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Courbis : « C'est Valéry Giscard Deschamps ! »

Rolland Courbis

Rolland Courbis - -

Consultant football pour RMC Sport, Rolland Courbis jette son oeil d'expert sur le conflit qui secoue actuellement l'OM entre Didier Deschamps et José Anigo. L'ancien entraîneur olympien s'interroge sur les origines de leur antagonisme et la stratégie de DD en vue d'un éventuel départ.

Rolland, que pensez-vous du conflit entre Didier Deschamps et José Anigo ?

On ne peut pas être amis avec tout le monde, mais avoir l’intelligence de bosser ensemble. Il y a un an et demi, l’OM était champion. Je crois savoir que les deux personnes qui s’attaquent médiatiquement étaient là au même poste. Il faut chercher et régler les problèmes différemment. Ce n’est pas moi qui ait inventé le dicton : « il n’y a pas de problèmes, il n’y a que des solutions ».

Peut-on parler de caution marseillaise, en ce qui concerne la longévité de José Anigo ?

Non, c’est une question de fidélité. Quand on présente les choses en disant que beaucoup d’entraîneurs sont passés et que José Anigo est resté, j’ai l’impression que c’est quelque chose d’anormal. Mais c’est le métier d’entraîneur qui est compliqué. Et puis, quand on compare les salaires d’un entraîneur et d’un directeur sportif, on sait très bien que le plus facile des deux à virer financièrement, c’est le premier… Il suffit d’une attaque déguisée de Didier Deschamps et d’une réponse de José Anigo pour se rendre compte de sa longévité dans le club. Deschamps a peut-être soulevé un problème qui, apparemment, a vraiment l’air d’en être un.

Quelle est la nature du relationnel entre les deux hommes ?

Il y a une différence pour un directeur sportif d’avoir un entraîneur comme Deschamps ou un autre. La relation entre les deux, je ne la connais pas. Anigo est le Marseillais fidèle à son club, à sa région. J’ai ma petite idée sur le pourquoi de ce clash. Pas sur la riposte de José, qui est logique. C’est sur l’attaque de Didier, la veille d’un match, que je n’ai pas de véritable réponse.

Votre petite idée ne concerne-t-elle pas Jean-Pierre Bernès (agent de Deschamps, Blanc, Nasri, etc...) qui avait failli venir comme consultant lors du début de présidence de Jean-Claude Dassier et dont José Anigo ne voulait absolument pas entendre parler...

Jean-Pierre Bernès relie beaucoup de choses. S’il est important dans ces problèmes-là, il y a des solutions, au travers de discussions, qui peuvent se trouver, afin de déterminer qui veut faire quoi. Je n’ai pas de réponse. Mais je me pose la question suivante. « Est-ce que Didier ne veut pas aller au clash pour se faire virer ?». C’est ce qu’on me dit aussi du côté de Marseille. J’écoute et j’essaie de comprendre. Je n’ai pas la réponse mais j’écoute les allusions et les possibilités. Et je me dis : « Pourquoi pas ? Je n’y avais pas pensé ». Et peut-être, compte tenu de la somme (l’indemnité en cas de départ, ndlr), qu’il aurait la générosité qu’elle soit étalée…

Didier Deschamps a déclaré lundi : « Personne, ici, n'a le monopole de l’amour de l'OM ». Qu'en pensez-vous ?

J’ai vu que Didier retrouvait la forme sur le plan intellectuel avec de belles phrases. J'ai failli verser une larme. Donc, c'est vrai que c'est une très belle phrase. Avec des amis, on l'a baptisé amicalement Valéry Giscard Deschamps (en référence à la phrase adressée à François Miterrand par VGE le 10 mai 1974 lors du débat du second tour de la présidentielle : « vous n'avez pas le monopole du cœur », ndlr). Ça lui va très très bien. Mais plaisanterie mise à part, je souhaite que Didier retrouve la forme lui aussi. Tout le monde en a besoin.

Que vous inspire l'amende infligée par Vincent Labrune à José Anigo ?

Je n’ai pas très très bien compris. Je suis surpris qu'un seul des deux soit sanctionné alors qu'on dit que dans l'intérêt de l'OM, tout le monde doit aller dans le même sens. Je ne trouve pas ça très normal. Mais je pense que Vincent Labrune, dans cette affaire, s'est dit qu'il n'allait pas trouver la bonne solution, mais la moins mauvaise en sanctionnant José pour ses propos. Et en préservant Deschamps pour maintenir une confiance indispensable pour repartir du bon pied avec ses joueurs.

Le titre de l'encadré ici

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Courbis n’acceptera pas « n’importe quel challenge »

Un temps pressenti du côté de Monaco, Rolland Courbis pourrait rebondir l’hiver prochain. L’ancien entraîneur de Montpellier serait sur les tablettes de plusieurs sélections africaines en vue de la CAN 2012, dont le Niger, où son nom revient avec insistance.  Pas forcément dans le rôle d’un sélectionneur. « J’ai quelques possibilités qui peuvent se concrétiser dans les prochains jours, les prochaines semaines, a confirmé l’intéressé à RMC Sport. La possibilité d’accompagner un staff en place, sans que le sélectionneur soit viré, c’est sympa. Et puis cela me donnera l’occasion de m’amuser un peu et d’aider une équipe à progresser.  Où ? Je ne peux pas en parler. Il y a un accord de discrétion avec eux. Il y a également la possibilité de reprendre un club, à Alger. Là aussi, je dis pourquoi pas. » S’il est ouvert à toutes discussions, Courbis se veut clair et ferme : il n’acceptera pas n’importe quoi. Si le projet est intéressant, si le groupe est compétitif pour être champion… je ne vais pas accepter n’importe quel challenge comme cela avait été le cas par le passé. Les défis exclusivement sentimentaux, comme j’avais pu en connaitre avec Montpellier, Toulon, Ajaccio, j’en ai passé l’âge et l’envie. Je n’ai plus la patience pour ça. Un challenge qui me permettrait d’être champion d’Algérie ou de disputer la Ligue des champions africaine, je dis oui. Mais je n’en sais pas plus aujourd’hui. »