Rennes-Fenerbahçe: sécurité renforcée mais inquiétude relative des autorités

Le Roazhon Park ne sonnera pas creux ce soir mais ne sera pas plein non plus comme il le devrait un soir d'Europe à Rennes. Sur les 28.000 places du stade en configuration UEFA, seuls 21.300 sièges devraient être occupés pour le match de Ligue Europa contre Fenerbahçe. Dans le détail, ce sont 20.000 supporters rennais et un parcage de 1.300 Turcs qui sont attendus.
Pourquoi si peu de monde? La première raison tient au manque d'engouement des supporters bretons eux-mêmes. Depuis le lancement de la billetterie réservée d'abord aux abonnés, les Rennais ne se sont pas arrachés les tickets. Au club, on reconnait que c'est une déception. La faute sans doute à un tirage au sort moins prestigieux qu'attendu (pas de Manchester United, d'Arsenal, de Lazio ou d'AS Roma) mais aussi à un prix des places que beaucoup de supporters jugent prohibitif.
En début de semaine, à quelques jours du match, un peu plus de la moitié des places avait trouvé preneur seulement du côté des fans rennais. D'où la crainte justifiée pour le club de laisser la voie libre à plusieurs milliers de supporters du Fenerbahçe au moment de l'ouverture de la billetterie grand public, avec le risque de voir un stade en bonne partie Bleu et Jaune.
Une vente au grand public annulée
Prévue lundi dernier, cette ouverture de la billeterie au grand public a donc été tout simplement annulée, en concertation avec la préfecture d'Ille-et-Vilaine. Une jauge de 20.000 places plus le parcage visiteur a aussi été entérinée. La préfecture d'Ille-et-Vilaine s'est justifiée lundi, considérant notamment que les supporters turcs sont connus pour être relativement démonstratifs et provocateurs et que la communauté turque en Bretagne était principalement partisane de Besiktas, un des clubs rivaux, ce qui pouvait conduire à un risque de tensions.
Seuls les supporters turcs qui ont acheté un billet pour le parcage visiteur pourront donc assister à la rencontre ce soir. Parmi eux, une cinquantaine viendront de Turquie, les autres venant de la communauté turque d'Allemagne, de Belgique ou des Pays-Bas, notamment. Avant de se rendre au stade, ils devront se regrouper dans un lieu sécurisé prévu par la préfecture où on leur remettra leur billet avant de les escorter au stade.
"Ca me désole parce que le foot est fait pour jouer devant des stades pleins"
Le club de Fenerbahce a également accepté de mettre à disposition plus de stadiers venus de Turquie. Le Stade Rennais, lui, déploiera 360 stadiers aidés par 160 personnes d'une entreprise de sécurité privée. Une vingtaine de franco-turcs de la région rennaise ont également été recruté pour jouer les médiateurs. Une zone tampon sera enfin mise en place autour du parcage afin d'éviter le lancement de projectiles sur les autres spectateurs des tribunes proches.
Côté forces de l'ordre, les pouvoirs publics annoncent le déploiement de 440 personnes comprenant trois unités de CRS, soit 300 personnes, ainsi que 140 policiers et gendarmes. Le match à l'origine classé au niveau 3 sur 5 en termes de risques de troubles à l'ordre public a été réévalué hier soir au niveau 4 avec la crainte de la venue de supporteurs sans billets.
Et le match dans tout ça? "Cela me désole parce que le foot est fait pour jouer devant des stades pleins" a regretté Bruno Genesio en conférence de presse. Malgré ça, je comprends aussi car je l'ai vécu moi-même avec Lyon, où il y avait eu de très graves incidents dans les tribunes lors d'un match face à Besiktas (quart de finale de C3 le 13 avril 2017). C'était très perturbant et même effrayant. On a peut-être des choses à revoir nous en France dans la gestion de la sécurité des matchs, mais je pense que c'est mieux que l'on joue devant moins de spectateurs mais que ça se déroule dans des conditions parfaites."