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OM: le best-of de l'entretien avec Medhi Benatia sur l'affaire Rabiot-Rowe

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Directeur du football à l’Olympique de Marseille, Medhi Benatia s’est confié ce mercredi à RMC Sport après la déflagration de l’affaire Rabiot-Rowe dans le vestiaire phocéen. En voici les meilleurs moments.

Après une violente altercation dans le vestiaire dans la foulée de la défaite contre Rennes en ouverture de la saison de Ligue 1, Adrien Rabiot et Jonathan Rowe ont été tous les deux placés sur la liste des transferts par l’OM. Medhi Benatia est venu expliquer la position du club auprès de RMC Sport ce mercredi. Une séquence à retrouver dans le podcast ci-dessous et dont voici les moments forts.

Exclu RMC: les vérités de Medhi Benatia sur l'affaire Rabiot-Rowe
Exclu RMC: les vérités de Medhi Benatia sur l'affaire Rabiot-Rowe
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"Il n'y a pas eu d'excuses"

"Moi, si j'étais un joueur de foot dans cette équipe, ça ne me plairait pas de savoir qu'un dirigeant de mon club est capable d'aller relayer ce qui se passe dans notre vestiaire. Le vestiaire c'est sacré et c'est pourquoi on a essayé avec toute notre force… Et je pense que vous le savez bien, et les autres journalistes aussi le savent… Sur les 24-48 heures qui ont succédé, donc, à cet épisode malheureux, on a essayé de calmer un petit peu les choses, d'expliquer qu'il y a eu, oui, des débordements, oui des échauffourées, mais qu'il ne fallait pas non plus en faire une affaire d'État.

Peut-être tout simplement demander pardon, pardon au club, pardon au coach et pardon, surtout, pour l'image et pour tout ce qu'on a dû endurer sur ces 48 heures.

Parce qu'on espérait fortement que ces deux jours off qu'on a laissés à l'équipe, malgré la défaite, malgré tout ce qui s'est passé, permettent aussi aux joueurs concernés de réfléchir un petit peu par rapport à ce qui s'est passé.

Et de peut-être tout simplement demander pardon, pardon au club, pardon au coach et pardon, surtout, pour l'image et pour tout ce qu'on a dû endurer sur ces 48 heures. Il n'y a pas eu d'excuses de ce côté-là aussi bien le samedi que le dimanche et on a convoqué les deux joueurs avec Pablo le lundi dans l'après-midi avant qu'on explique dans une réunion avec la présence du coach, de tous les joueurs, de Pablo et moi-même, qu'on explique donc les sanctions qu'on avait décidé de prendre à l'encontre de ces deux joueurs-là."

Que s’est-il passé dans le vestiaire après Rennes-OM?

"Je n'ai pas la volonté aujourd'hui de vous dévoiler tout ce qui se passe dans mon vestiaire. Parce que c'est quelque chose que je prendrais mal si j'étais joueur. Ce n'est pas correct. Ce que je peux vous dire c'est qu'il y a des joueurs cadres qui sont rentrés frustrés, qui ont commencé à faire des réflexions aussi à l'ensemble de l'équipe, sur la défaite, sur le comportement, qu'on doit faire plus, on est à l'Olympique de Marseille, tu ne peux pas te permettre d'aller perdre comme ça contre une équipe à 10 contre 11 depuis une heure, etc. Donc jusque-là, bon, c'étaient des mots et après ça a commencé à monter un peu dans les tours, ça se lève… Vous savez comment ça se passe dans un vestiaire, ça se lève, ça crie, là il y a toujours normalement deux, trois mecs qui viennent, qui séparent.

C'est ce que certains ont essayé de faire. Le coach arrive, moi j'étais présent, normalement tu reprends ton calme, le coach prend la parole. Iil reste encore des matchs et la saison vient de démarrer. Là non, on est parti sur des affrontements physiques, coups de poing. On a un petit (Bakola) qui en plus à ce moment-là fait une sorte de malaise vagal, qui tombe par terre, et tout ça dans un vestiaire... Une scène de chaos, moi je n'ai jamais vu ça. J'ai fait, je ne sais pas, 17-18 ans de vestiaire, je me suis disputé en tant que capitaine. Dans des clubs, on peut avoir des échanges des fois un peu houleux. Des réflexions que peut-être que tu peux un peu mal prendre après une défaite, ça arrive. On dit que ce n'est jamais trop bon de parler à chaud, que c'est mieux d'attendre le lundi matin, etc. C'est la vérité, mais ceci dit, ça arrive de monter un petit peu dans les tours. Mais tu ne peux pas arriver à une agression physique, un coup de poing dans la bouche et machin, et truc, et la sécurité qui vient pour te séparer, mais on est où? On est là pour faire du football."

