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Les contours du nouveau "syndicat" des clubs européens

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Info RMC Sport - Ce lundi, à Bruxelles (Belgique), sera lancée l’Union des Clubs Européens (UEC). Cette nouvelle association de clubs vise à représenter l’ensemble des clubs sur le vieux continent. Pas seulement les puissants. Comme plusieurs médias européens, RMC Sport vous dévoile les contours de ce nouveau projet.

C’est au cœur de l’Europe, à Bruxelles, que l’Union des Clubs Européens (UEC) va dévoiler son grand projet, lundi après-midi. Depuis plusieurs mois, les têtes pensantes de l’UEC réfléchissent à leur idée et "peaufinent" les derniers messages. Ce programme sera porté par Dennis Gudasic, secrétaire général, et les avocats Katarina Pijetlovic et Gareth Farrelly. Certains membres fondateurs étaient même présents à Prague lors d’une réunion de l’European Leagues (syndicat des Ligues européennes), la semaine dernière, afin de propager et d’expliquer les grandes lignes auprès de l’écosystème du football. Pour le moment, le message "passe plutôt bien", confie un membre de cet organisme.

Les premières heures d’un projet sont toujours importantes. L’idée principale doit vite capter l’audience. Sur le papier, le projet de l’UEC est assez simple: remplir un trou dans la gouvernance du football européen. Selon ses membres, plus de 90% des clubs européens ne sont pas représentés dans la gouvernance actuelle, via l'Association européenne des clubs (ECA) dirigée par Nasser Al-Khelaifi. Les clubs du milieu/bas de tableau, qui participent rarement à des compétitions de l’UEFA, sont particulièrement visés. A terme, l’ECA et l’UEC pourraient cohabiter, vu que les deux "syndicats" ne visent pas les mêmes cibles. Cette nouvelle organisation cherche donc à fédérer plusieurs clubs aux quatre coins de l’Europe. Dernière donnée importante: comme l’ECA, l’Union des Clubs Européens sera opposée au projet de Super League.

L’UEFA encore prudente

Du côté de l’UEFA, on reste encore prudent sur ce lancement. Cette frilosité peut s’expliquer par la puissance de Nasser Al-Khelaifi, président de l’ECA, au sein de l’instance européenne, surtout depuis l’échec de la Super League. Même si des présidents de Fédérations moins puissantes, rencontrées lors du congrès de l’UEFA à Lisbonne, semblent trouver cette idée "séduisante".

"De toute manière, l’ECA ne peut pas représenter l’ensemble des clubs, en France il y a bien une dizaine de syndicats pour les salariés ça devrait être pareil dans le football", sourit un président d’une Fédération de l’Europe de l’Est, en référence aux grèves sur la réforme des retraites. A l’UEFA, on essaie surtout de trouver le juste équilibre, au milieu des différents courants de pensée, entre les intérêts des fédérations les plus puissantes face aux plus petites.

L’UEC souhaite faire "contre poids", avec des "décisions actuellement prises qui vont souvent dans le sens des clubs de l’élite". Pour ses créateurs, une "mobilité sportive est possible pour tous". C’est-à-dire que des clubs de toutes les tailles peuvent arriver au sommet de la pyramide "s’ils travaillent bien". L’essentiel dans les premiers jours sera de convaincre les clubs. Les tractations vont bon train avant le lancement. Certains sont intéressés dès la présentation du projet, d’autres regardent ce lancement avec méfiance. Des clubs de Premier League sont déjà annoncés par la presse anglaise comme proches de rallier l’UEC. Les premières équipes qui rejoindront le mouvement pourront créer un élan pour la suite.

Loin du "projet Tebas"

Pour la médiatisation de cette nouvelle, l’UEC peut compter sur un soutien de poids, celui de Javier Tebas, le président de la Liga. Lundi, lors du lancement de l’Union, le patron du football espagnol sera à la tribune pour défendre ce nouveau "syndicat". Javier Tebas n’est pas à l’origine de ce projet né en 2021, il apporte juste son soutien depuis 2022.

Javier Tebas a quitté son costume de représentant de l’European Leagues pour qui il représentait les intérêts auprès du Comex de l’UEFA. D’ailleurs, l’Espagnol n’était pas présent au congrès de l’UEFA à Lisbonne début avril. En coulisses, la guerre Tebas / Al-Khelaifi fait rage. Le puissant patron de la Liga n’a jamais été un grand fan de l’ECA. Pour lui, ce syndicat est beaucoup trop puissant auprès de l’instance européenne. Du côté des opposants à ce projet, souvent des proches de Nasser Al-Khelaifi, l’UEC n’ira pas très loin. Certains essayent même de décrédibiliser ce projet. Les membres de l’Union des Clubs Européens clament qu’il n’y a aucune guerre avec l’Association des Clubs Européens.

Actuellement, l’ECA représente 245 clubs issus de 55 associations membres de l'UEFA. L'adhésion est accordée par cycle de quatre saisons et tous les membres doivent "jouer dans la première division au niveau national". En face, l’UEC, portée par des clubs moins prestigieux et moins élitistes, devrait présenter ses modalités d’adhésion lundi après-midi. David face à Goliath.

Nicolas Pelletier