France-Pologne: Rabiot, l'atout-maître inattendu des Bleus à la Coupe du monde

Les champions du monde 2018 Paul Pogba et N’Golo Kanté peuvent dormir sur leurs deux oreilles, la maison France est bien gardée. En leur absence, que l’on pensait préjudiciable, tant le duo qu’ils forment avait posé sa patte sur le jeu des Bleus et paraissait indétrônable dans l’esprit du sélectionneur, Adrien Rabiot s’est accaparé le rôle de taulier au milieu avec une aisance rafraîchissante.
Excepté peut-être son début de match face à l’Australie (4-1), quelque peu hésitant, le milieu de terrain de la Juventus se révèle en leader technique en terre du milieu. Indispensable à l’équilibre général de l’équipe, il en est aussi l’un des grands animateurs, preuve que son talent n’avait pas disparu durant ses premières années d’errance turinoise.
Adrien Rabiot se savait attendu au tournant. Parce qu’il avait une ou deux incartades à se faire pardonner, lui, le réserviste boudeur de 2018, pour se défaire de cette image de renégat de l’ombre, et s’affirmer comme un milieu de terrain qui compte sur la scène internationale. Écarté de l’équipe de France pendant deux ans, Rabiot s’est rappelé au bon souvenir du sélectionneur en août 2020.
De retour en septembre de la même année, Rabiot n’a quasiment plus manqué à l’appel, jusqu’à apparaître comme un joueur incontournable aux yeux de Didier Deschamps, persuadé comme d’autres de la valeur de son joueur, longtemps décrié. Mais il manquait encore à Rabiot cette expérience de leader dans un grand tournoi. Les circonstances lui ont offert cette opportunité au Qatar, et on peut dire qu’il l’a saisie.
Rothen: "Il a été rayonnant"
Le Duc est entré dans sa première grande compétition internationale avec beaucoup de détermination. Son but et sa passe décisive contre les Socceroos ont placé les Bleus sur la voie d’un succès convaincant face à l’Australie, lui permettant par la même occasion de se libérer d’un poids, celui des attentes qui ont escorté chacun de ses pas depuis ses débuts au Paris Saint-Germain. Son image? "Elle changera certainement si la compétition se déroule bien", glissait-il avec malice avant le Mondial.
Et pour l’instant, la compétition se déroule plutôt bien, à la fois pour lui et pour l’équipe de France, qui s’est brillamment qualifiée ce dimanche pour les quarts de finale de la Coupe du monde en réalisant sa meilleure prestation du tournoi. Une fois n’est pas coutume, l’ancien "Titi" du Paris Saint-Germain a rendu une copie très propre, voire éblouissante. "J’ai adoré Rabiot, s’est enflammé Jérôme Rothen sur RMC. Il a mangé le milieu polonais, il a intercepté des ballons, il a été intelligent dans ses relances, il a joué propre et su se projeter dans le coeur du jeu, il a été rayonnant."
Élément stabilisateur de l’entrejeu, Adrien Rabiot a encore beaucoup couru dans la zone de Mbappé, récupérant un maximum de ballons dans les pieds polonais, n’hésitant pas à mettre de la vitesse dans le jeu et à se projeter vers le but de Wojciech Szczesny. Il a réalisé énormément de passes dans le dernier tiers adverse, preuve que son influence sur le jeu des Bleus ne se limite pas aux tâches défensives. Rabiot figure d'ailleurs parmi les joueurs qui ont le plus d'impact sur le plan offensif.
"Aujourd'hui, c'est un milieu complet, expliquait déjà Didier Deschamps. Je reprends cette formule parce qu'elle lui colle parfaitement à la peau : c'est un joueur d'équilibre. Je n'ai pas besoin de lui répéter trois, quatre fois la même chose. Il sait, il sent où il doit être. Tant mieux pour nous qu'il soit à ce niveau-là." Il ne reste plus qu’à espérer que cet état de grâce ne soit pas passager, mais bien annonciateur d’un tournant dans la carrière d’un joueur qui s'installe comme l'un des meilleurs atouts de l'équipe de France dans la quête de la troisième étoile.