"Il faut savoir prendre des décisions qui vont peut-être t'affaiblir sportivement"

"Quand tu veux être une institution forte et quand tu veux être un club fort, il faut savoir prendre des décisions qui vont peut-être t'affaiblir sportivement, certes, mais te renforcer en tant que groupe, en tant qu'équipe et en tant qu'institution.

Parce que je vous répète, Jonathan Rowe va partir et peut-être que j'aurais aimé que ça se fasse de façon différente. Peut-être que j'aurais pu moi aussi optimiser peut-être le transfert, on ne sait jamais. Mais en tout cas, ça ne m'arrange pas, ce qui sort dans la presse. On a déjà Paixao, vous allez me dire que footballistiquement, on l'a remplacé, oui certes, mais on n'avait pas prévu que ça se finisse comme ça. Et un joueur comme Adrien Rabiot, ne pensez pas aujourd'hui que je vais vous dire: 'Florent, oh ne vous inquiétez pas, je vais trouver un joueur plus fort que Rabiot en dix jours de mercato.' Ce n’est pas vrai. Je sais très bien le poids qu'a eu Adrien Rabiot sur notre saison, je l'ai dit et répété. Au-delà de l'homme extraordinaire qu'il est, il y a aussi le joueur qui est fabuleux et qui nous a porté l'année dernière.

Et ça, je ne l'oublierai jamais et ça n'empêche d'ailleurs en rien ce que je pense de lui, même moi humainement. À un moment donné, je pense que tous les êtres humains peuvent être amenés à se tromper, à avoir des agissements parfois où tu vas à la faute. Mais là, la faute est beaucoup trop grave. Elle est beaucoup trop grave pour un club de foot. Moi, je voyais la tête des joueurs, ils étaient choqués. J'ai des agents qui m'ont rappelé depuis trois jours. Les joueurs, ils disent 'on n'a jamais vu ça'."

Pas un laisser-aller mais "tout est discuté"

'est clair qu'il y a un contexte depuis un mois, un mois et demi qu'on est partis avec beaucoup de… Comment on appelle ça, pas du laisser-aller parce qu’on ne laisse rien aller. On est derrière tous les jours. Mais où à chaque fois que tu mets un règlement intérieur. L'année dernière on a eu beaucoup de blessures. On a mis en place des checks médicaux. Ce sont des exemples, mais c'est important dans le football. On a mis des checks médicaux, donc quotidiennement les joueurs viennent se faire checker avant la séance. Mais tu as des joueurs qui viennent et qui te disent 'mais non mais pourquoi des checks, on n'a pas envie nous'. Vous voyez ce que je veux dire, ce sont des choses de football aussi, si on veut rentrer dans les détails.

Et cette année, on a l'impression que parce qu'on s'est qualifiés en Ligue des champions, tout est discuté. Tout. Pourquoi la réunion c'est ça? Pourquoi c'est pas ça? Pourquoi le voyage c'est comme ça? Pourquoi le check médical? Et nous on a dit: 'oh les gars, ce qu'on fait c'est pour votre bien.

Sauf qu'ici, il y a tellement de passion, tellement d'amour que peut-être que certains joueurs ont pensé qu'on pouvait se permettre d'arriver un petit peu en retard, de faire ci, de faire ça, et on a combattu ça depuis le début, depuis la reprise, depuis juillet. Et ça, ce n'est pas que pour Rabiot ou Rowe, pas du tout, je parle de manière assez générale. Et quand on a exigé que toutes ces amendes soient réglées au capitaine Balerdi avant le départ à Rennes, ça n'a pas été fait non plus. Et tu arrives à Rennes, le premier match de la saison dans un contexte qui pourtant était très favorable, un mercato qui était positif, tu avais gardé tes meilleurs joueurs et tout était bien. Et tu arrives à ce genre de bagarre, parce qu'en réalité, c'est une bagarre. On a donc décidé de prendre des sanctions qui étaient certes fortes, mais quand il y a des comportements comme ça, tu ne peux pas laisser passer.

"J'avais de l'affection et j’ai de l'affection pour Adrien Rabiot"

"Je ne me permettrais jamais de dire l'enfant terrible Rowe ou l'enfant terrible Rabiot. Ce n'est pas vrai. Ils ne nous ont jamais causé le moindre problème ici. Adrien, c'était plus qu'un leader, c'était pour nous en tout cas, comme vous avez dit, ce maillon fort de l’équipe, aussi bien humainement et aussi bien sur le terrain. Moi, encore plus, j'avais, au-delà du respect, j'avais de l'affection et j’ai de l'affection pour Adrien Rabiot. Ça ne va pas changer, ça.

