Deschamps-Anigo, les dessous d'un clash

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« Tout le monde tire-t-il dans le même sens ? » Voilà la question qui a mis le feu à l’OM. Depuis la sortie médiatique fracassante de José Anigo à l’encontre de Didier Deschamps samedi soir, la réponse est clairement non. Selon nos informations, le véritable clash entre l’entraîneur et le directeur sportif olympien a eu lieu en fait dès la veille, vendredi soir avant dîner au centre d’entraînement Robert Louis-Dreyfus. Extrêmement irrité par les déclarations de Deschamps, lequel avait sous-entendu dans l’après-midi que tout le monde ne faisait pas front derrière lui, Anigo, rapidement alerté et qui s’est légitimement senti visé, a eu une franche explication de plusieurs dizaines de minutes avec le coach olympien. Les deux hommes ont vidé leur sac. Après la victoire contre Ajaccio (2-0), Anigo en a remis une couche, face aux médias cette fois. Ses mots, très durs, ne resteront pas sans suite. On ne compare pas Deschamps à Caliméro sans en mesurer les conséquences. Mais pourquoi en est-on arrivé là ?
Depuis l’arrivée de Deschamps à Marseille en 2009, la cohabitation entre les deux hommes est difficile. « DD » et Anigo ne s’apprécient pas. Ils ne se parlent que très rarement et vous ne les apercevrez jamais côte à côte dans un avion ou dans les salons du Vélodrome. Au-delà de leur tempérament, diamétralement opposés, leurs intérêts sont souvent divergents. Anigo, la « caution marseillaise » du président Vincent Labrune, est très proche des groupes de supporters. Deschamps le soupçonnerait d’être à la manœuvre derrière les nombreuses banderoles qui lui ont été hostiles, notamment celles des Yankees et des Winners. Des accusations qui ont rendu furieux José Anigo.
Selon nos informations, Deschamps est persuadé qu’Anigo savonne régulièrement sa planche, notamment en critiquant ses choix dans son dos. Le directeur sportif olympien se chargerait régulièrement, selon Deschamps, de mettre de l'huile sur le feu dans ses relations avec certains joueurs comme Charles Kaboré et André-Pierre Gignac, en manque de temps de jeu, certes, mais dont les conseillers sont des proches... de José Anigo.
Labrune prend du recul
Deschamps, soutenu par son président et l'actionnaire ces dernières semaines, aurait aussi apprécié qu’Anigo monte au créneau pour le soutenir. Les proches de « DD » remarqueront que le directeur sportif de l'OM n'a jamais été aussi absent que ces dernières semaines du côté de la Commanderie. A l'OM, la guerre des clans est désormais ouverte. « Anigo a disjoncté, lâche un fidèle de Deschamps. S’il n’a rien à se reprocher, il n’a pas à se sentir visé ». » « José n'a pas tort, répond un proche du dirigeant olympien. Avec Deschamps, quand ça ne va pas, c'est toujours la faute des autres ! »
Quoiqu’il en soit, ce clash fait perdre encore un peu plus de crédit à l’OM alors que Vincent Labrune, le président, et Margarita Louis-Dreyfus, la propriétaire, travaillent d’arrache-pied pour améliorer l’image du club. Dimanche, le patron phocéen nous confiait vouloir prendre un peu de recul sur ces événements. Difficile de savoir aujourd’hui si Deschamps et Anigo pourront cohabiter dans une telle atmosphère jusqu’à la fin de la saison. Et si départ il y a, qui doit partir ? Impossible de répondre. On en saura peut-être un petit peu plus ce lundi. A 15h45, à quelques heures de la réception de Lens en Coupe de la Ligue, Didier Deschamps est attendu en conférence de presse. L’une des plus attendues depuis son arrivée à l’OM.
Le titre de l'encadré ici
Anigo, planète Marseille |||
A 50 ans, l’actuel directeur sportif de l’OM incarne son club. Ancien arrière droit, ce Marseillais au caractère trempé et à la réputation sulfureuse n’a pas que des amis. Bernard Tapie et aujourd’hui Didier Deschamps peuvent en témoigner.
Dans la longue histoire de l’OM, peu de dirigeants ont échappé, un jour ou l’autre, à la colère des supporters. José Anigo en fait pourtant partie. Cet ancien minot qui a participé à la remontée du club phocéen en L1 en 1983-84 était un arrière droit rugueux à la technique plutôt limitée. Aujourd’hui âgé de 50 ans, l’homme devenu dirigeant est aussi incisif devant les micros que dans ses tacles passées. C’est qu’Anigo a un sacré caractère. Prêt à tout pour défendre les intérêts de son club, l’homme est quelque fois « borderline ». Intègre à défaut d’être toujours objectif, il n’hésite pas à aller au clash. Si Deschamps a subi ses foudres vendredi dans l’intimité du centre d’entraînement Robert Louis-Dreyfus, Anigo est aussi l’un des rares à s’être opposé à Bernard Tapie. Lors de la saison 2001-02, alors qu’il effectue un intérim au poste d’entraîneur, l’homme au crâne rasé s’oppose aux idées du boss olympien, de retour au club, et décide de retourner s’occuper du centre de formation.
Un homme de réseaux
Mais José Anigo reste rarement dans l’ombre. Lors de la saison 2003-04, il revient en première ligne après le limogeage d’Alain Perrin. Avec lui, la génération Drogba atteint la finale de la Coupe de l’UEFA (défaite contre Valence). Deux revers contre le PSG, un club qu’il ne porte pas dans son cœur, auront raison de lui au début de la saison suivante.
A Marseille, malgré de solides détracteurs, Anigo a toujours la cote. Promu directeur sportif en 2005, il est celui qui fait le pompier quand il y a le feu chez les supporters. De Pape Diouf à Jean-Claude Dassier en passant par Vincent Labrune aujourd’hui, tous les présidents olympiens se sont appuyés sur sa connaissance de la ville et de ses réseaux. Dévoué corps et âme à l’OM, José Anigo est-il toujours incontournable ? La réponse pourrait tomber dans les prochains jours.