France 98: "Il fallait m'éliminer", Djetou déplore l'influence de Deschamps et Desailly sur les choix de Jacquet

Martin Djetou - AFP
Martin Djetou ne peut pas oublier. Le 22 mai 1998, le défenseur de Monaco fait partie des six recalés de la liste de l'équipe de France, qui sera sacrée championne du monde moins de deux mois plus tard. Une cicatrice jamais refermée, d'autant plus que le joueur formé à Strasbourg pense que cette décision a été influencée par deux autres joueurs de l'effectif: Didier Deschamps et Marcel Desailly, avec lesquels il a disputé le match anniversaire du titre de champion du monde ce mardi soir.
"Il fallait qu’Aimé Jacquet fasse des choix, raconte Djetou dans Libération. Malgré tout, pendant la préparation, il me disait souvent qu’il avait besoin de moi puisque je jouais à plusieurs postes mais à la fin, il ne me prend pas. Ce fameux soir, je suis déçu et je ne vois pas plus loin, je ne pense pas à ses mots pendant le stage. Quelques années après, j’ai vu une émission où il expliquait ne jamais prendre une décision sans en parler à ses joueurs cadres. Ce sont ces joueurs-là, Deschamps, Desailly qui n’ont pas fait pencher la balance de mon côté."
"Il y avait une énorme pression et si ça se passait mal, on aurait tapé sur les cadres, donc sur eux. Vieira et moi, on représentait la relève. Desailly sortait d’une saison pas terrible avec le Milan et moi, j’avais été rayonnant. Il fallait m’éliminer pour faire tomber la pression. Au final, ça a marché, donc chapeau."
"En Bleu, j’ai simulé des blessures pour ne pas y aller"
Djetou, qui assure qu'il n'a "plus été le même" depuis cette décision, va même plus loin. "En Bleu, j’ai simulé des blessures pour ne pas y aller. Un médecin m’avait assuré que si je disais que j’avais mal derrière la cuisse, il ne pourrait pas le diagnostiquer et dire le contraire. J’allais me faire ausculter à Clairefontaine, puis je rentrais chez moi, forfait. Sur le terrain, j’étais un roc mais en dehors, je ne cassais pas un œuf. Mes coéquipiers à Monaco, Henry ou Trezeguet, ne doutaient pas. Ils étaient pleins d’assurance quand moi je me faisais tout petit."
"En 2000, avant l’Euro, j’ai décliné la sélection quand Roger Lemerre m’a appelé. Je ne voulais pas ressentir le même vide. Je ne le sentais pas, il tournait autour du pot et j’avais besoin de savoir où j’allais. Il me mettait en balance avec Dugarry et ça n’avait pas de sens. Ça voulait dire que j’allais être la septième roue du carrosse et que j’allais rentrer chez moi. Alors, j’ai dit non."