France-Brésil : les Bleus font-ils à nouveau peur ?

Patrice Evra, Antoine Griezmann et Karim Benzema - AFP
Le dernier rendez-vous remonte à près de deux ans. En juin 2013, à Porto Alegre. Thiago Silva était encore capitaine et Fred à la pointe de l’attaque. Un 3-0 qui venait conclure une série de quatre défaites en cinq matches pour les Bleus. Depuis, les hommes de Didier Deschamps n’ont perdu qu’à deux reprises, le barrage aller du Mondial 2014 en Ukraine (0-2) et le quart de finale planétaire contre l’Allemagne (0-1). Ils ont plutôt réussi leur Coupe du monde, sortis par le futur champion, séduisants jusque-là avec en point d’orgue le 5-2 face à la Suisse. Ils ont ensuite poursuivi dans la même veine, s’offrant des succès de gala contre l’Espagne (1-0) et le Portugal (2-1) pour un bilan de quatre victoires et deux nuls depuis le Mondial.
A l’heure des retrouvailles avec un Brésil à la trajectoire différente, humilié 7-1 à domicile en demi-finale de SA Coupe du monde et aujourd’hui en phase de reconstruction (six victoires d’affilée), l’équipe tricolore n’affiche plus le même visage que celui gardé en mémoire par la Seleçao. Alors la question se pose : les Bleus font-ils à nouveau peur ? Pour les joueurs appelés à croiser Benzema & co ce jeudi au Stade de France (21h), la réponse penche vers la négative. Mais nimbée de respect.
« Je ne suis pas sûr que la France est une nation dont le monde a peur ou que le Brésil a peur d’elle, lâche Oscar. Mais il est certain que le Brésil doit respecter la France. » Et craindre ses joueurs ? « Non. Personne ne me fait peur et c’est la même chose pour mes coéquipiers, avance Firmino. Mais il faut toujours être attentif car la France est une très bonne équipe et le danger peut venir de partout. »
Benzema : « Les équipes nous regardent d’un autre œil »
Autre son de cloche du côté de Karim Benzema, pour qui la sélection tricolore semble plus respectée ces derniers mois. « Les équipes nous regardent d’un autre œil, estime l’attaquant du Real Madrid. On fait de belles choses sur le terrain. On est fort. » Revenus à la 8e place du classement FIFA, leur premier top 10 en début d’année depuis 2010, les Bleus sont-ils de retour à la table des grands ?
« On a battu des nations importantes, rappelle Olivier Giroud. Donc on arrive à se hisser à leur niveau. On est en constante progression. Est-ce qu’on est dans le Top 3 mondial ? Je n’irai pas jusque-là. Mais on peut avoir de l’ambition. » Un avis partagé par le Brésilien Raï, ancienne idole du PSG : « L’équipe de France est jeune et va garder la même base pour l’Euro et le prochain Mondial. Elle est revenue parmi les grandes nations et elle peut avoir des ambitions plus importantes. »
Si le potentiel français ne fait aucun doute, les spécialistes se rejoignent sur un plan : la confirmation viendra de la compétition. « La France retrouve des couleurs qu’on aime mais pour redevenir une grande nation, il faut gagner un titre. Il y a encore du chemin », juge Luis Fernandez. Il y a encore du chemin. Autre membre de la Dream Team RMC Sport, Frank Lebœuf propose un discours plus positif.
Di Meco : « A l’étranger, on nous voit beaux »
Mais une conclusion similaire : « La France fait partie des huit meilleures nations au monde. Tout reste fragile mais on est en train de grandir. L’Euro va nous permettre de finaliser cette croissance. Il n’y a pas beaucoup de nations qui valent l’équipe de France à l’heure actuelle. Elle est en bonne position pour devenir une des plus grandes équipes de la planète. Mais elle ne le sera que si elle gagne l’Euro chez elle, comme en 1984 et 1998. »
Eric Di Meco se veut moins difficile : « On est sur une phase ascendante. A l’étranger, on nous voit beaux. Avec les Benzema, Pogba ou Griezmann, on se dit que le foot français a un très gros potentiel. Et c’est une réalité. Avec un Euro en France, si tu arrives au moins en demi-finale, tu es redevenu une nation importante du foot mondial. » La conclusion à Raï, comme un rappel qu’un grand ne le (re)devient que lorsqu’il arbore des exigences équivalentes : « Au Brésil, si on avait fait le même parcours que la France au Mondial, l’équipe aurait été critiquée. Chez nous, pour devenir un grand, il faut être champion ou rien. » Deschamps et ses hommes savent ce qu’ils ont à faire.