Fifa : pour son avocat, Platini "ne peut être que confiant "

Michel Platini - AFP
Thibaud d’Alès, quel est votre degré de confiance concernant l’appel de Michel Platini devant le TAS ?
On ne peut être que confiant. Et en tout cas, se réjouir d’avoir enfin accès à une juridiction indépendante et impartiale. Depuis le début de ce dossier, on joue sur le terrain de la Fifa, avec ses règles, ses arbitres. Et en plus, elle déplace les cages au moment où l’on s’apprête à tirer, ce qui complexifie un peu le jeu. Michel Platini a souhaité, car c’est un homme qui aime appliquer les règles, jouer le jeu avec les règles jusqu’au bout. Maintenant, on va enfin pouvoir aller défendre ce dossier devant un tribunal parfaitement indépendant et impartial. On s’en réjouit. Les lenteurs sont hallucinantes dans ce dossier. Michel Platini a mis seulement deux jours pour être sanctionné (une suspension de 90 jours par la commission d’éthique de la Fifa, au sujet d’une somme d’1,8 million d’euros que lui a versée Sepp Blatter en février 2011, ndlr). On est dans un dossier où il est évidemment urgent d’avoir une décision d’appel et il a fallu un mois et dix jours à la commission de recours pour la rendre. Cette décision a été rendue le 3 novembre et notifiée seulement le 18. Il a fallu 15 jours à la Fifa pour nous adresser le papier.
Comment allez-vous organiser la défense de Michel Platini ?
Il y a plusieurs axes de défense. Les premiers sont les arguments procéduraux. Michel Platini n’a pas eu le droit jusqu’à maintenant à un procès équitable, soyons clair. Il n’a jamais eu accès à son dossier, ce qui aurait pu lui permettre de comprendre ce qui lui était reproché. Il n’a pas été entendu par les gens qui ont pris les décisions. La charge de la preuve a été inversée, c’est-à-dire que la Fifa, au lieu de démontrer que Michel Platini a commis des fautes, nous dit : "Vous ne démontrez pas qu’il n’a pas commis de fautes". Vous conviendrez que c’est un peu plus compliqué de démontrer des choses qui n’existent pas. Et puis sur le fond, nous considérons qu’il n’a évidemment violé aucune règle, quelle qu’elle soit, et en particulier du code d’éthique de la Fifa.
Allez-vous fournir au TAS des documents pour innocenter votre client ?
Bien évidemment. Sachez, et ça vous surprendra peut-être, qu’ils ont déjà été fournis à la Fifa, qui a considéré qu’ils étaient de « peu de pertinence ». Evidemment que nous avons cette facture, la preuve de l’agrément de la Fifa sur ce paiement, la preuve que ce paiement a été autorisé par le directeur financier et le secrétaire général adjoint et que tout a été fait dans les plus grandes règles et dans la plus grande transparence. Tout ça va être maintenant soumis à des juges parfaitement indépendants et impartiaux.
Si le TAS ne blanchit Michel Platini, est-ce que cela en sera terminé de ses chances de devenir président de la Fifa ?
Je ne sais pas si ce sera définitivement terminé. Ça, l’avenir nous le dira. Nous sommes tout à fait confiants. Pour nous, la partie commence maintenant. Jusqu’à maintenant, nous étions devant une juridiction qui dépend directement de la Fifa. C’est un peu bizarre d’ailleurs que la Fifa puisse rendre des décisions pour des sujets qui la concernent elle-même. Depuis le début de ce dossier, nous avons dit que nous étions impatients de pouvoir aller au TAS. C’est maintenant chose faite, nous ne pouvons qu’être optimistes. On pense qu’on pourrait avoir une décision très rapidement, sans doute d’ici deux à trois semaines, et encore nous aimerions avoir une décision encore plus vite. Michel Platini sera sans doute présent mais cela reste à confirmer.