Coupe du monde 2022: des milliers de travailleurs étrangers expulsés du centre de Doha avant l'arrivée des touristes

Les autorités ne démentent pas, mais minimisent. Selon Reuters, des milliers de travailleurs étrangers ont été expulsés cette semaine de leur domicile à Doha. Les immeubles concernés, plus d'une douzaine, se situent dans des quartiers de la capitale où sont attendus de nombreux touristes pour la Coupe du monde 2022 de football (20 novembre-18 décembre).
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Des expulsés seraient sans solution de relogement et contraints de dormir dans la rue. "Nous n'avons nulle part où aller", a anonymement témoigné un travailleur s'apprêtant à passer une deuxième nuit dehors.
Mercredi soir, dans un bâtiment abritant 1.200 personnes, l'avis d'expulsion n'aurait été communiqué que deux heures avant la venue des autorités pour forcer les habitants à s'en aller et pour verrouiller les accès. L'électricité aurait même été coupée. Certains n'auraient pas eu le temps de récupérer leurs affaires.
Les expulsions auraient ciblé des hommes vivant seul, notamment des Africains et des Asiatiques. Les ouvriers avec des familles ne seraient pas concernés.
Le gouvernement assure que "tout le monde a été relogé"
Un responsable du gouvernement qatari affirme à Reuters que ces expulsions ne sont pas liées au Mondial. Selon lui, elles répondent à des "plans globaux et à long terme" de réorganisation de la ville et notamment à une loi qatarie qui interdit les "camps de travailleurs" dans les zones résidentielles familiales. "Tout le monde a été relogé dans des logements sûrs et appropriés", selon ce même responsable, qui assure aussi que des préavis raisonnables ont été transmis.
L'arrivée massive de travailleurs étrangers a permis au Qatar de préparer les infrastructures nécessaires à l'un des plus grands événements sportifs au monde. Il a fallu construire de nouvelles routes, un nouvel aéroport, un réseau ferroviaire sur mesure et sept nouveaux stades. Selon Amnesty International, ces travailleurs migrants originaires notamment du Bangladesh, du Népal et d'Inde ont reçu des salaires de misère et travaillé dans des conditions extrêmement précaires. L'Organisation internationale du travail (OIT) a dénombré cinquante travailleurs de la Coupe du monde morts en 2020 et des centaines d'autres blessés.
Human Rights Watch et Amnesty International ont appelé le Qatar et la Fifa à créer un fonds d'indemnisation pour les ouvriers victimes des chantiers du Mondial, doté de 440 millions de dollars, soit l'équivalent des dotations sportives promises aux 32 sélections alignées. Le Qatar affirme de son côté avoir mené de nombreuses réformes ces dernières années et son dirigeant, Sheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, s'est insurgé cette semaine contre les "fabrications et les doubles standards" dans ce qu'il a décrit comme une "campagne sans précédent" de critiques depuis que le pays a obtenu la Coupe du monde.