
La justice espagnole ouvre une enquête contre Piqué et Rubiales dans l'affaire de la Supercoupe
La présidente du Tribunal de Première Instance et d'Investigation Préliminaire numéro 4 de Majadahonda dans la communauté autonome de Madrid a émis ce mardi une ordonnance, à laquelle le média espagnol IUSPORT a eu accès, dans laquelle elle accepte d'ouvrir une "procédure préliminaire pour le délit présumé d'administration déloyale et de corruption dans les affaires", suite à la plainte de l'Association Transparency présidée par Miguel Galán, après la polémique des audios diffusés par El Confidencial autour de l'attribution de la Supercoupe d'Espagne à l'Arabie Saoudite.
Délit présumé d'administration déloyale et de corruption dans les affaires
Pour le juge, les faits présentent les caractéristiques d'un délit présumé d'administration déloyale et de corruption dans les affaires. L'Association pour la Transparence et la Démocratie dans le Sport avait déposé la plainte le 30 mai contre le président de la fédération espagnole de football (RFEF), Luis Rubiales, et le joueur du FC Barcelone et dirigeant de l'entreprise Kosmos Gerard Piqué.
Il s'agit de la première procédure pénale ouverte par un tribunal pour le contrat signé en 2019 avec les Saoudiens pour l'organisation de la Supercoupe d'Espagne en Arabie saoudite, qui fait l'objet d'une enquête du parquet anticorruption depuis la mi-mai.
L'enquête préliminaire qui va donc s'ouvrir suite à l'admission de la plainte aura pour but de déterminer "la nature et les circonstances de l'événement, ainsi que les personnes qui y ont participé" comme le stipule la loi espagnole. Il devrait être ensuite décidé du tribunal qui sera chargé de la plainte.
Galan affirme 24 millions de bénéfice pour Piqué
Le plaignant Miguel Galán estime que Luis Rubiales a convenu avec Gerard Piqué de recevoir une commission de plusieurs millions pour le transfert de la Supercoupe d'Espagne en Arabie saoudite.
Sur la base des révélations journalistiques d'El Confidencial, le plaignant soutient que Rubiales et Piqué "ont convenu d'un plan pour réaliser un bénéfice de 24 millions d'euros en conspiration et aux dépens de la RFEF" et qu'ils ont "obstinément dissimulé" la commission que le footballeur recevrait pour son intervention, "prétendant que le paiement serait effectué par un tiers".
L'accord avec les Saoudiens permettra à la RFEF de recevoir jusqu'à 400 millions d'euros et à la société fondée et dirigée par le défenseur de recevoir 24 millions d'euros supplémentaires en commission pour son travail. Gerard Piqué est payé directement par les Saoudiens, a déclaré Rubiales après que les termes de l'accord ont été révélés. "Nous ne sommes pas venus en Arabie Saoudite. Maintenant, une fois qu'il a été amené, c'est la Fédération qui négocie avec l'Arabie saoudite", a-t-il dit.
"Ils ont exécuté leur plan en créant l'apparence que la commission n'existait pas"
La plainte ajoute : "Le défendeur M. Rubiales ne voulait pas que la commission de 24.000.000 euros de l'autre défendeur, M. Piqué, apparaisse dans aucun document. Le stratagème qu'ils avaient concocté consistait à cacher la commission, la rendant opaque non seulement à la société espagnole ou aux millions de personnes qui, selon l'article 3 de ses statuts, font partie de la RFEF (...) mais aussi à tous les organes internes qui pourraient les empêcher de commettre leurs actes. À cette fin, ils ont exécuté leur plan en créant l'apparence que la commission n'existait pas", affirme le plaignant, à qui le juge a demandé de déposer une caution de 10 000 euros afin de pouvoir se constituer partie civile.
Le plaignant affirme que le président de la RFEF aurait donné "son accord au nouveau format et autorisé le footballeur [Piqué] à sonder secrètement le marché de l'audiovisuel à la recherche d'éventuels acheteurs. À partir de ce moment, Piqué a commencé à travailler pour la Fédération parallèlement à son statut de joueur de l'équipe première du Barça", a-t-il déclaré. Galán a souligné que Rubiales a caché aux organes de contrôle interne de la Fédération royale espagnole de football (RFEF) son pacte avec Gerard Piqué pour obtenir une augmentation de salaire et pour que ce dernier reçoive une "commission de réussite".
Les règlements de la FIFA et de la fédération espagnole enfreints ?
La plainte allègue que plusieurs règlements pourraient avoir été violés, comme le code d'éthique de la FIFA, qui interdit la perception de commissions auprès de tous les dirigeants, arbitres et joueurs du football mondial "que ce soit pour leur propre bénéfice ou pour celui d'intermédiaires". De même, le code d'éthique de la fédération stipule qu'il est interdit "d'accepter, de livrer, d'offrir, de promettre ou de demander des commissions, pour son propre bénéfice ou celui de tiers, pour la négociation ou la conclusion d'accords, à moins que cela ne soit établi dans un contrat légitime".