Crise des droits TV: Beye craint que la Ligue 1 tombe dans "l'anonymat"

La médiation n’aura servi à rien. Sitôt le processus achevé, le diffuseur de la Ligue 1 DAZN et la Ligue de football professionnel (LFP) se sont entendus sur un désaccord, entérinant un conflit qui perdure et qui ne semble pas pouvoir trouver d’issue dans l’immédiat. L’horizon est bouché et l’avenir incertain pour des clubs sortis exsangues de ces luttes intestines.
Un accord à l’amiable n’ayant pas été trouvé dans le cadre de ce divorce douloureux entre DAZN et la LFP, le contentieux perdure, et avec lui le risque que l’engrenage soit fatal à certains clubs, dont la santé financière dépend directement du montant des droits TV versés, si d’aventure les dernières traites ne devaient pas être dûment payées. Sans compter les interrogations soulevées par la volonté affichée par le diffuseur principal de tout arrêter dans les conditions actuelles, sur la diffusion du championnat de France la saison prochaine.
"Il faut que les décisions soients prises"
"Ce n’est pas le coach que je suis qui est inquiet, c’est l’amoureux du foot, l’amoureux de la Ligue 1 et du football en général, a confié l’entraîneur du Stade Rennais Habib Beye, ce mercredi en conférence de presse. C’est ce que je vous ai dit la dernière fois qu’on a eu cette discussion. Le plus important pour moi, c’est que la Ligue 1 soit valorisée, qu’elle soit vue, que la Ligue 1 soit un magnifique produit à diffuser, peu importe qui le fait. Je ne suis pas là pour définir qui va diffuser, comment ça doit être vendu, je n’ai pas ces compétences."
"Ce qui est sûr, c’est qu’on a un magnifique championnat avec de véritables talents. On a une équipe qui nous représente sur la scène européenne, qui fait de magnifiques choses, il faut absolument que cette Ligue 1 soit valorisée par le diffuseur, valorisée par le produit, valorisée par les joueurs, valorisée par les entraîneurs, le contexte environnant, mais cette Ligue 1 ne peut pas tomber dans l’anonymat. Et il ne faudrait pas que ce soit le cas à un moment donné. Il faut que les décisions soient prises. Mais l’amoureux que je suis veut faire briller la Ligue 1. J’espère qu’elle continuera de briller et qu’elle sera exposée le plus possible."
Les nombreux points d'interrogations
Détenteur de huit affiches par journée de championnat jusqu’en 2029, DAZN est lié à la LFP par un contrat portant sur 400 millions d’euros annuels (BeIN Sports diffuse un match par journée moyennant 100 millions d'euros par an). Si rien ne bouge, DAZN reste tenu d’honorer son contrat et donc d’assurer la diffusion des matchs la saison prochaine. Mais le diffuseur principal n’a pas l’intention de procéder ainsi, et de poursuivre la diffusion des matchs, en tout cas pas dans les conditions actuelles.
S’estimant lésée par le produit, la plateforme cherche à obtenir gain de cause a déjà déposé un recours contre la Ligue devant le Tribunal des activités économiques de Paris. Le diffuseur réclame 573 millions d’euros pour "manquement observé" et "tromperie sur la marchandise".
Si la Ligue devait récupérer ses droits et acter une nouvelle séparation prématurée après le fiasco Mediapro, le projet d’une plateforme créée par la Ligue et distribuée le plus largement possible sur les fournisseurs d'accès internet et via Canal+ notamment ferait immanquablement son retour sur le devant de la scène.
Ce sujet crucial devrait bientôt occuper les journées de Nicolas de Tavernost, nouveau directeur général de LFP Media. En attendant, le football français n’a pas fini de trembler.