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Prudhomme : «Cancellara, seul contre tous !»

Christian Prudhomme

Christian Prudhomme - -

Directeur du Tour de France, Christian Prudhomme espère voir les Français briller dimanche sur les routes de Paris-Roubaix face à l’épouvantail Fabian Cancellara, le grandissime favori.

Cancellara, seul au monde en l’absence de Boonen ?

« La course va bien vivre sans Tom Boonen. C’est malheureux pour lui… Il est, avec Fabian Cancellara, le personnage central de Paris-Roubaix ces sept ou huit dernières années puisque sur les huit dernières éditions, il y en a quatre pour Boonen, deux pour Cancellara et deux autres (O’Grady et Vansummeren, ndlr). Cancellara, surtout après sa démonstration au Tour des Flandres, va être le personnage central. Mais ça ne veut pas forcément dire vainqueur. On n’a pas toujours une logique dans Paris-Roubaix, c’est même assez rarement le cas. Parfois un favori ou LE favori triomphe, parfois c’est un outsider. On peut très bien se retrouver dans ce cas de figure, parce que c’est un peu Cancellara seul contre tous. Ça veut dire que si les outsiders se liguent, il peut très bien ne pas gagner et on peut avoir une vraie surprise. »

Une chance française pour la victoire ?

« Il y a surtout plusieurs Français, une vraie densité qui n’existait pas ces dernières années. Voir cinq Français dans les vingt premiers du Tour des Flandres, avec Ladagnous 5e, Turgot 8e, Offredo qui n’est pas loin, Hinault qui s’est montré, Chavanel qui est là et qui a déjà fait 4e de Milan-San Remo… Donc quels Français dimanche ? Turgot, qui était 2e l’an passé, mais aussi Gaudin, le vainqueur du prologue de Paris-Nice qui a gagné Paris-Roubaix chez les Espoirs en 2007, et qui a fait de Paris-Roubaix son obsession en 2013. On a aussi Ladagnous, qui était avec Turgot l’an passé avant de crever à une dizaine de kilomètres de l’arrivée et de finir 12ème alors qu’il méritait mieux. Avec aussi peut-être Offredo, Hinault, évidemment Chavanel qui arrive sur la course dont il rêve. Il y a un vrai panel, mais la seule façon, à mon sens, de pouvoir battre un Cancellara d’exception, c’est la tactique du harcèlement, donc de se liguer, et dans les gens qui peuvent potentiellement se liguer contre lui, il n’y a pas que des Français. »

L’équilibre du parcours de Paris-Roubaix

« Ce qui compte, c’est le kilométrage et l’accumulation des secteurs pavés. On est toujours à 50-52, il y en aura un peu plus que l’an dernier cette année, mais c’est toujours un peu dans la même frange. Ce qui compte, c’est de modifier un chouia le parcours. Faire le même mais pas tout à fait. On reprend un secteur qu’on ne prenait plus car des travaux y ont été faits, comme le Pont Gibus, et on va en délaisser un autre. On change à la marge mais l’esprit reste le même. Même s’il y a des secteurs mythiques, comme la trouée d’Arenberg ou le carrefour de l’Arbre, ça reste l’accumulation des secteurs qui fait la différence. Il y a juste des petits aménagements au gré des travaux pour maintenir la légende et nous permettre à nous, organisateurs, de choisir un peu chaque année. »

Les années Jean-François Pescheux :

« Les années avec Jean-François Pescheux, c’est beaucoup de bonheur et de sourires. C’est un personnage magnifique, théâtral, extrêmement drôle. Au quotidien, c’est un vrai bonheur d’apprécier sa connaissance et sa passion invraisemblable pour le cyclisme mais aussi sa vie d’homme très agréable, qui a toujours un mot pour les uns et pour les autres, qui fait toujours rire. Il met beaucoup de convivialité dans une équipe. Pour parler de sa passion folle du vélo, il suffit de dire que les rares week-ends où il n’organise pas de courses avec nous, il va… suivre des courses de vélo. »

Propos recueillis par Jean Bommel