Coupe du monde féminine: comment la discrète Maëlle Lakrar s'est imposée dans la défense des Bleues

Elle se présente à l’interview souriante et avec un brin de timidité. Mais il ne faut pas se fier à cette réserve apparente, Maëlle Lakrar (23 ans) possède un caractère qui s’affirme naturellement sur le terrain. "En dehors du terrain, je peux paraitre timide, c’est vrai. Mais en fait je suis une fausse timide comme on me le dit souvent. Mais après quand je rentre sur le terrain, je suis assez différente, et je montre une forme d’assurance derrière, et c’est ce qui fait que l’on me donne le brassard. Après j’essaie de mener mon équipe le plus loin possible, j’ai su le faire durant l’Euro avec les U19 (les Bleuettes ont été sacrées championnes d’Europe en 2019, ndlr), et j’en suis fière."
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Une polyvalence défensive qui s’exprime le mieux dans l’axe
Maëlle Lakrar découvre la maison des "A" en début d’année lors du Tournoi de France sous les ordres de Corinne Diacre. Elle connait alors ses deux premières sélections et titularisations en tant que latérale droite face à l’Uruguay, puis en défense centrale aux côtés de Wendie Renard face à la Norvège (0-0).
"C’est impressionnant de jouer avec elle parce que j’ai souvent joué contre elle. C’est un vrai plus. Elle m’a vraiment mise à l’aise sur le terrain, elle était derrière moi tout le long. Franchement, c’est rassurant d’avoir une défenseure comme elle à ses côtés."
Appelée en avril, puis sélectionnée dans les 23 pour cette Coupe du monde par Hervé Renard, la Montpelliéraine a franchi un cap. "On a envie d’y rester quand on y est." D’autant que son profil, notamment athlétique, est très apprécié par le sélectionneur qui l’a d’abord vue comme une solution à droite (2 buts face à l’Irlande en préparation): "Il faut que l’on soit solide dans le jeu aérien, sur les coups de pied arrêtés. C’est un domaine dans lequel on se doit d’être plus solide si on veut espérer quelque chose, Maëlle apporte sa taille et son très très bon jeu de tête", avait constaté Hervé Renard après Irlande-France.
Puis le technicien l’a réaxée pour le choc face au Brésil. À raison, avec une performance solide à la clé. "J’ai beaucoup de chance car dans mon club je joue à beaucoup de postes. Je peux même jouer centrale gauche, on joue à trois derrière, je peux même jouer les trois postes derrière. J’ai beaucoup joué latérale droite cette année aussi. Après je n’ai pas forcément de préférence mais c’est vrai que j’ai plus l’habitude de jouer défenseure centrale [où] j’ai plus de repères", concède l’intéressée.
Le brassard de capitaine en équipe de France jeunes
Lakrar a commencé à jouer au city stade dans les pas de son frère. Puis elle s’inscrit au club de Salon- de Provence. Elle débute au milieu de terrain, puis lors de son passage à la Ligue Méditerranée, elle descend d’un cran "c’est à partir de là où j’ai appris à jouer défenseure centrale. Je ne regrette pas le milieu de terrain ! (sourire)"
L’OM arrive vite, ses premiers pas en D2 sous les ordres de Christophe Parra, puis la découverte de la D1 féminine à l’âge de 16 ans. Arrivée en 2018 au MHSC, après un temps d’adaptation, elle fait désormais partie des piliers de l’effectif pailladin. Vingt-et-une fois titulaire cette saison en championnat (sur 22 journées), elle a trouvé l’environnement et la stabilité pour s’épanouir au sein du club héraultais.
Une expérience et un vécu des compétitions internationales qu’elle a pu acquérir au sein des sélections de jeunes; Lakrar a notamment été championne d’Europe U19 en 2019 (avec Selma Bacha et Naomie Feller par exemple). Compétition pendant laquelle la native d’Orange a porté le brassard de capitaine, et a inscrit le but du titre en finale face à l’Allemagne. "J’essaie de faire de mon mieux pour apporter offensivement quand je monte sur corner. Ce jour-là, je devais sortir car je m’étais fait mal au genou. Mais mon instinct me disait de rester sur le terrain. On a un corner, je crois que je dis à Vicki (Becho) de laisser le ballon passer, je le touche du pied, ça va au fond des filets, on l’emporte, c’est cool." Comme chez les jeunes, sans faire de bruit, Maëlle Lakrar s’installe chez les Bleues et il se pourrait bien qu’elle ait marqué de précieux points pour la suite de la compétition.