
Luca, Théo, Elyaz… un fils Zidane atteindra-t-il les Bleus ?

Elyaz Zidane - ICON Sport
Des moins de 16 ans aux moins de 20 ans, les quatre frères Zidane cumulent 55 sélections en équipe de France. Dans l’ordre, il y a l’aîné Enzo le meneur de jeu, Luca le gardien de but, Théo le milieu axial et enfin le benjamin Elyaz, arrière gauche de 15 ans et récemment appelé chez les U17. Une rareté absolue dans le football mondial, avec les trois premiers déjà professionnels en attendant peut-être le petit dernier, d’1,95m tout de même.
Zinédine Zidane est, selon son biographe et spécialiste du football espagnol Fred Hermel, très heureux de voir ses garçons jouer au foot mais ne les a jamais poussés à devenir pros. "Les études étaient d’ailleurs plus importantes que le foot. S’il n’y avait pas de bonnes notes à l’école, pas de foot le week-end pour les Zidane", indique-t-il. Mais le problème ne s’est jamais posé, les trois premiers ayant obtenu leur baccalauréat, et la fratrie faisant preuve d’une très bonne éducation.
Fait confirmé par Jean-Claude Giuntini, ex-sélectionneur des catégories jeunes à la Fédération Française de Football : "Je n’ai jamais constaté un excès et ils ne souhaitaient pas être mis en avant, ils se sont intégrés très facilement". Tous les quatre qualifiés de talentueux, les frères Zidane ont pourtant des trajectoires très différentes.
Le plus prometteur : Théo Zidane, 21 sélections des U16 aux U20, milieu axial (19 ans, Real Madrid)
"C’est un potentiel à venir, et l’avenir", s’amuse Jean-Claude Giuntini son sélectionneur chez les moins de 17 ans il y a quelques années."C’est un milieu axial, très longiligne (ndlr : 1m94), généreux dans l’effort avec une bonne vision périphérique et grâce à sa taille un bon joueur de tête". Des qualités pour l’instant contrebalancées par une morphologie particulière qui le pénalise dans le changement de rythme. Jean-Claude Giuntini le voit avant tout milieu offensif dans l’axe, pas sur un côté justement à cause d’un manque de vitesse. "Mais il doit jouer des matches et continuer à travailler physiquement pour aller plus haut", note-t-il.
Fred Hermel confirme qu’au sein du Real Madrid, Théo Zidane fait partie des gros potentiels : "Personne ne le dit officiellement au Real, mais parmi les frères Zidane, les entraîneurs espagnols pensent que c’est lui qui a le plus de chance de réussir une belle carrière dans le foot". S’il n’est jamais apparu en équipe première au Real, Théo pourrait faire partie des jeunes de la Cantera appelés pour pallier les blessures des cadres cette saison. Il a joué quatre matches avec les moins de 20 ans français en 2021, sous les ordres de Bernard Diomède.

Le gros caractère : Luca Zidane, gardien de but, 30 sélections des U16 aux U20 (23 ans, Rayo Vallecano)
Champion d’Europe des moins de 17 ans avec les Bleuets, vainqueur de la Ligue des champions et de deux Coupes du Monde des clubs avec le Real Madrid, Luca Zidane possède un palmarès officiel qui en ferait saliver plus d’un. Mais le deuxième fils de Zinédine n’a joué que deux matches avec l’équipe première du Real. En cette fin d’année 2021, Luca n’est même que remplaçant au Rayo Vallecano, promu en Liga espagnole. "Mais il sort d’une très grosse saison en D2 espagnole, surtout lors des play-offs", plaide Fred Hermel. Un très bon gardien, gros caractère, et c’est ce qui lui coûte son expulsion lors de la première journée de championnat contre le Séville FC. Puis son suppléant (Dimitrievski) a brillé. Il a depuis perdu sa place".
Luca Zidane est reconnu en Espagne comme un bon gardien, "pas encore du niveau du FC Barcelone ou du Real, mais d’un club de milieu de tableau". Jean-Claude Giuntini, sélectionneur des U17 champions d’Europe avec Luca dans les buts (et sur le terrain Dayot Upamecano ou encore Jonathan Ikoné), encense son ancien portier. "Il a une personnalité affirmée, déterminant dans la performance. Tout est sujet à la compétition avec lui. Il est décisif pendant le championnat d’Europe, il est facile dans l’anticipation de la profondeur, très bon jeu au pied aussi". A 23 ans, et malgré son statut en club, Jean-Claude Giuntini ne referme pas définitivement la porte des Bleus pour Luca : "Il doit déjà s’asseoir en club, franchir les étapes et faire une très bonne carrière. Rien n’est rédhibitoire et on ne sait jamais".

