
Affaire Le Graët: pourquoi la justice ouvre une enquête pour harcèlement sexuel et moral
Après sa mise à l'écart de la présidence de la Fédération française de football (FFF), Noël Le Graët est visé depuis lundi 16 janvier par une enquête préliminaire du parquet de Paris pour "harcèlement moral" et "harcèlement sexuel". Les investigations ont été confiées à la Brigade de répression contre la délinquance contre la Personne (BRDP).
L'ouverture de cette enquête est la conséquence d'un signalement effectué vendredi 13 janvier par l'Inspection générale de l'éducation nationale, des sports et de la recherche (IGESR), instance qui a été chargée de mener un audit interne au sein de la FFF. Dans cette note valant signalement au titre de l'article 40 du Code de procédure pénale, l'IGESR indique que les auditions ont mis au jour des faits pouvant être caractérisés comme étant de l'outrage sexiste.
Du harcèlement si les outrages sont répétés
Mais l'enquête n'a donc pas été ouverte pour outrage sexiste (infraction punie d'une simple contravention de 750 euros maximum). Le parquet, qui doit choisir la qualification pénale appropriée au vu des faits dénoncés, a opté pour les délits de "harcèlement sexuel" et "harcèlement moral" (punis d'une peine pouvant aller jusqu'à trois ans de prison et 45.000 euros d'amende).
Selon les informations de BFMTV, le parquet a estimé que les outrages sexistes ont pu être répétés et qu'ils peuvent donc constituer du harcèlement. Désormais, les magistrats cherchent à savoir si un "système de harcèlement moral et sexuel" a pu être "mis en place dans le cadre du travail". Toujours selon nos informations, les faits reprochés à Noël Le Graët ont été portés par Sonia Souid, l'agente de joueurs qui a témoigné sur BFMTV, mais pas seulement. Les enquêteurs vont désormais être chargés d'auditionner toutes les parties en présence (plaignantes potentielles et Noël Le Graët). L'enquête va donc prendre du temps.
Le Graët dément et s'en prend à Oudéa-Castéra
Dans un communiqué transmis à l'AFP et BFMTV par ses deux avocats, Noël Le Graët dément "toutes les accusations pénales" le visant. Il dénonce "les annonces répétées par voie de presse qui interviennent" alors que l'audit du ministère des Sports n'a pas encore livré ses conclusions. Le dirigeant de 81 ans vise directement Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des Sports. Il fustige des "interférences et pressions politiques" qui ne respecteraient pas la séparation des pouvoirs et la présomption d'innocence.
Philippe Diallo, jusqu'ici vice-président délégué de la FFF, doit assurer l'intérim jusqu'au comité exécutif de l'instance qui suivra la publication du rapport d'audit prévue fin janvier. Mais l'ouverture de cette enquête compromet un peu plus les chances de Noël Le Graët de récupérer la totalité de ses prérogatives à cette date, alors que la prochaine réunion de ce "gouvernement" de la fédération est prévue le 9 février.