Equipe de France: ce que veut renégocier Mbappé dans les contrats avec les sponsors des Bleus

Une convention plus courte
Depuis le fiasco de Knysna en 2010, la Fédération française de football (FFF) a établi une convention de 26 pages que chaque international signe avant sa première sélection. Celle-ci implique des droits et des devoirs aux joueurs, qui touchent des honoraires de droits à l’image (25.000 euros par match disputé), à condition de participer aux opérations marketing et de sponsors, ce que Kylian Mbappé n’a pas fait la semaine dernière. Dans une interview à L’Equipe, son avocate Delphine Verheyden juge cette convention obsolète. Notamment sa durée. "Ce document entre en vigueur au moment de sa signature et arrive à échéance cinq ans après le terme de sa carrière pro, rappelle-t-elle. Pour Kylian, ça devrait donc aller de ses 18 ans jusqu'à ses 40 ans en gros. Ce n'est pas réaliste de prendre un engagement si long." Elle pousse donc pour cette convention soit renégociée de manière beaucoup plus régulière.
Redéfinir la notion d’image collective
Le boycott de Kylian Mbappé intervient au bout de discussions de longue date entre ses proches et la FFF pour redéfinir son contrat. Le clan du Français reproche à la Fédération de détourner la notion d’image collective pour "céder en réalité des droits sur l'image des joueurs pris individuellement". Pour Me Verheyden, cela pose deux problèmes: un financier et un autre d’images. Elle met ainsi en avant le choix de Kylian Mbappé de s’associer à une marque de nourriture bio pour enfants, en contradiction avec certains sponsors de la FFF pouvant favoriser l’obésité.
La conseil insiste aussi sur l’abus de la notion d’image collective quand les mêmes joueurs (les plus populaires) sont presque systématiquement choisis. "Il faut distinguer d'un côté la photo officielle de l'équipe au complet qui peut être utilisée librement, convient-elle. Elle ne pose aucun problème car c'est bien l'équipe de France qui est ici représentée. De l'autre côté, on doit retravailler la notion d'image collective quand elle ne concerne que cinq joueurs. Pour ce type d'utilisation, les joueurs concernés doivent avoir un droit de regard. Et ce ne sont pas toujours les mêmes qui doivent être choisis, comme c'est trop souvent le cas pour Kylian actuellement."
Toucher un pourcentage sur la vente de maillots
C’est un sujet qui n’avait pas encore émergé. Me Verheyden le met sur la table dans l’interview: elle pousse ainsi pour que les joueurs perçoivent un pourcentage sur les ventes de maillots officiels de l’équipe de France. "Si on met le nom du joueur sur le maillot, il devrait toucher quelque chose", lance-t-elle en laissant le choix aux joueurs de conserver cette manne ou de le redistribuer. Depuis le début de cette histoire, les proches de Mbappé rappellent que le joueur a versé l’intégralité de ses primes de droits à l’image à des associations caritatives.
Renégocier la convention avant le Mondial
Dans son interview, l’avocate de Kylian Mbappé fixe un ultimatum à la Fédération française de football. Elle pousse ainsi pour renégocier la convention liant les joueurs à la FFF avant le mois de septembre, période de l’ultime shooting qui couvrira la Coupe du monde. Pas besoin de savoir lire entre les lignes pour comprendre que Mbappé ne veut pas s’afficher avec des marques en contradiction à ses principes lors de l’évènement sportif le plus suivi au monde. Pour elle, les joueurs "doivent avoir la possibilité d'avoir une sorte de clause de conscience".
Avoir le choix de sa communication dans les médias
Me Verheyden souhaite renégocier un autre point de la convention: le droit pour les joueurs de choisir les médias dans lesquels s’exprimer. "La convention oblige aujourd'hui les joueurs à répondre à toute question de tout média. Or, en dehors des prises de parole pour parler d'un match qui vient de se dérouler, les joueurs devraient pouvoir choisir quand et où ils souhaitent pouvoir s'exprimer. Il faut tout simplement reconnecter cette convention avec le monde d'aujourd'hui."