Insultes, gros contentieux et rivalité… pourquoi le match Argentine-Brésil s’annonce particulièrement bouillant

Les forfaits de Lionel Messi et Neymar semblaient avoir un peu fait retomber l’intérêt autour du choc entre l’Argentine et le Brésil, mardi (1h mercredi en France). Mais le Monumental va tout de même bouillir de ferveur et d’animosité pour la réception du voisin honni dans le cadre des qualifications à la Coupe du monde 2026. Un nul suffira aux champions du monde pour valider leur billet et cela est une occasion de faire la fête. Mais les supporteurs argentins ont trouvé une autre raison, ces dernières heures, pour rendre un accueil plus hostile encore à la Seleçao après les propos insultants tenus par Raphinha, dimanche.
Raphinha jette de l’huile sur le feu
Jusqu’à ce week-end, le "superclasico" ne suscitait pas un engouement démesuré, vu d’Europe. Mais Raphinha a rappelé à quel point cette confrontation était attendue par les principaux intéressés. Dans une interview à Romario, ancien international brésilien champion du monde 1994, l’ailier du Barça s’est emporté en tenant des propos injurieux contre les Argentins: "il faut les tabasser! Sans hésiter. Sur le terrain et en dehors s'il le faut." Invité par Romario à marquer "un putain de but", l’ancien Rennais a abondé: "Je vais tout mettre, qu'ils aillent se faire foutre". Selon certains médias brésiliens, l’actuel favori au Ballon d’or (selon Thierry Henry) serait toujours remonté contre Nicolas Otamendi qui lui avait asséné un violent coup de coude au visage non sanctionné par l’arbitre en novembre 2021 lors d’un match comptant.
Des comptes à régler sur le terrain et dans les tribunes après le match aller
Cette sortie insultante intervient un an et demi après le match aller entre les deux équipes qui s’était soldé par la victoire argentine (0-1) au Maracana, le 21 novembre 2023. Il s’agissait de la première défaite de l’histoire du Brésil à domicile dans des qualifications à une Coupe du monde. Derrière l’aspect sportif, la rencontre avait dérapé dans les tribunes avec des bagarres entre supporters et une très violente répression policière contre les fans argentins. Cela avait retardé le coup d’envoi du match de trente minutes et provoqué la colère des Argentins. Emiliano "Dibu" Martinez s’était interposé devant un policier et Lionel Messi avait déploré les agissements des forces de l’ordre brésilienne. Des joueurs argentins avait aussi reçu des projectiles à leur retour aux vestiaires, Angel Di Maria y répondant en crachant en direction des supporters. Ce retour en terres argentines un an et demi après sonne aussi comme une revanche à prendre dans les tribunes de l’habituel stade de River Plate.
L’incroyable épisode du Covid
La rivalité entre les deux grandes nations du football sud-américain (cinq coupes du monde pour le Brésil, trois pour l’Argentine), regorge d’histoires et de rancunes. Avant l’épisode de 2023 au Maracana, il y eut aussi celui de septembre 2021 lorsque des agents de l’agence sanitaire brésilienne (Anivisa) étaient entrés sur le terrain afin de réclamer la sortie de trois des quatre Argentins évoluant en Angleterre pour violation des protocoles anticovid (Emiliano Martinez, Giovani Lo Celso, Cristian Romero ; Emiliano Buendia n'était pas sur la feuille de match). Arrêté après cinq minutes de jeu, le match avait définitivement été annulé en août 2022.
Un contexte de grande domination argentine
Ce climat tendu intervient dans un contexte de domination argentine depuis son sacre en finale de la Copa America contre le Brésil en 2021 (1-0). Depuis, l’Albiceleste a conquis un troisième titre de championne du monde en 2022, une nouvelle Copa America (en 2024, la 16e de son histoire) et même une Finalissima (contre l’Italie) en 2022. La période est moins faste au Brésil, éliminé en quarts de finale du dernier Mondial (idem lors de la dernière Copa America) et peu enthousiasmant lors des qualifications (mais bien parti pour se qualifier) avec un sélectionneur (Dorival) d’abord intérimaire puis confirmé mais critqué.
Les joueurs argentins s'amusent des propos de Raphinha, Scaloni appelle au calme
Les propos de Raphinha ont bien amusé certains joueurs, dont l'ancien international Angel Di Maria "mort de rire" à leur vue sur les réseaux sociaux. Lionel Scaloni, sélectionneur de l’Argentine, lui, a calmé le jeu en soulignant les bonnes relations entre certains joueurs et en louant les qualités du Brésil. "C'est Argentine-Brésil, c'est important, mais ça reste un match de football. Je me souviens de l'image après la Copa América 2021, de Leo (Messi) assis avec Neymar sur les marches du Maracana. C'est cette image qui doit rester. Tout le monde veut gagner, il ne faut pas aller plus loin. (…) Nous savons que dans un match, on peut dominer et qu'ils peuvent nous dominer. Le Brésil a le potentiel pour nous dominer, car c'est l'une des meilleures équipes du monde, et nous serons prêts à cela."