C’est pour ça qu'on a d'autant été plus choqués que ça arrive avec un joueur comme ça. Ça aurait pu arriver avec un ou deux, t'aurais dit 'Put***'. On va sanctionner pareil de toute façon mais on a toujours su qu'il était un peu bancal. Là non, non. Non, moi je ne vais jamais remettre en question ni le professionnalisme, ni le joueur. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit parce que je ne le dirai pas et parce que ce serait un grand manque de respect. Je n'oublierai jamais les sacrifices qu'il a fait à Adri' pour venir, je le sais très bien ce qu'il s'est dit quand je l'ai appelé parce que c'est moi qui l'ai appelé et vous la savez. Donc je sais très bien les efforts qu'il a fait, je sais très bien les offres qu'il a reçues cet été et qu'il n'a même pas pris en considération parce qu'il se voyait vraiment rester. Et nous, plus que lui donner trois ans de contrat avec un des meilleurs contrats du club, etc. On ne peut pas faire plus que montrer tout l'attachement et l'affection qu'on avait pour lui. Par contre, quand il se passe ce genre de choses, c'est peut-être un cas isolé, c'est un acte isolé. Mais c'est quelque chose de trop grave pour passer à côté.

La réponse à l’avocat du clan Rabiot qui a des "doutes" sur la version de l’OM

"Je ne sais pas quoi répondre à ça. On lui a mis une offre sur la table depuis plus de deux mois et demi, qui était… Je ne sais même pas si quelqu'un à l'Olympique de Marseille a déjà gagné ce salaire-là. Mais on a fait une offre de contrat qui était juste par rapport au niveau du joueur. Attention, il l'a mérité. Mais qui était pour vraiment le mettre, encore une fois, dans le top top de notre projet, tout en haut. Donc, aujourd'hui, se dire qu'on va perdre Adrien Rabiot à dix jours de la fin du Mercato, pour ramener qui ? Au moins au niveau que Rabiot. Je ne dis pas plus fort, parce qu'il n'y a pas… Mais au moins au niveau…

Moi, depuis le début, je dis, avoir Adrien Rabiot dans cette forme-là, à cet âge-là, dans ces conditions-là… Parce que quand je dis qu'il a fait des vrais sacrifices, il a fait des vrais sacrifices. Il n'a pas du tout un salaire aujourd'hui qu'il nous met en porte-à-faux. Non, non, il a fait des vrais sacrifices. C'est une anomalie. C'était une anomalie de signer Adrien Rabiot à l'OM après ce qu'il a fait à la Juventus. Et j'étais très heureux de ça. Mais ça, ça n'excuse pas tout. Ça n'excuse pas tout. Il y a des règles pour tout le monde dans le club. Et tu ne peux pas, comme je l'ai dit, regarder à la tête du client. Bon, si c'est lui, je ferme les yeux. Si c'est lui… Non, non. Parce qu'après, tu as plein de mecs à gérer. Tu ne peux pas te permettre de réagir différemment en fonction de qui est le joueur ou pas. Tu ne peux pas travailler comme ça dans le football."

Peut-il y avoir un retour en arrière?

"Non, non, nous on n'est pas sur ça, on a pris la décision. Donc aujourd'hui, je pense que… même l'avocat, on a écouté un petit peu mardi, il a dit clairement qu'aujourd'hui ils se considèrent sur la liste des transferts. Donc il n'y a pas de soucis. On trouvera ou pas un arrangement, mais en tout cas aujourd'hui ça n'a jamais été une éventualité en tout cas de faire marcher en arrière.

[Et si vous ne trouvez pas de club à l'offre que vous attendez, parce que comme vous dites-vous n'allez pas brader Adrien Rabiot, est-ce que vous pourriez le réintégrer dans l'effectif ou au contraire, il sera impossible de le voir jouer cette saison avec l'OM?]

Florent, la seule chose que je peux vous dire c'est que ce sont deux top joueurs. Un qui est un peu plus jeune et un qui est déjà très très confirmé. Et que depuis mardi qu'il s'est passé tout ça, le téléphone n'arrête pas de sonner. Je pense que le sien aussi, le nôtre aussi, donc je ne pense pas qu'on va avoir du mal à trouver en tout cas un top club qui sera très content d'accueillir Adrien et un bon club qui sera content aussi d'accueillir un Jonathan Rowe et lui donner peut-être plus d'espace en tout cas de temps de jeu et le développer. Sachant que c'est lui aussi pour moi une belle promesse dans le football."

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