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Guerre en Ukraine: cloîtré à Kiev, réveillé par des explosions, le récit glaçant de Noa Nehar, joueur du Dynamo

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Joint par RMC Sport, Noa Nehar, jeune joueur franco-algérien du Dynamo Kiev, raconte avoir été réveillé par des des explosions, ce jeudi matin, alors que le conflit entre la Russie et l'Ukraine est désormais ouvert. Il s’est cloîtré chez lui avec un coéquipier en attendant des consignes de l’ambassade.

Noa Nehar s’est fait réveiller en sursaut ce jeudi matin vers 4h du matin. "J’ai entendu trois ou quatre explosions mais je ne savais pas si c’était ça ou autre chose, témoigne-t-il sur RMC Sport. Mais ce n’était pas l’orage. Une heure plus tard, on en a entendu une autre. On a encore entendu une sirène vers midi." Des bruits inhabituels pour le jeune joueur, qui a rejoint le Dynamo Kiev début janvier en provenance de Monaco, où il avait intégré le centre de formation. Il vit au plus près la guerre déclarée par la Russie à l’Ukraine à l’aube ce jeudi.

Il n’a "pas peur", assure-t-il. "Inquiet? Non pas trop parce qu’on est en sécurité, esitue-t-il. On est dans un bon quartier de Kiev, Lipki, on attend juste." Il vit la situation avec son partenaire Samba Diallo (19 ans), ailier gauche international sénégalais U20. "On est enfermé dans notre appartement", explique-t-il. Les deux hommes n’ont pas été concernés par les évacuations subies par les habitants du centre-ville, un peu plus loin. Mais ils n’ont pas d’autre choix que d’attendre un retour des autorités pour quitter le pays. Ce qu’ils avaient envisagé de faire il y a plusieurs jours déjà, face à la montée des tensions entre les deux pays.

Le président avait refusé qu'il quitte le pays il y a quelques jours

"On avait demandé au président de partir mais il ne voulait pas parce qu’il y avait les matchs de la Youth League, rapporte le jeune joueur. Et là, il a dit qu’on pouvait, ça un peu retardé le fait qu’on puisse partir. Ça commençait à parler, la guerre commençait déjà à la frontière, des civils ont été tués en Russie. On sentait que ça arrivait."

"Il y a des bouchons partout parce que tout le monde veut quitter la ville, les trains sont pleins et l’aéroport est fermé, constate-t-il. C’est un peu compliqué pour partir. On attend que notre adjoint parle avec l’ambassade de France pour savoir quand on va pouvoir partir, peut-être aller en Pologne. On va voir ce qu’on peut faire."

Le joueur est désormais suspendu aux appels de son agent, en relation avec l’ambassade pour un potentiel rapatriement. Des discussions sont en cours au sein du club. "On va voir ce qu’ils nous disent, poursuit-il. On attend que nos agents nous disent quoi faire, si on prend un train pour aller en Pologne ou si l’ambassade nous trouve un créneau pour qu’on puisse partir et qu’on puisse trouver un vol qui nous ramène en France."

"On a acheté des pâtes, du riz, de l’eau"

Les deux colocataires vivent la situation plutôt sereinement pour le moment. Ils avaient pris leurs précautions en amont, en suivant les recommandations de l’ambassade. "On nous a dit de rester chez vous et de faire des provisions, souligne Noa Behar. Hier (mercredi), on a acheté des pâtes, du riz, de l’eau."

Ce qu’il faut pour ne pas prendre de risque à l’extérieur. Un climat bien différent de celui auquel il s’attendait en rejoignait le Dynamo. Mais si les choses ont vite changé. "Au début, il n’y avait rien, mais depuis une ou deux semaines, ça (les tensions, ndlr) commence à arriver, explique-t-il. On n’avait pas trop vu parce qu’on était parti en stage en Turquie avec l’équipe. Ça avait commencé à ce moment-là mais on n’avait pas trop suivi. Ça a empiré depuis."

Le flou règne, notamment en raison de la difficulté d’obtenir des informations diffusées en russe. Leurs partenaires locaux ne sont pas davantage informés. "C’est un peu confus, ils ne savent pas trop ce qui va se passer, si les entraînements sont maintenus, s’ils doivent quitter la ville ou rester chez eux, conclut Noa Behar. Les informations ne sont pas très claires pour nous." Il peut compter sur son colocataire qui, lui, n’a pas été perturbé par les bombardements. "Je n’ai pas eu peur parce que je n’ai pas entendu les bombes, je dormais", confie-t-il.

NC avec Maureen Lehoux