Equipe de France: "Je lui ai demandé s’il était sûr de lui", Diallo se confie sur ses échanges avec Deschamps

Philippe Diallo, êtes-vous quelque part soulagé par cette annonce de Didier Deschamps?
Non. Moi je lui ai posé la question s’il était bien sûr de lui à titre personnel parce que sélectionneur de l’équipe de France c’est une énorme responsabilité, c’est aussi un immense honneur. Et c’est pour lui depuis plus de 10 ans, une partie de sa vie d’homme. Et donc je lui ai demandé s’il était sûr de lui, s’il était prêt à ne pas prolonger. Mais il était très décidé sur la façon dont il voyait son avenir. Et donc j’ai pris acte de sa décision.
Sur le principe, ça aurait été possible qu’il prolonge encore après 2026? Il n’y avait pas de tabou sur cette question?
Très honnêtement je ne me suis pas posé cette question-là. On m’a déjà interpellé à de multiples reprises sur Didier Deschamps. Pourquoi je l’avait gardé après l’Euro, pourquoi est-ce que j’allais le prolonger… Je pense qu’on a essayé d’établir ensemble une relation de confiance. Raison pour laquelle je l’ai soutenu depuis deux ans et que je continuerai à le soutenir jusqu’au terme de ce contrat avec dans mon esprit l’idée qu’il a obtenu des résultats tellement exceptionnels que je souhaite que dans les 17 mois qui lui restent, il continue à avoir des résultats . Mon attention aujourd’hui est vraiment portée sur cette période-là. Faire en sorte en toute sérénité, maintenant que la situation est clarifiée de son point de vue, que l’équipe de France puisse enregistrer les meilleures performances.
Le timing de l’annonce vous a-t-elle dérangé? Vous n’avez pas maîtrisé cette annonce, vous l’avez subie…
D’abord il y a une part de spontanéité chez Didier dans cette annonce. Après, c’est un moment qui lui appartient. Il a fait preuve de responsabilité, de lucidité et d’élégance. Car ce moment spontané montre qu’il a une nouvelle fois mis sa situation personnelle au service de la protection de l’équipe de France et des Bleus. Le moment médiatique que nous vivons finalement est suffisamment éloigné du match contre la Croatie au mois de mars pour qu’on ne parle que du match dans deux mois et pas de la situation du sélectionneur. Ces derniers temps, on en souriait d’ailleurs ensemble. Il me disait: "Président, je suis désolé d’occuper autant de place dans les interventions médiatiques que vous êtes amené à faire". Je lui dit que c’est bien volontiers que je les fais. Il y a une clarification. Cette annonce permet à tous d’être totalement libre, serein et de pouvoir se concentrer sur l’essentiel, les performances de l’équipe de France.
Craignez-vous que la période qui s’ouvre se transforme en une sorte de tournée d’adieu et d’hommage envers Didier Deschamps?
Je n’ai aucune crainte de cela. Ca fait 12 ans qu’il est à la tête de l’équipe de France. Il a montré son professionnalisme. Son souci de l’excellence, de la performance. Donc je n’ai aucun doute qu’il mettra tout son talent au service de l’équipe de France. Et vu l’échéance de 2026: quelle plus belle fin de contrat que d’amener l’équipe de France au plus haut à ce moment-là. Ce serait une formidable apothéose pour clore une carrière exceptionnelle à la tête des Bleus.
Estimez-vous qu’il y a un risque de relâchement chez les joueurs après cette annonce?
On a à faire des joueurs qui aiment l’équipe de France et qui sont des professionnels. Et ils ont tous envie de gagner des titres. C’est d’ailleurs pour ça qu’il sont en équipe de France. Ils ont montré un capacité de gagneurs, d’aller chercher des titres. Ils l’ont montré dans le passé et je n’ai aucun doute que dans les 17 prochains mois avec les échéances et notamment cette Coupe du monde au Etats-Unis, il n’y aura aucun relâchement.
Philippe Diallo, vous savez déjà qui va succéder à Didier Deschamps…
Pour l’instant je ne me pose pas du tout cette question. L’échéance arrivera lorsqu’elle arrivera. Moi j’ai évidemment en tête des hypothèses que je ne partagerai avec personne. Car je veux que Didier, son staff, les joueurs travaillent en toute sérénité. Je ne veux pas qu’on rentre dans un débat de pronostic pour savoir qui lui succédera alors même que l’on a encore beaucoup de titres à aller gagner.
Mais lorsque vous voyez l’unanimité que suscite le nom de Zinédine Zidane, qu’est-ce que cela vous fait?
D’abord je la comprends. Zinédine Zidane est un des monuments du football français et mondial. Il a en tant que joueurs contribué fortement à nous faire gagner une première Coupe du monde et en tant qu’entraîneur il a eu des succès extraordinaires avec le Real Madrid en remportant la Ligue des champions à plusieurs reprises. Donc évidemment Zidane est quelqu’un qui pèse dans tous les sens du terme dans le paysage de notre football. Mais il doit y avoir un moment pour chaque échéance. Aujourd’hui mon regard est focalisé sur les résultats de l’équipe de France dans les 17 mois qui viennent. Mon rôle sera de faire en sorte que la succession soit assurée le moment venu et faites moi confiance elle sera assurée le moment venu.
Comment vous allez vous y prendre?
J’ai pris l’habitude pour les précédents sélectionneurs que j’ai eu à choisir pour les autres équipes de France que ce soit Olympiques, les Féminines, les Espoirs, de consulter, de partager avec mon Comité Exécutif. Donc c’est ce que je ferai le moment venu.
Ce sera avant la Coupe du Monde 2026 ou après?
Je verrai quelles sont les circonstances du moment. Dans le passé il y a eu déjà des expériences de nomination d’un sélectionneur avant une grande compétition. Ca ne nous a pas toujours bien servi. Je pense notamment à 2010… Je pense qu’i n’y a pas de vérité en la matière. Et je jugerai à l’approche de la Coupe du monde 2026 le meilleur moment pour préserver les capacités de performance de l’équipe de France
Vous consulterez Didier Deschamps sur l’identité de son successeur?
Je peux en parler avec lui. Il est bien placé. Il a l’expérience du poste. Donc évidemment que je peux en parler avec lui