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Banderoles pro-direction, troupe de théâtre pour mettre l'ambiance et contrer la grève des ultras... Que s'est-il passé dans les tribunes de la Meinau lors de Strasbourg-OM?

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Alors que les ultras strasbourgeois avaient décrété une grève des encouragements durant tout le match Strasbourg-OM (1-2), vendredi soir en Ligue 1, la tribune Est face à eux s'est montrée particulièrement active et bruyante pour soutenir l'équipe. Avec, a-t-on appris, un coup de pouce de la direction qui a tout fait pour que l'ambiance soit au rendez-vous.

"Tous unis derrière notre club. Président, capitaine, joueurs et staff!" Les banderoles déployées en tribune Est - face aux ultras strasbourgeois muets - vendredi soir à la Meinau contre l'OM ont surpris quelques-uns de ces derniers. Malgré la grève des encouragements décrétée par quatre groupes, en opposition à la direction sur la question de la multipropriété, l'enceinte alsacienne a en effet poussé derrière son équipe et donné le ton dès l'avant-match, des drapeaux bleus et blancs flottant dans les travées de la Meinau. Tambours, chants, "Emegha" scandés lorsque l'attaquant strasbourgeois restait au sol: l'impression d'une communion avec une bonne partie du stade était là, quand la majorité de la tribune Ouest - celle des ultras - restait elle quasi silencieuse. Mais, d'après nos informations, ce soutien populaire a, en coulisses, été largement facilité par le club.

Pour que la Meinau donne de la voix contre Marseille, la direction n'a pas hésité à mettre les moyens. Une troupe de théâtre locale, "Les Improvisateurs", était notamment présente en tribunes. Maillots du Racing sur le dos et mégaphone en mains, ses membres étaient là pour mettre l'ambiance et faire oublier, en quelque sorte, le mutisme des ultras de la tribune Ouest. Ces comédiens, animateurs d'un soir, avaient même reçu une note... afin de lancer des chants tous les quarts d'heures. Des chants pas franchement connus des intéressés, qui ont donc pour certains laissé le mégaphone à d'anciens capos présents à proximité. Le club avait même envoyé l'un de ses salariés dans la tribune pour vérifier que l'ambiance était bien au rendez-vous. "Vous pouvez le laisser lancer les chants", aurait-il lancé à un intermittent du spectacle en évoquant un ancien capo. "Il gère".

Au club, on reconnaît la présence d'une troupe d'improvisation, mais assure que la majorité des associations de supporters va dans son sens

La provenance de la fameuse banderole pro-direction a également étonné certains membres d'associations de supporters silencieuses. "La typographie, la qualité de la banderole, on se doute que c'est une banderole faite par le club. Ça nous fait bien rire quand on entend ensuite le coach dire que 99% du stade était derrière l'équipe", raille l'un d'eux. Et ce même si trois autres associations revendiquent en être à l'origine, dont les Racing Girls, groupe dont la proximité avec Sabryna Keller, la femme du président Marc Keller, est connue. "Tant pour l'idée que pour le texte, cette banderole est notre initiative", assure-t-on de leur côté. "Le club y a participé de manière indirecte, comme il le faisait déjà par le passé."

Au sein du club on indique que l'initiative vient des Racing Girls et que leur position n'est pas isolée, puisque 10 associations de supporters sur 14 auraient fait part de leur volonté de soutenir l'équipe, se dissociant ainsi de la position des ultras. Sur la question des "ambianceurs" des tribunes, le club reconnait là que les personnes aperçues avec une accréditation autour du cou étaient bien membres d'une troupe d'improvisation, mais que l'initiative venait de leur côté, et non de la direction. En assurant surtout que tout le monde a agi bénévolement, sans que personne ne soit payé.

Clément Brossard