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Pays-Bas-Argentine: 16 cartons jaunes, un rouge... du jamais-vu depuis la "bataille de Nuremberg"

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Particulièrement tendu, le quart de finale de la Coupe du monde remporté vendredi par l'Argentine face aux Pays-Bas (2-2, 4-3 tab) a donné lieu à un festival de cartons. De quoi rappeler la fameuse boucherie de 2006 entre le Portugal et les Pays-Bas.

Valentin Ivanov a longtemps attendu, mais il tient enfin son successeur. Il y a seize ans, cet arbitre russe entrait à sa façon dans l’histoire de son sport en distribuant seize cartons jaunes et quatre cartons rouges lors d’un huitième de finale de Coupe du monde remporté 1-0 par le Portugal de Luiz Felipe Scolari face aux Pays-Bas de Marco van Basten. Un match passé à la postérité comme "la bataille de Nuremberg". Car en termes de provocation et de vilains coups, personne n’a fait mieux (ou pire) depuis. Ce 25 juin 2006, tout était parti d’une charge grossière de Khalid Boulahrouz sur Cristiano Ronaldo, cible privilégiée des bouchers néerlandais et qui avait fini par céder sa place, en larmes, dès la demi-heure de jeu.

La tension n’était jamais retombée et la soirée avait accouché d’un triste record. Avec un festival de tacles assassins, d’interventions dangereuses, et un arbitrage totalement dépassé. Ce qui avait fait dire à Sepp Blatter, jamais à court d’une formule choc : "Ivanov n’a pas été à la hauteur, il aurait mérité lui-même un carton jaune." Gianni Infantino dira peut-être la même chose de Mateu Lahoz. Au sifflet vendredi pour le choc entre les Pays-Bas et l’Argentine en quarts de finale du Mondial qatari, l’arbitre espagnol de 45 ans a pu donner l’impression de ne pas toujours maîtriser les débats. "On ne peut pas mettre un arbitre comme ça pour un match d'une telle envergure. Je crois que la Fifa doit s'occuper de ça", a même lancé un Lionel Messi remonté comme rarement après la victoire de l’Albiceleste au bout du suspense (2-2, 4-3 tab).

Dumfries exclu après le match

Pas aidé par la nervosité des acteurs, Mateu Lahoz a dégainé plus vite que son ombre avec seize cartons jaunes adressés aux joueurs. Pour l’Argentine, ce sont Marcos Acuña (43e), Christian Romero (45e), Lisandro Martinez (76e), Leandro Paredes (89e), Lionel Messi (90e+10), Nicolas Otamendi (90e+12), Gonzalo Montiel (109e) et German Pezzella (112e) qui ont été avertis. Côté néerlandais, Jurrien Timber (43e), Wout Weghorst (45e+2), Memphis Depay (76e), Steven Berghuis (88e) et Steven Bergwijn (91e) ont eu droit à leur biscotte. Denzel Dumfries (128e) et Noa Lang (129e) ont, eux, été sanctionnés après la séance de tirs au but. Selon le décompte officiel de la Fifa, le défenseur de l’Inter Milan a même pris un deuxième avertissement (129e) synonyme de carton rouge alors que les Oranje étaient déjà éliminés.

Bilan : seize cartons jaunes et une expulsion. Deux cartons jaunes supplémentaires peuvent être mentionnés, ceux reçus par le sélectionneur argentin Lionel Scaloni (90e) et son adjoint Walter Samuel (31e) pour protestation. "Comme cet arbitre est fou, arrogant... Tu lui dis quelque chose, il te parle mal. Il a donné dix minutes de temps additionnel, il voulait qu'on concède l'égalisation. Honnêtement, c'est le pire arbitre de la Coupe du monde et de loin", a lâché le portier Emiliano Martinez pour résumer le sentiment argentin. Mateu Lahoz est pourtant une référence du sifflet en Europe, lui qui officie dans le championnat espagnol depuis 2008-2009. Il est aussi connu pour avoir officié lors de la finale de la Ligue des champions 2021 gagnée par Chelsea contre Manchester City. Mais l'Argentine n'a pas apprécié qu'il soit sélectionné par la Fifa pour ce quart de finale, en raison de son passif avec Messi.

Un épisode en particulier n'a jamais été digéré. Le 29 novembre 2020, quatre jours après la mort de l’idole Diego Maradona, c'est lui qui avait sanctionné Messi, coupable à ses yeux d'avoir retiré son maillot afin de dévoiler celui des Newell’s Old Boy, club formateur de la Pulga où Maradona avait aussi brièvement joué. Mateu Lahoz avait seulement suivi à la lettre le règlement, mais l'Argentine ne lui avait pas pardonné. Et sa réputation au pays de Messi ne s'est pas arrangée vendredi.

https://twitter.com/rodolpheryo Rodolphe Ryo Journaliste RMC Sport