Deschamps sous pression

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Margarita Louis-Dreyfus s’exprime rarement pour ne rien dire. Mécontente des résultats de son club cette saison, l’actionnaire principale de l’Olympique de Marseille a profité de la mini-trêve internationale pour taper du poing sur la table. Responsable du secteur sportif, Didier Deschamps est dans l’œil du cyclone : « Je lui ai donné tous les moyens et pouvoirs sportifs pour réussir, a-t-elle déclaré vendredi dans les colonnes du Monde 2. Maintenant, c’est à lui de montrer ce qu’il peut faire. » La 13e place de l’OM à 12 points du rival parisien ne passe pas. « Robert Louis-Dreyfus aurait pu dire la même chose, commente Rolland Courbis. Elle ne peut quand même pas dire : « Continuez à gagner un match sur neuf ! »
Reste que la sortie médiatique de « MLD » ne doit rien au hasard. Si l’entretien était, selon Labrune, « prévu depuis deux mois », il aura permis au président phocéen -qui maîtrise la communication de l'actionnaire de l'OM- de rappeler que les objectifs doivent être en adéquation avec l'investissement de sa patronne. L’actuel président de l’OM a même pris part mardi soir à cette conférence téléphonique d’une durée de 15 minutes. Expert en communication, Labrune est le chef d'orchestre des paroles de « MLD ». Cette interview sonne donc comme un « avertissement » aux joueurs, et surtout à Didier Deschamps. « Margarita a investi beaucoup sur Deschamps, explique-t-il. Je peux en parler, car j’ai passé deux mois à essayer de convaincre Didier de rester en avril et mai dernier ».
Labrune « Deschamps n'est pas menacé, ni de près, ni de loin »
Vincent Labrune et Margarita Louis-Dreyfus regrettent-il déjà d’avoir prolongé le technicien phocéen jusqu’en 2014 ? Aujourd’hui, un départ prématuré de Deschamps coûterait entre 8 et 10M€ à l’OM. Une somme colossale dans un contexte économique délicat pour les champions de France 2010. « Deschamps n’est pas menacé, ni de près, ni de loin, assure d’ailleurs Vincent Labrune. Margarita ne l’a pas dit et elle ne le pense pas. »
Si l’avenir du champion du monde 1998 est donc toujours à Marseille, ce premier coup de pression sous l’ère Labrune fragilise sa position et pourrait bien refroidir ses relations avec son président. Autant dire que le climat s’annonce tendu dans les prochains jours. « MLD » a décidé d’exprimer directement son mécontentement à ses joueurs jeudi prochain, à l’avant-veille du déplacement des Marseillais à Toulouse. Didier Deschamps, lui, n’attendra sans doute pas une semaine avant d’avoir une explication avec ses dirigeants…
Le titre de l'encadré ici
Deschamps : «Il n'y a qu'une personne qui décide, c'est Margarita»|||
Après la victoire de son équipe contre Monaco (4-1) en match amical vendredi à Carprentras, l’entraîneur marseillais est revenu sur l’interview accordée par Margarita Louis-Dreyfus au Monde. Le coach marseillais accepte les critiques de l’actionnaire.
Didier Deschamps, comment réagissez-vous aux propos de Margarita Louis-Dreyfus ?
Elle est dans son rôle d’actionnaire et de propriétaire du club. Est-ce une mise en garde ? Je ne le prends pas comme ça. Elle n’est pas contente de la situation sportive du club. Comme moi et le président (Vincent Labrune, ndlr). Elle attend de meilleurs résultats. C’est mon souhait aussi. Il n’y a rien de plus par rapport à ce que je sais. Elle n’a pas besoin de passer par la presse, une radio ou une télé. On se voit assez régulièrement. On déjeunera ensemble.
Son mécontentement est-il logique ?
S’il y a quelqu’un qui aime l’OM et qui est content aujourd’hui, présentez-le moi ! Elle a pris la succession de son mari (Robert Louis-Dreyfus, décédé en 2009, ndlr), elle a injecté de l’argent. Cet été aussi. Elle a dit les choses comme elle le pense. Il n’y a qu’une personne qui décide, c’est elle. Je n’ai pas de souci par rapport à ce qu’elle peut dire ou penser.
Une vente éventuelle du club peut-elle inquiéter les supporters de l’OM ?
Qui peut lui enlever cette liberté ? Elle aurait pu le faire quand son mari est décédé (en 2009, ndlr). Elle ne l’a pas fait pour respecter sa mémoire, et pour ses enfants. Elle aurait aussi pu le faire il y a un an. Elle est libre de le faire à tout moment. C’est elle qui décidera.
Vous ne prenez donc pas cette sortie médiatique comme un coup de pression ?
A Marseille, la pression est permanente ! Je ne suis pas sur une autre planète. Je suis réaliste. La situation n’est vraiment pas bonne. Il faut faire en sorte que les résultats soient meilleurs afin que tout le monde vive mieux la situation.