"Tout est beaucoup plus scientifique": la vertigineuse évolution du cyclisme constatée par Alberto Contador

Huit ans après l’arrêt de sa superbe carrière, Alberto Contador (42 ans) s’imaginerait bien au sein des pelotons actuels. Dans une interview à la Gazzetta dello Sport, l’Espagnol confie beaucoup apprécier la manière offensive et audacieuse d’aborder les courses de la nouvelle génération. "Ah, comme j'aurais aimé courir dans ce cyclisme, avec cette imagination et ces attaques continues, même de loin", s’emballe-t-il. "Et parfois, quand je suis sur les courses et que je vois une côte, je me dis: ‘Ah, je ne suis plus en forme, mais c'était juste pour moi… J'imagine que je suis toujours dans la course’."
"Aujourd'hui, des patchs mesurent le temps qu'un gel met à atteindre le corps"
Ce n’est pas la seule différence qu’il remarque avec le cyclisme de son époque, du début des années 2000 jusqu’au milieu des années 2010. Le vainqueur des trois grands Tours (dont deux fois le Tour de France) remarque un suivi bien plus poussé et scientifique des coureurs. Il le vit à travers son équipe Polti VisitMalta dont il est directeur général avec son frère Fran et l’ancien coureur Ivan Basso, et ses activités de consultant pour Eurosport.
Qu’est-ce qui fait la plus grande différence dans ce cyclisme? "L'alimentation, avant tout, et la récupération", répond le natif de Madrid. "Avant, je mangeais des barres et des gels, mais aujourd'hui, la nutrition est incroyable. Je ne pesais jamais ce que je mangeais sur la balance, mais je ressentais mon corps et je savais ce dont il avait besoin."
"Aujourd'hui, ils s'entraînent avec des patchs qui mesurent la glycémie pour déterminer l'absorption d'un gel, ils étudient le temps qu'il met à atteindre le corps, ils mesurent la température cutanée pour comprendre le fonctionnement du cœur, ils connaissent la température optimale pour stimuler la récupération: tout est beaucoup plus scientifique", synthétise le "Pistolero". "Je faisais partie d'une grande équipe de 70 personnes, aujourd'hui, nous sommes plus de 100. Je ressentais mon corps, et c'était merveilleux, c'étaient mes sensations, on pouvait avoir plus ou moins de sensibilité, et cela faisait la différence. Aujourd'hui, tout est calculé: ça va au-delà des chiffres."