fois, 7 la deuxième pour un montant total estimé à 100.000 euros (60.000 euros la première fois et 40.000 cette semaine). La plupart sont des pièces neuves à l’exception de deux modèles placés en réparation par des clients.
"On vend tous types de vélos mais les deux fois, les malfaiteurs ont volé uniquement des vélos de route haut de gamme, les Tarmac", détaille le vainqueur d’une étape sur le Tour de France 2010. "Ils ont connaissance du prix des vélos et tapent ceux qui coûtent le plus cher. C’est pour ça que le préjudice est très élevé." Et ils sont prêts à tout pour cela. "Les premiers malfaiteurs ont découpé le bardage, sont passés par la réserve et ont découpé le placo", explique-t-il. "Les deuxièmes ont défoncé la porte d’entrée alors qu’elle était verrouillée, ferraillée avec deux barres de sécurité. On a suréquipé le magasin entre les deux vols mais ça ne les a pas empêchés d’agir. On nous fait payer de l’appareillage de sécurité en tout genre mais ça ne les empêche pas d’agir en toute impunité."
L’ancien manager de l’équipe B&B Hotels (2018-2022) se fait peu d’illusions sur le fait de retrouver ses modèles de luxe. "On a porté plainte, c’est la gendarmerie qui s’en occupe mais ils n’ont pas de moyens", explique-t-il. "Tous les moyens ne sont pas donnés aux forces de l’ordre aujourd’hui dans notre pays pour pouvoir intervenir sur ça. Encore moins dans notre région à Nantes, c’est une catastrophe."
Il signale des méfaits en pagaille dans la zone d’activités où il exerce avec des vols de voiture ou de matériel chez un maçon ou un vendeur de voitures, ses voisins. Il déplore plus généralement un problème "d’insécurité" dans la ville de Nantes et ses alentours. "On est trois associés, on est abattu, en colère, on travaille toute la journée, on a du mal parce qu’avec la politique actuelle, le pouvoir d’achat diminue", ajoute-t-il. "On a déjà du mal à boucler les fins de mois et en plus, on se fait voler. On ne peut rien faire et personne ne fait rien."
Malgré ce climat angoissant, le magasin reste ouvert en parallèle des démarches administratives pour tenter d’obtenir réparation. "On a encore beaucoup de vélos à vendre et on rachète des vélos pour pouvoir répondre au besoin de nos clients, mais c’est difficile", explique-t-il. "Il y a des assurances mais ce sont des enquêtes, des experts et ça prend du temps et on n’en a pas." Jérôme Pineau s’attache désormais à ne pas vivre de nouveau ce traumatisme. "On va renforcer la sécurité de nouveau, on va mettre un vigile, un chien, ce qu’il faut. Est-ce que ça suffira? Je ne sais pas. On redouble la sécurité dans le magasin et ce sont toujours les mêmes qui paient."