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De Tavernost : "Il faut que Bordeaux bouge plus"

Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6

Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6 - AFP

EXCLU RMC SPORT. Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6, estime que les investissements faits cet été pour les Girondins de Bordeaux offrent les moyens de viser une qualification européenne. Et souhaite plus d’enthousiasme autour du club.

Nicolas de Tavernost, êtes-vous satisfait du début de saison des Girondins ?

Oui, avec quelques nuances. On sent que l’état d’esprit a changé. L’année dernière a quand même été très compliquée, même si elle s’est mieux terminée, grâce notamment à Ulrich Ramé. Il y a une meilleure ambiance. Je crois qu’il y a une bonne équipe. On a fait les efforts nécessaires pour qu’il y ait une bonne équipe. Et puis on est satisfait d’un entraîneur (Jocelyn Gourvennec, ndlr) qui met un état d’esprit et sa compétence. Maintenant, je vous dirai ça pleinement quand il y aura les résultats sportifs. C’est toujours pareil. Vous pouvez être content de la façon dont ça fonctionne. Et incontestablement, ça fonctionne bien. Après, si les résultats sportifs ne suivent pas, on aura beau être content, ce sera une année décevante. J’espère qu’on va être du bon côté de la pièce en matière de résultats.

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Que pensez-vous de Jocelyn Gourvennec ?

C’est quelqu’un que je ne connaissais pas avant qu’il arrive à Bordeaux. C’est quelqu’un qui est loyal, franc, direct. Noël Le Graët (ancien président de Guingamp) m’en avait dit le plus grand bien. On était vraiment encouragé par beaucoup de gens à le prendre. Il y avait d’autres candidats auxquels on avait pensé. Je pense que c’est un bon entraîneur. Mais encore une fois, il y a la dure réalité. Il faut qu’il y ait les résultats.

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Quel est l’objectif cette saison ?

C’est d’être au minimum en Europa League. On serait déçu si on ne l’était pas. Nous voulons retourner en Coupe d’Europe. On a un effectif qui est pour la Coupe d’Europe, pas pour figurer à la 10e ou 12e place. Pour le moment, je crois qu’on est à la 6e place. Le jeu reste très ouvert. Il y a un bon effectif, une bonne force d’attaque. On a retrouvé un très grand gardien, les arrières sont prometteurs. Après, il faut que ça tombe du bon côté. J’espère qu’il y aura plus de monde au stade parce qu’ils produisent du jeu. Il faut impérativement qu’on soit supporté. Un club ne peut pas se débrouiller tout seul s’il n’est pas supporté. Ça viendra aussi avec les résultats. Ça serait une saison décevante si on n’est pas en Europa League. C’est clair et net.

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Jérémy Ménez est la tête d’affiche de l’équipe cette saison…

C’est un grand joueur, qui a aussi des hauts et des bas. On est très heureux d’avoir une figure qui est un combattant. Un mauvais caractère, mais c’est pas mal. Il n’aime pas perdre, il se bat, il râle. Mais moi, je trouve ça pas mal. Il y a d’autres garçons. L’effectif est bon. Je suis content de Carrasso, qui fait un très bon début de saison. On l’a perdu l’année dernière, on a vu ce que ça nous a coûté, même si on a un deuxième gardien qui est bon. Malcom, Rolan, ce sont quand même des joueurs de qualité. On a recruté un Polonais (Igor Lewczuk, ndlr) qui donne satisfaction aujourd’hui. Sertic est revenu. Je crois qu’il y a une bonne équipe. Après, la prestation à Paris m’inquiète un peu. J’espère que ça sera une parenthèse dans la saison. Ce n’était pas forcément où on pensait gagner des points. A Lyon, on a pris un but tout de suite, la réaction a été formidable. On ne l’a pas vue à Paris.

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Que manque-t-il aux Girondins ?

Il nous manque peut-être un peu aujourd’hui l’enthousiasme de la réussite. Quand on sort d’une saison très mitigée comme la dernière, on a peut-être encore un peu trop le pied sur le frein encore. Et peut-être un peu plus d’expérience dans le jeu. Mais on va plutôt vers un jeu offensif et ça, c’est plutôt satisfaisant. On a les capacités d’atteindre les objectifs. Ça, c’est sûr.

Trouvez-vous que l’image du club est trop tranquille ?

Je pense qu’il faut que Bordeaux bouge plus. Ça va être une de nos préoccupations dans les mois et les années qui viennent. Le football bouge. Nous avons des compétiteurs qui bougent, soit parce qu’ils ont des partenaires, soit parce qu’ils ont changé un certain nombre de choses. Il faut effectivement qu’on retrouve un peu plus d’agressivité, d’enthousiasme, de rigueur à Bordeaux. Je pense qu’on n’en est pas loin. On va s’en occuper. On discute avec les dirigeants, l’organisation. On va mettre des challenges. Il faut peut-être qu’on soit plus présent nous, comme actionnaire. On a commencé. L’équipe n’est pas la même que l’an dernier. Le sportif n’est pas le même que l’an dernier. On a commencé à mettre un peu d’investissements dans ce club. Je pense qu’il faut que ça bouge. J’espère aussi que le public va un peu bouger. C’est interactif. Le public, s’il y a des résultats, va venir plus nombreux dans ce beau stade. On a eu le pépin de la pelouse (touchée par un champignon, ndlr), mais ça va être réparé.

Comment prenez-vous les critiques des supporters ?

C’est assez normal. Grosso modo, tout le monde voudrait avoir Ronaldo à Bordeaux. On peut se tromper, on s’est souvent trompé dans des choix. Ça arrive. Les gens objectifs, et la plupart des supporters le sont, voient bien que dans l’ensemble, on a vraiment fait les efforts pour essayer d’avoir des joueurs compétitifs, bons. Cette année, en matière de recrutement et d’investissement, on perd près de 10 millions. C’est quand même beaucoup d’argent. En tout cas, je constate, je l’ai vu encore à Paris, que les supporters de Bordeaux supportent leur équipe, y compris quand ça ne va pas bien. L’année dernière, on a passé un cap difficile, ils étaient là. Qu’ils disent aux joueurs de se bouger les fesses, ça ne me dérange pas. Qu’ils disent que l’actionnaire est un peu radin, même si ce n’est pas vrai, ils ont le droit de le dire. Mais ils sont là dans les moments difficiles. Quand on était mené 2-0, on entendait plus les Bordelais que les Parisiens dans le stade. C’est quand même une grande satisfaction. C’est plus le public en général qui nous fait défaut en ce moment à Bordeaux. J’aimerais bien qu’à Bordeaux, on se rende compte que si on veut avoir une grande équipe, ce n’est pas simplement un coup de chéquier ou le fait de changer d’actionnaire, de manager. Il faut aussi qu’il y ait un public qui vienne encourager l’équipe.

la rédaction avec Mohamed Bouhafsi