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Dembélé, Hakimi, Vitinha... La course au Ballon d'or peut-elle pourrir le début de saison du PSG?

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Alors que les débats autour du Ballon d’or divisent le public à l’approche du verdict (22 septembre), un sentiment semblait prédominer dans le vestiaire du PSG: Ousmane Dembélé le mérite. Mais avec 9 parisiens dans les 30 nommés, certains de ses coéquipiers peuvent légitimement y prétendre compte tenu de leur saison. Et la sortie d'Achraf Hakimi, qui "estime le mériter plus qu'un attaquant", peut-elle finir par diviser le vestiaire parisien?

"Celui qui le mérite, c'est Ousmane." Depuis la finale de la Ligue des champions, tous semblaient tirer dans le même sens au PSG dans la quête de Ballon d'or. Uni en bloc derrière Dembélé, à l'image de cette sortie de Vitinha au coeur de l'été. L'enjeu est de taille: parler d'une seule voix pour éviter un éparpillement des votes pro-parisiens qui pourrait profiter à Lamine Yamal.

Au sein du vestiaire parisien, le sujet ne semblait susciter aucun malaise jusqu'ici. Et dans cette bataille annoncée avec le jeune prodige barcelonais, la plupart des joueurs voteraient volontiers pour l'attaquant français s'ils le pouvaient, comme l'écrivait RMC Sport dès le 8 août. Ce qui n'empêche pas certains de ses coéquipiers de nourrir le rêve personnel du gain du Ballon d'or, décerné le 22 septembre prochain à Paris.

La voix dissonante d'Achraf Hakimi, qui ce week-end, clame le mériter aussi au vu de "sa saison historique" pour un défenseur, peut-elle être le petit grain de sable venu enrayer la mécanique collective parisienne?

"Je ne comprends pas pourquoi le PSG a décidé de mettre en avant un joueur"

Sur son bus à impériale, au lendemain de la démonstration face à l’Inter en finale de la Ligue des champions (5-0), Marquinhos s’emparait du micro: "Ousmane Ballon d’or", "Ousmane Ballon d’or", s’était époumoné le capitaine heureux. "Mais moi, si j'avais été capitaine, j'aurais dit: 'Dembélé Ballon d'or', puis 'Hakimi Ballon d'or', 'Vitinha Ballon d'or', 'l'équipe Ballon d'or'", liste Kévin Diaz, dimanche dans l'After Foot sur RMC.

"Là, ils se créent des tensions normales, parce qu'ils ont très mal communiqué là-dessus. (...) Je ne comprends pas pourquoi le PSG, dans une année où le collectif a été glorifié comme jamais peut-être dans l'histoire du foot, a décidé de mettre en avant un joueur", questionne le consultant.

Le PSG, conscient qu'un partage des voix pourrait hypothéquer ses chances de trophée, avait d'abord poussé Dembélé. En interne, mais aussi publiquement par la voix de son président Nasser Al-Khelaïfi. "La saison d'Ousmane a été magnifique. Ca ne fait aucun doute. S'il ne le gagne pas, il y a un problème", avait estimé le président le 4 juillet dernier en pleine Coupe du monde des clubs.

Hakimi ne pensait pas à mal

Une mise avant d'un seul joueur méritée, et d'abord assumée - à l'instar de lobbying qu'ont pu faire par le passé le Barça ou le Real -, au sortir de la seconde partie de saison monumentale du numéro 10. Mais ce parti pris aurait-il pu finir par titiller Achraf Hakimi, légitime lui aussi? Le Marocain, dont la sortie sur Canal + a suscité des commentaires à Paris, ne pensait pas à jeter un pavé dans la marre parisienne en estimant mériter tout autant la récompense suprême.

"Les statistiques que j’ai eues cette année, ce ne sont pas celles d’un défenseur normal. Je pense que quand un défenseur fait ça, il mérite plus qu’un attaquant", analysait factuellement le latéral marocain, dimanche. Qui reçoit la défense de Walid Acherchour sur RMC: "Hakimi est candidat (au Ballon d'or). Il a une communication avec cette interview à Canal +. Il ne va pas dire: 'Non, non, moi je ne le mérite pas'", tempère-t-il.

Selon Le Parisien, les propos du joueur formé au Real Madrid n’ont toutefois pas plu au club, ne correspondant pas à la ligne fixée depuis deux ans de mettre en avant le collectif. Toutefois, on continue de le marteler à Paris: aucune division n'est venue gangréner l'équilibre du vestiaire, si précieux pour donner vie à cette saison historique. "NAK", lui, mettait déjà un peu d'eau dans son vin jeudi au Campus Poissy, précisant cette fois que "tous les joueurs" méritent le Ballon d'or.

Diviser pour mieux gérer?

Reste que cette sortie hakimienne - que le club de la capitale aurait tenté de faire supprimer dans l’interview télé, ce que dément le PSG - a surpris dans l’entourage professionnel de Dembélé, raconte L’Équipe. Qui cite l'entourage pour écarter toute controverse: "Ousmane est totalement concentré sur son début de saison. On ne veut entrer dans aucune polémique. Le plus important pour nous reste le collectif et Ousmane a apprécié les marques de soutien de ses partenaires. Pour le reste, chacun est libre de son discours. On n’a pas vocation à interpréter les prises de positions des uns et des autres".

Dans ce jeu d'équilibriste qui tiraille parfois les clubs et leurs stars, une solution pourrait-elle être alors de splitter le Ballon d'or en deux récompenses, un un Ballon d'or défensif et un Ballon d'or offensif, comme l'a suggéré Roland Courbis? "Le Ballon d'or est le trophée le plus con et injuste de la planète. L’anomalie, c’est qu’il a été inventé par des gens intelligents. C’est un trophée qui a été lancé en 1956, ils ont eu le temps de progresser mais… Aujourd’hui, on est sur le règlement le plus con du monde", lâchait l'ex-entraîneur, dimanche dans les Grandes Gueules du Sport sur RMC.

Avant de conclure avec honnêteté, et de remettre une pièce dans la machine: "Moi, je suis très content si Dembélé remporte le Ballon d’or. Mais il ne faut pas que je me mette à la place de Hakimi…".

Romain Daveau Journaliste RMC Sport