OM: Payet peut-il être rappelé en équipe de France pour le Mondial 2022?

Certains parleront de culture de l'instant, d’autres de pragmatisme. Après sa nouvelle prestation XXL jeudi face au PAOK Salonique en quart de finale aller de la Conference League (2-1), sublimée par ce bijou dont le Vélodrome se souviendra très longtemps, la question risque de se poser: faut-il rappeler Dimitri Payet en équipe de France? A-t-il une petite chance d’être au Mondial au Qatar? À un peu plus de sept mois du début de la compétition (21 novembre-18 décembre), le Marseillais part a priori de loin. Mais rien ne l’empêche d’espérer. Surtout s’il réitère ce genre de performance dans les mois à venir. Cette saison, sa feuille de statistiques affiche 13 buts et 12 passes décisives en 38 apparitions toutes compétitions confondues.
Si l’OM est plutôt bien parti pour terminer sur le podium de la Ligue 1 et ainsi retrouver la Ligue des champions, tout en rêvant d’un sacre européen en mai prochain, il le doit en grande partir à son chef d'orchestre. "Son début d’année a été compliqué. Mais ça va beaucoup mieux. Il est plus relâché, il trouve plus de libertés parce que les cartes sont plus redistribuées sur les leaders techniques grâce à l’émergence de Gerson et Amine Harit. Il est très performant. C’est le meilleur joueur de l’OM. Et puis il est apaisé. Il a vraiment envie de gommer son irrégularité avec Jorge Sampaoli", note notre consultant RMC Sport Jérôme Rothen. À 35 ans, Payet n’a peut-être plus le même rendement et la même aisance qu'en 2016, quand il était devenu un pion essentiel de l’équipe de France et avait pris la 17e place du Ballon d’or.
Le leader de l'OM
Mais il reste l’orfèvre de cet OM ambitieux. Celui dont la magie peut faire basculer une rencontre. Avec toujours autant d’adresse et de personnalité pour contrôler le jeu, interpréter les espaces, ouvrir des brèches, faire marquer et déstabiliser les défenses. Sans oublier une efficacité certaine. S’il y cinq penalties sur ses dix buts inscrits en Ligue 1, il faut remonter à sa dernière année lilloise (12 buts) pour le voir aussi clinique. "C'est un excellent joueur, un joueur de niveau Coupe du monde, un joueur très intelligent, qui rend le jeu facile", confiait récemment à son sujet Gerson. Même analyse du côté de Mattéo Guendouzi: "C’est un joueur super important pour nous, dans le vestiaire ou sur le terrain. On s’entend tous très bien avec lui. Il nous aide beaucoup et on l'aide beaucoup. Tout ce qu’il fait depuis le début de la saison c’est grandiose." Suffisant pour instiller le doute dans l’esprit du très rationnel Deschamps?
Interrogé fin mars sur un éventuel retour du Réunionnais, le sélectionneur n’avait pas fermé la porte. Tout en maniant la langue de bois à la perfection: "A un moment, il a eu un rôle important, décisif même, avait-il expliqué dans les colonnes de La Provence. Depuis il y a eu d’autres joueurs. Au même titre que Steve (Mandanda), il reste toujours sélectionnable. Quand je dis ça, on dirait que je ne dis rien et jamais je ne reprends ce genre de joueurs. Mais ça veut dire quelque chose tout de même. Ça dépendra de la situation." Et de la concurrence, aussi. La dernière de ses 38 sélections remonte au 11 octobre 2018. Il était entré en jeu lors d’un amical contre l’Islande (2-2) à Guingamp, avant de rester sur le banc cinq jours plus tard face à l’Allemagne (2-1), au Stade de France, en Ligue des nations.
Une forte concurrence
Depuis, le groupe tricolore a avancé sans lui. En se ratant à l’Euro avant de relever la tête avec cette victoire en Ligue des nations et cette qualification décrochée sans trembler pour la Coupe du monde. Dans le secteur offensif, une hiérarchie s’est clairement dessinée. Kylian Mbappé, Antoine Griezmann et Karim Benzema sont aujourd'hui incontournables. Ne pas voir Kingsley Coman au Qatar serait également une sacrée surprise. Derrière, c’est plus flou. Wissam Ben Yedder, meilleur buteur de Ligue 1 avec Monaco, joue peu avec les Bleus mais il enchaîne les convocations et reste sur un but contre l’Afrique du Sud (5-0). Olivier Giroud a lui rappelé lors du dernier rassemblement qu’il ne fallait surtout pas l’enterrer. Appelé depuis l’été 2021, Moussa Diaby part aussi avec une (grosse) longueur d’avance sur Payet.
Comme le petit nouveau Christopher Nkunku? Il ne faut pas non plus oublier des éléments comme Ousmane Dembélé, Nabil Fekir... En bref, revenir dans les plans de Deschamps s’annonce compliqué pour le numéro 10 marseillais. Lui-même en a conscience. "J’ai déjà répondu à ça. J’ai dit que c’était dans un coin de ma tête. Tant que je pourrai jouer au niveau international, ça sera dans un coin. Je suis sélectionnable. Quand on voit le potentiel offensif des Bleus, les places sont chères. On travaille", a-t-il confié dans l’émission spéciale OM du Vestiaire à découvrir en intégralité ce lundi sur RMC Sport. Il en saura plus sur ses chances d'être au Mondial avec l'annonce de la liste pour les quatre matchs des Bleus programmés début juin en Ligue des nations. A lui de continuer à briller, dès dimanche à Montpellier, pour forcer son destin.