Deschamps : "Avec plus de réussite contre l’Allemagne…"

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Didier, que retenez-vous de cette année 2014 ?
Evidemment, il y a la Coupe du monde. C’est une année satisfaisante en termes de résultats, puisque la seule défaite a été subie contre l’Allemagne, championne du monde. Au lendemain de la Coupe du monde, la dynamique a été maintenue, tout comme l’envie d’obtenir les meilleurs résultats, avec cet état d’esprit qui est essentiel pour notre objectif : l’Euro 2016. La qualification contre l’Ukraine a été fondamentale. L’expérience de jouer une Coupe du monde est venue solidifier tout ça. Les joueurs se connaissent de mieux en mieux, s’apprécient. Ils ont un immense plaisir à se retrouver. Cette envie commune de porter fièrement ce maillot est toujours là. Et c’est important.
Le rassemblement pour la Coupe du monde a lieu le 19 mai. Le 6 juin, Franck Ribéry déclare forfait. La préparation pour la Coupe du monde a-t-elle été compliquée ?
C’est toujours compliqué pour chaque sélectionneur. On n’est jamais à l’abri de certaines blessures, comme celle de Steve Mandanda également. On avait fait en sorte de bien anticiper pour avoir une photographie complète de chaque joueur, selon leur rythme des six derniers mois, avec un travail athlétique pratiquement individualisé. Concernant Franck Ribéry, on a fait tout ce qu’il était possible. J’ai attendu le dernier moment. Il avait eu une fin de saison difficile. Psychologiquement, il n’était pas au mieux mais il était content d’être là et avait envie de faire cette Coupe du monde.
Ce forfait l’a-t-il amené à prendre sa retraite internationale ?
C’est probable. Après, c’est un ensemble de choses. Je fais en sorte de comprendre les décisions des joueurs. Ça devait être la meilleure décision à ce moment. Il sort de 7-8 mois difficiles et préfère alors se consacrer au Bayern.
Quel est votre souvenir de ce premier match du Mondial contre le Honduras ?
Plein de choses, il y a eu pas mal d’émotions. La déception de ne pas avoir la Marseillaise, même si ça a permis aux 5 000 supporters français de la chanter. C’était quelque chose de très fort. Mais surtout la victoire bien sûr. C’est fondamental de commencer la compétition par un succès.
Avant France-Suisse, Patrice Evra vient devant la presse et enlève le costume de 2010…
On est encore obliger de parler de cette période-là… On ne devrait pas l’être. Pour lui, comme les autres, ça restera en eux. L’image qu’on peut avoir de quelqu’un ne reflète pas toujours la réalité. Ses rapports avec les médias étaient compliqués mais il devait passer par là aussi et ne devait pas être à part. Il est important dans le groupe, de par son leadership. Quoiqu’on puisse en dire, il pense toujours collectif.
Vous appuierez-vous sur lui jusqu’à l’Euro 2016 ?
Aujourd’hui, oui. Après, ni lui, ni moi ne le savons. C’est dans un an et demi. Est-ce qu’il se maintiendra à ce niveau-là. Il a changé de club (de Manchester United à la Juventus Turin, ndlr). C’est une très bonne chose. Il était dans un grand club, maintenant il est dans un très, très gland club (rires). Ce challenge sportif, c’est à lui de le relever.
« Les Allemands nous craignaient énormément »
Gagner 5-2 contre la Suisse, c’est presque incroyable…
C’est le match parfait, enfin jusqu’à la 70e. A chaque fois qu’on a accéléré, on a marqué. C’était notre adversaire pour la première place. On marquait un grand coup, ça nous assurait quasiment notre qualification pour les huitièmes.
Avant l’Equateur, il y a la polémique avec les critiques du docteur Le Gall à l’égard des soins du staff du Bayern pour Franck Ribéry…
On avait pris l’option de faire venir chaque membre du staff en conférence de presse. Je n’ai pas de regrets. Je l’assume. Lui aussi. Je l’avais prévenu mais c’est la différence entre quelqu’un qui, comme moi, vient souvent devant les caméras et quelqu’un qui ne vient pas souvent. Ce n’était pas le moment de se livrer. Si c’était à refaire, je dirais à Philippe Tournon (attaché de presse des Bleus) de ne pas l’envoyer.
Contre l’Equateur, vous faites tourner mais vous alignez Benzema. Vous avez dit avoir des regrets…
Ce ne sont pas des regrets. On ne peut pas savoir s’il aurait été meilleur en quart mais si c’était à refaire, je suis convaincu que je ne l’aurais pas fait débuter.
Contre le Nigéria, on a l’impression que l’équipe de France a franchi un cap…
On se retrouvait dans l’obligation de se qualifier pour les quarts. On a eu un match compliqué contre une équipe qui a mis beaucoup d’engagement. Après une première heure de match difficile, on a atteint notre objectif en misant plus sur la vivacité.
Que retenez-vous du quart contre l’Allemagne ?
Ils nous craignaient énormément. Par rapport à leur huitième contre l’Algérie (2-1 ap.), ils ont changé pas mal de choses, ils ont verrouillé la charnière centrale, placé Lahm arrière latéral droit. La quasi-totalité des joueurs qui ont débuté le match sont en Coupe du monde depuis 2006 et ils ont eu un gardien monstrueux (Manuel Neuer). Ça ne s’est pas joué à grand-chose. Il aurait fallu plus de fraicheur, de réussite. Si on revient à la marque, ça peut se passer différemment. En face, ce sont les futurs champions du monde. Après nous, ils se sont régalés. Cette équipe était programmée pour gagner la Coupe du monde.