France-Maroc: "L’impression que mon cœur va s’arrêter", Imen Es à fond derrière les Lions de l’Atlas

Elle se balade partout avec son iPad depuis trois semaines. Pour être sûre de ne rien rater de l’épopée du Maroc à la Coupe du monde 2022. Entre son fief familial de Seine-Saint-Denis et ses déplacements professionnels à l’étranger, Imen Es suit avec passion le parcours historique des Lions de l’Atlas au Qatar. "Je suis trop fière, même s’il y a pas mal de pression à chaque match", souffle la chanteuse de 24 ans. Née à Sevran (en région parisienne), un mois avant le sacre des Bleus en 1998, Imen est issue d’une famille originaire de Meknès. Depuis toute petite, elle se rend au nord du Maroc durant les vacances, pour voir ses proches et se ressourcer. De quoi créer un lien solide avec le royaume chérifien.
Au point d’être à fond derrière les joueurs de Walid Regragui, qui ont atteint les demi-finales du Mondial en éliminant l’Espagne en 8es de finale (0-0, 3 tab à 0) et le Portugal en quarts (1-0): "Le fait d’arriver jusque-là, c’est déjà une victoire pour le Maroc. C’est une première donc on est trop contents. On a sorti de grandes équipes, ce n’est pas donné à tout le monde. Ça nous a surpris, parce que des fois, on est un peu défaitiste. Mais en vrai, il faut toujours croire en son pays."
"Je peux te dire que les voisins m’entendent bien"
Scotchée devant son écran à chaque rencontre, Imen Es tremble de tout son corps jusqu’au coup de sifflet final. "Pendant le match, je ne parle pas et dès que le ballon arrive près des cages, je commence à paniquer. J’ai l’impression que mon cœur va s’arrêter. Je suis en crise d’épilepsie, limite (rires). Heureusement qu’on n’a pas de problème de cœur chez nous, parce que je pense qu’on aurait tous fait un malaise sinon. Et puis quand il y a un but, déjà que j’ai une voix qui porte, je peux te dire que les voisins m’entendent bien!"
De Sevran à Aulnay-sous-Bois, en passant par Villepinte, beaucoup affichent leur solidarité avec le premier pays africain présent dans le dernier carré d’un Mondial. "J’ai l’impression que tout le monde soutient le Maroc, parce que c’est la seule équipe de l’Afrique. Tout le monde est devenu un peu marocain et nous donne de la force", apprécie Imen, qui croule sous les messages de félicitations ces derniers jours. Ses fans l’inondent de drapeaux rouge et vert. Ses amies lui envoient des cœurs et des poings serrés. La chanteuse Lyna Mahyem, d’origine algérienne, lui a d'ailleurs témoigné sa solidarité maghrébine.

"Je me dis que la France l’a déjà remportée"
Dans l’euphorie ambiante, l’artiste du 93 ne souhaite pas mettre en avant un joueur plus qu’un autre: "Franchement, c’est toute l’équipe. Il y a Ziyech, Amrabat, Hakimi… Bounou, c’est notre sauveur. Pour moi, ça devrait être le capitaine carrément. C’est notre héros." Un héros que son frère est parti célébré au bled, pour être au cœur de la ferveur. A défaut de pouvoir se rendre au Qatar (en raison de son agenda chargé), Imen sera à la maison pour suivre la demi-finale face à la France. Avec ses sœurs, ses proches et son mari. "Il est d’origine comorienne, mais il est devenu totalement marocain", s’amuse Imen, qui a elle-même joué au foot durant toute sa jeunesse, des deux côtés de la Méditerranée.
Même si elle apprécie les Bleus de Kylian Mbappé, le crack de la ville voisine de Bondy (né la même année qu’elle), cette grande supportrice du PSG sera derrière Achraf Hakimi mercredi soir. "Il y a la nationalité et les origines qui parlent. Je suis partagée, mais je resterai toujours avec le Maroc quand même, résume-t-elle. Ça fera toujours plaisir que le bled gagne. Je me dis que la France l’a déjà remportée, ils pourraient laisser un peu de place aux autres (sourire). Après, je ne pense pas que les Bleus soient dans cet état d’esprit, ils ont la niaque. Mais les Marocains ont prouvé aussi qu’ils avaient faim. Je pense que ça sera un match très dur."
"Ce serait gravé à vie"
Un pronostic? "Je n’ai pas envie de parler, parce que si ce n'est pas ça, on va dire que j’ai porté ‘l’ayn’ (le mauvais œil en arabe). Je laisse les joueurs nous surprendre. Quoi qu’il arrive, on sera quand même gagnants, on va dire…" Mais en cas de sacre du Maroc, la joie sera démultipliée. A la hauteur de l’exploit. "Si le Maroc gagne la Coupe du monde, tu me verras sur la lune, s'enflamme Imen. Ce serait gravé à vie pour nous. Quand la France a gagné, on se rappelle où on était et ce qu’on faisait ce jour-là. Cette fois, si c’est le Maroc, je peux te dire que nos enfants et les enfants de nos enfants vont en entendre parler (rires)".