Coupe du monde 2022: que vaut l’Australie, premier adversaire de l’équipe de France ?

Un souvenir pénible pour les Bleus
L’équipe de France débutera la défense de son titre face au même adversaire qu’il y a quatre ans. L’Australie a beaucoup changé depuis avec seulement huit joueurs toujours dans le groupe (Ryan, Vukovic, Behich, Degenek, Mooy, Irvine, Leckie, Maclaren) mais la détermination de faire déjouer les Bleus n’a pas bougé.
"Ce n'est pas dans la mentalité des Australiens de baisser les bras, a prévenu Mitchell Duke (31 ans), de retour en sélection en 2021 après huit ans d’absence. Nous pouvons battre n'importe qui dans un bon jour, quel que soit l'adversaire. Il y aura onze joueurs contre onze, et l'attitude que nous devrons avoir, c'est de ne pas nous laisser impressionner."
En 2018, les Bleus, endormis et suffisants, avaient failli se faire surprendre avant de s’imposer (2-1) grâce à un penalty d’Antoine Griezmann et un but contre son camp d’Aziz Bezich. Le scénario du match avait profondément agacé Didier Deschamps qui avait effectué un sec recadrage de ses troupes avec une analyse musclée et individualisée de chaque joueur, mettant en exergue leur faible investissement. Le sélectionneur avait opéré un changement tactique en délaissant le 4-3-3 pour le 4-2-3-1 avec Giroud en pointe, Griezmann en soutien et Matuidi en faux milieu gauche. C’est de cette manière que Bleus avaient décroché leur deuxième étoile.
Onze victoires consécutives avant le début des qualifs
Emmenée depuis septembre 2018 par Graham Arnold, ancien entraîneur de plusieurs équipes australiennes (Sydney, Mariners) nommé en remplacement du Néerlandais Bert van Marwijk, l’Australie a brillé au début des qualifications avec onze victoires de rang. Elle a finalement arraché son billet pour le Mondial en barrages face au Pérou (0-0, 5 tab 4) en s’appuyant sur le vent de fraicheur insufflé lors de sa prise de fonction incarnée par les joueurs Awer Mabil, Bailey Wright, Mitch Duke, Ajdin Hrustic, Denis Genreau, Danny Vukovic et Jamie Maclaren. Au Qatar, le technicien est aidé dans sa tâche par la légende Tim Cahill, désormais directeur des sports de l’Aspire Academy qui a rejoint les Socceroos en tant que chef de délégation. Organisée le plus souvent en 4-4-2, l’équipe reste sur trois succès de rang en amical (deux fois contre la Nouvelle-Zélande, une fois contre la Jordanie). Elle a aussi connu deux revers en qualifications en mars contre le Japon (2-0) et l’Arabie saoudite (1-0).

Une nouvelle génération… snobée par la promesse Volpato
Les Bleus découvriront donc de nombreux nouveaux visages lors de ce match d’ouverture dont le défenseur Thomas Deng (25 ans), premier migrant sud-soudanais à représenter l’Australie en compagnie de son ami d’enfance, l’attaquant Awer Mabil (27 ans). Le jeune attaquant Garang Kuol (18 ans), né en Egypte de parents réfugiés soudanais, les a rejoints en septembre dernier et sera l’une des attractions de cette sélection avant de rejoindre Newcastle en janvier. Graham Arnold a tenté d’attirer une autre grande promesse, le milieu offensif de l’AS Rome Cristian Volpato (18 ans), né à Sydney. Mais le joueur a finalement décliné préférant jouer sous les couleurs de l’Italie qu’il a portées dans les équipes jeunes (U19 et U20).
De nombreux habitués du foot européen
Cette nouvelle vague sera entourée de tauliers bien connus en Europe, comme le gardien Mathew Ryan (30 ans), désormais à Copenhague après des passages à Valence, Genk, Arsenal, Brighton ou la Real Sociedad. Aaron Mooy (32 ans), milieu de terrain rompu à la Premier League avec Huddersfield, Manchester City ou Brighton, désormais au Celtic, en sera tout comme le solide Mathew Leckie (31 ans). Le milieu du Hellas Vérone Adjin Hrustic (26 ans), fan de Beckham et premier Australien à remporter la Ligue Europa avec Francfort la saison dernière, sera en charge de l'animation. Sur les 26 joueurs retenus, ils sont 16 à évoluer en Europe, dont Martin Boyle (29 ans), habituel titulaire au poste d’ailier droit qui a finalement déclaré forfait pour la compétition. Tom Rogic (29 ans), ancien milieu de terrain emblématique du Celtic Glasgow, est le grand absent de cette sélection en raison de ses difficultés depuis son transfert à West Bromwich Albion.
Une équipe engagée sur le terrain… et en dehors
Cette équipe d’Australie s’est distinguée avant la compétition par une déclaration publique appelant à la dépénalisation des relations homosexuelles au Qatar. Celle-ci a été rédigée avec l’aide du milieu de terrain Jackson Irvine qui a publiquement défendu les causes sociales comme les droits LGBTQIA+, l’environnement et les travailleurs migrants. Deng et Mabil, amis d’enfance et premiers réfugiés soudanais à évoluer en sélection australienne en 2018, se font, eux les porte-voix de l’intégration en Australie où ils ont dû faire face au racisme. "Pour moi, je me sens comme un Australien parce que je suis ici depuis l'âge de cinq ans, a récemment confié Thomas Deng à ABC. C'est ma maison, je le connais mieux que le Kenya ou le Soudan du Sud. Alors quand je suis placé dans des moments comme ça, c'est un rappel que vous n'êtes pas un Australien à part entière, pas vraiment. Et quoi que vous fassiez, vous ne le ferez jamais."