Le pionnier : Enzo Zidane, meneur de jeu, 2 sélections en U19 (26 ans, Rodez)
Pour l’aîné des frères Zidane, une carrière en Bleu est a priori à oublier. "Enzo a essuyé les plâtres pour ses petits frères, affirme Fred Hermel. Il m’a déjà dit, 'moi je fais ma petite carrière c’est déjà bien'". Enzo Zidane est remplaçant en Ligue 2, à Rodez. Il a dans sa carrière écumé la D2 espagnole (une centaine de matches entre Alavès, Almeria et Majadahonda), a joué en Suisse (Lausanne) et au Portugal (Aves), sans jamais s’imposer dans la durée. Jean-Claude Giuntini l’a connu furtivement à Clairefontaine lors de stages, et lui a trouvé "une technique au-dessus de la moyenne mais un vrai manque de vitesse d’exécution qui est un facteur limitant".
Fred Hermel, proche de l’entraîneur de Majadahonda lorsqu’Enzo jouait dans la banlieue Madrilène, raconte : "Le coach me disait qu’il était presque trop discipliné, et il avait aussi du mal à tenir 90 minutes". Le moment de gloire d’Enzo Zidane restera un but avec le Real Madrid en Coupe du Roi lors de la saison 2016/2017 en seizièmes de finale contre le Cultural Leonesa, sous les ordres de….son père.

Le 'grand' petit dernier : Elyaz Zidane, arrière gauche, 2 sélections en U17 (15 ans, Real Madrid)
Un visage de gamin, et les gros titres de la presse pour un but marqué avec le maillot de l’équipe de France des moins de 17 ans contre la Moldavie quelques minutes seulement après son entrée en jeu. Elyaz est l’ultime produit de la formidable génétique Zidane. A 15 ans, il dépasse déjà tous ses frères avec son 1,95m. Il est pourtant arrière gauche, et joue pour la Juvenil du Real Madrid dans sa catégorie d’âge. Fred Hermel, proche de la famille Zidane, met le frein à main pour le petit dernier : "Il est vraiment trop jeune pour dire quoi que ce soit. Un peu comme Enzo, il a la pression de fermer la marche des fils Zidane. Il est en tout cas très discipliné".
Être un Zidane, avantage ou inconvénient ?
On voit bien à travers ces exemples que porter le nom de Zidane n’est en aucun cas un gage de réussite en équipe nationale et même dans le football professionnel. Mais voir les quatre endosser le maillot Bleu chez les jeunes peut interroger malgré tout quant à un favoritisme particulier ? Jean-Claude Giuntini assure que s’appeler Zidane n’apporte rien pour intégrer les sélections de jeunes à Clairefontaine. Par contre, "jouer dans un club comme le Real Madrid à 13, 14 ou 15 ans, ça braque les projecteurs sur eux. Ça retient l’attention des sélectionneurs et au niveau fédéral, avoir des jeunes français à l’étranger avec en plus une double nationalité, ça oblige à les détecter, les identifier, à aller les voir directement pour les faire entrer dans le giron équipe de France". Théo en pole position, Luca et Elyaz pour rêver, Zinédine Zidane attend donc son successeur sous le maillot frappé des deux étoiles de champion du monde, 15 ans après sa retraite internationale.