L’OM va rassembler ses joueurs pour parler des attentats

Lassana Diarra aura droit à un accueil sur mesure. - AFP
A Marseille, le retour à la maison olympienne se fera pour certains avec le cœur lourd. Lassana Diarra a perdu sa cousine dans l’une des fusillades. Depuis le rassemblement Espoirs, Georges-Kévin Nkoudou a appris la mort d’une de ses amies d’enfance. Steve Mandanda a, comme tous ses coéquipiers en équipe de France, vécu une longue soirée d’angoisse après le match contre l’Allemagne, avant de quitter le Stade de France.
Michy Batshuayi a, lui, été stoppé dans son élan (un but et une entrée convaincante contre l’Italie vendredi dernier, Ndlr) et a quitté sa sélection belge un peu plus tôt que prévu, le match Belgique-Espagne ayant purement et simplement été annulé en raison des risques d’attentats terroristes.
Diarra de retour vendredi
La liste n’est pas exhaustive. Et toutes ces émotions, petites ou profondes, le club olympien a décidé de ne pas en faire abstraction. Dans ce contexte, l’OM s’apprête d’abord à réserver un accueil sur mesure à Lassana Diarra. Même si l’homme est costaud -comme l’a prouvé sa magnifique lettre publiée sur son compte twitter où il faisait part du décès de sa cousine tout en appelant à l’unité, à l’amour et à la paix- le staff médical de l’OM a déjà prévu de proposer à Diarra un débriefing individuel, dès son retour à la Commanderie.
Une approche psychologique simple mais nécessaire : savoir si « Lass » a besoin d’un soutien, s’il ressent l’envie de parler et d’extérioriser certaines émotions. Bref, évaluer le degré d’accompagnement dont le joueur aura besoin avant de reprendre son quotidien sur les terrains d’entrainement et sous le maillot de l’OM. Le joueur a d’ailleurs reçu ces dernières heures beaucoup de messages de soutien venant de Marseille, dont celui du président Vincent Labrune. Il a aussi reçu l'autorisation de rester auprès de ses proches quelques heures supplémentaires, et il sera de retour demain, vendredi, à la Commanderie.
Une réunion avec les joueurs dans les 24 heures
Mais le secteur sportif de l’OM ne veut pas s’arrêter au cas individuel de Lassana Diarra. Le staff olympien envisage en effet de réunir tous les joueurs, ce jeudi ou vendredi (quand tous les internationaux seront rentrés, Ndlr) pour que le vestiaire se rassemble, en échangeant et en parlant de cette tragédie.
Christophe Baudot, le patron de la cellule médicale de l’OM, prend le sujet très au sérieux : « Que tu sois footballeur, boulanger, médecin, ouvrier, journaliste, on est tous concernés, tous face à la même menace et on partage tous, je l’espère, le même idéal. Certains joueurs ont été très marqués par les attentats mais c’est aussi la vie d’un homme de continuer d’avancer avec une cicatrice sur le cœur. Il faudra absolument en parler avec les joueurs. Sous l’impulsion du coach, évidemment, j’aimerais faire prendre conscience au groupe qu’ils peuvent être heureux d’afficher cette notion d’unité, si chère au football, surtout dans une période où la solidarité est le maitre-mot de la nation.»
Relativiser le football, mais ne pas culpabiliser de jouer au foot
Même dans la routine d’un club de football et dans l’ambiance souvent excessive que génère le ballon rond, les attentats de Paris auront donc peut-être marqué un avant et un après. C’est ce que souhaite Christophe Baudot, avec un message plein d’espérance : « Peut-être que l’on vivra désormais le football de manière moins déraisonnable. Quand on repense à certaines polémiques futiles ou certaines insultes entre clubs ou entre supporters, oui, là j’espère qu’il y aura une réaction. Quand j’ai vu l’initiative des Ultras (qui ont affiché la banderole « Nous Sommes Paris » dans le centre de Marseille, Ndlr), j’en ai eu les larmes aux yeux. »
Et d’ajouter : « Mais relativiser le football, cela ne veut pas dire culpabiliser de jouer au foot. Nous sommes tous fiers de ce que les médecins et forces de l’ordre ont fait à Paris après les attentats. Mais les joueurs peuvent aussi être fiers d’exercer un métier qui est leur passion. Il faut que le football reste une fête. S’ils ont voulu atteindre le Stade de France, c’est justement parce-que le football est aussi un symbole de liberté et de partage. Il sera important que le vestiaire se rassemble autour de cette question.»