Équipe de France: la trace immense laissée par Just Fontaine, l'un des premiers monuments du foot français

Just Fontaine (30 buts en 21 sélections, de 1953 à 1960) fut, avec son acolyte Raymond Kopa, l’un des héros du football français en après-guerre. Et son nom restera à jamais accolé à cet exploit légendaire du Mondial 1958, en Suède, le premier grand moment de l’histoire du football français, au cœur de la mythologie des Bleus avant l’arrivée de la génération de Michel Platini dans les années 70.
Just Fontaine s’est éteint ce mercredi à l’âge de 89 ans à Toulouse, sa ville d’adoption, là où il vivait une paisible retraite. Il s'y était installé à l'issue de sa carrière d'entraîneur, après avoir mis fin très tôt à sa carrière de joueur en 1962, victime à seulement 28 ans d’une double fracture de la jambe. Retiré des terrains après douze années passées comme joueur, Just Fontaine s’est dirigé vers le banc de touche, mais son passage ne sera pas aussi remarquable.
Sélectionneur de l’équipe de France de mars à juin 1967, le temps de diriger (et de perdre) deux matches amicaux, Just Fontaine a surtout été l’un des premiers entraîneurs du Paris Saint-Germain entre 1973 et 1976. C’est d’ailleurs sous ses ordres que le club de la capitale se hisse en première division en 1974. Mais son nom restera à jamais dans les annales du football français pour la plus remarquable de ses performances: avec 13 buts sur la seule Coupe du monde 1958 en Suède, un record jamais égalé, il sera avec Raymond Kopa l’un des héros de l’épopée des Bleus, qui s’est achevée à la 3e place, après une défaite en demie contre le Brésil de Pelé.
Véritable légende du monde du football au sein d’une équipe offensive bâtie sur l'ossature du Stade de Reims (Colonna, Jonquet, Penverne, Vincent, Piantoni…) et dont la réussite reposait beaucoup sur la connexion majeure Kopa-Fontaine, "Justo"- comme on le surnommait - était un attaquant puissant, doté d’un gros volume de course, un joueur qui offrait beaucoup de profondeur au jeu de son équipe.
Un palmarès de choix en club
"Lors des offensives, je pratiquais ce que l'on nomme l'appel indirect, expliquait-il en 2014 au site Actu Toulouse. Je partais en pointe dans une course à vive allure sur 5 ou 6 mètres avant de m'arrêter net. C'est à ce moment que le passeur devait m'adresser le ballon, en lobant la défense, et je recommençais ma course vers le ballon et le but". Just Fontaine s’était fait remarquer dès le premier match en inscrivant un triplé.
Il avait ensuite permis aux Bleus d’arracher la troisième place en inscrivant un quadruplé face à la RFA (6-3), sans avoir réclamé de tirer le penalty de la première période, qu’il laissera à Kopa, auquel il doit beaucoup de ses 13 buts. Fontaine ne les tirera pas de la compétition, d’ailleurs, ce qui lui fera dire bien plus tard qu’il aurait pu marquer davantage de buts en Suède s’il avait pu tirer les penalties et les coups-francs.
Arrivé en pleine forme en Suède après s’être fait opérer du genou en décembre 1957, Fontaine avait dévasté les défenses adverses avec des chaussures qui ne lui appartenaient pas. Après avoir usé ses propres crampons, il a dû emprunter ceux de l’attaquant Stéphane Bruey, qui restera sur le banc tout au long de la compétition. Mais ses chaussures ont elles foulé les pelouses dans les pieds magiques de Just Fontaine. "J’aime dire aux gens que certains de mes buts ont été marqués parce qu’ils combinaient deux esprits dans la même chaussure", plaisantait Fontaine à la fin de sa vie.
Outre ses exploits en équipe de France et cette première médaille glanée en Suède, Just Fontaine a marqué l’histoire du Stade de Reims avec lequel il s’est bâti un joli palmarès en club: trois titres de champion de France, une Coupe de France et surtout une finale de Coupe d’Europe des clubs champions avec Reims, perdu contre le grande Real Madrid de Di Stefano, Puskas et… Raymond Kopa. Une compétition qu’il terminera meilleur buteur. Le dernier exploit de sa carrière.