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Dossier Thiriez : une communication qui fait débat

Frédéric Thiriez

Frédéric Thiriez - AFP

Dans le cadre de son dossier sur Frédéric Thiriez, RMC Sport s’intéresse ce vendredi à la communication du président de la LFP. Très critiqué à ce sujet, le patron du foot professionnel français peut aussi compter sur quelques soutiens.

L’arbitrage, l’affaire des matchs présumés truqués en Ligue 2, Luzenac, les insultes de Zlatan Ibrahimovic… : c’est peu dire que Frédéric Thiriez a eu du travail cette saison. Et à chaque fois, le président de la LFP a pris clairement position. Si le fond a souvent fait débat, la forme a aussi été contestée. Opposé au patron du foot professionnel français sur le dossier de la suspension de Zlatan Ibrahimovic, Jean-Michel Aulas a été l’un de ses principaux détracteurs.

« Je crois qu’il donne le meilleur de lui-même. Le problème, c’est qu’il a un certain nombre d’activités à gérer par ailleurs, explique le président de l’OL. Aujourd’hui, pour être élu à la présidence de la Ligue, il faut donner satisfaction à toutes ses composantes. Or ça fait souvent mal aux adducteurs de faire le grand écart. Donc ce n’est pas l’homme qui est en question, c’est la gouvernance. Mais je n’ai pas non plus aimé son communiqué de presse qui me mettait en cause alors qu’un certain nombre de clubs avaient été favorisés de manière anormale. Je n’ai pas à recevoir de leçons de morale ou d’éducation qui n’ont pas lieu d’être. » 

Dieuze : « Il stigmatise tout le côté obscur du football »

Nicolas Dieuze, lui aussi, a peu apprécié la communication de Thiriez cette saison. Le défenseur de Luzenac, qui avait obtenu son accession sportive de National en Ligue 2, a vu sa belle histoire voler en éclat sur tapis vert l’été dernier. Et le défenseur du LAP n’a pas digéré la façon dont le dossier a été géré : « En termes d’image, il stigmatise tout le côté obscur du football, ce capitalisme acharné, même si je ne suis pas en train de vous dire qu’il ne faut pas d’argent dans le football. Aujourd’hui, c’est une industrie, donc on ne peut pas aller à l’encontre d’une industrie qui fonctionne, mais ça n’empêche pas d’avoir le respect de l’homme, le respect de l’histoire d’un club, d’une aventure sportive. Ça reste du sport. Au-delà de tout, je pense qu’il y a une déontologie, une éthique à respecter et on peut clairement mettre en doute aujourd’hui cette vision de Thiriez depuis sa prise de fonctions. »

« Ce qui qualifie Frédéric Thiriez, c’est que c’est un chat, compare Pascal Irastorza, spécialiste en gestion et communication de crise. Et comme tous les chats, il essaie d’abord de retomber sur ces pattes avant d’avoir la moindre préoccupation de l’environnement qu’il a autour de lui. Ce n’est pas la bonne méthode, mais c’est sans doute celle en revanche qui lui permet de durer si longtemps et qui lui permettra de passer aux travers des gouttes et d’être finalement le plus petit dénominateur commun, celui sur lequel on se met d’accord quand on n’arrive pas à se mettre d’accord sur des enjeux plus importants. Ça suppose qu’il révise sa politique de communication, qu’il pense un peu plus à son métier et un peu moins à lui. Je pense très franchement que sa communication témoigne d’une grande préservation de sa personne plus que des intérêts du football. »

Le Graët : « Il y a toujours des mécontents »

Le tableau n’est toutefois pas uniforme. Frédéric Thiriez possède aussi des soutiens, conscients que sa tâche n’est pas si simple. Et qu’elle implique, forcément, de faire des mécontents. « S’il s’exprime, les gens le critiquent, s’il ne s’exprime pas, les gens le critiquent, souffle Nicolas de Tavernost, le propriétaire des Girondins de Bordeaux. Souvent, les présidents ou les gens qui lui reprochent sa communication, c’est parce qu’il n’a pas défendu leur unique point de vue. Souvent, la Ligue est chargée de faire appliquer des règlements qui ne sont pas toujours aimé du grand public. »

Noël Le Graët, son homologue de la FFF et ancien président de la LFP entre 1991 et 2000, se montre lui aussi clément au sujet de cette communication « thiriezienne » : « La difficulté pour la Ligue, c’est qu’il y a du foot tous les week-ends et tous les week-ends, il y a un dossier qui doit être réglé. Il y a toujours des mécontents. Vous savez, quel que soit le président de la Ligue demain, il aura des problèmes d’arbitrage à traiter, des problèmes d’humeur… Il y aura toujours des problèmes. Qu’on dise oui ou non, il y a des mécontents. » Et Frédéric Thiriez devra toujours composer avec eux.