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LFP: Labrune défend la société commerciale pour ne pas devenir "le championnat de Slovénie"

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Vincent Labrune, président de la LFP, s’est exprimé devant le Sénat et la commission de la culture, de l'éducation et de la communication, ce mercredi matin. Il a présenté son plan de création d’une société commerciale pour sauver le football français.

Vincent Labrune, président de la Ligue de football professionnel (LFP), avait rendez-vous devant le Sénat ce mercredi dès 9h30, en compagnie d’Arnaud Rouger, directeur général de la LFP. Il s’est exprimé devant la commission de la culture, de l'éducation et de la communication sur son plan pour le football français et les violences dans les stades. Il s’est longuement attardé sur le premier point pour justifier sa volonté de créer une société commerciale, pour injecter des fonds et sauver le foot, au bord du précipice.

Labrune veut insuffler "un changement culturel"

"On ne peut pas déconnecter le projet de société commerciale des projets de réforme qu’on met en place, a-t-il confié en préambule. Tout est lié." Il s’est alors longuement épanché sur les dossiers en cours comme le passage acté de la Ligue 1 de 20 à 18 clubs en 2023-2024, pour "augmenter les performances en Coupe d’Europe" et "essayer d’avoir plus de matchs premium". Il a aussi insisté sur la réforme de faire passer la durée maximale des premiers contrats professionnels de trois à cinq ans. "Cela évolue positivement", confie-t-il au sujet des négociations avec le syndicat des joueurs.

Il a ensuite défendu sa volonté d’insuffler "un changement culturel dans le foot français" en ayant "une approche beaucoup plus internationale" en pariant sur les bonnes performances des clubs sur la scène européenne. "On a fait l’erreur collectivement de se centrer prioritairement sur nos revenus domestiques ces dernières années, regrette-t-il. On a mis des œillères et on s’est concentré sur ces revenus qui ont augmenté de façon exponentielle sans se préoccuper d’aller capter les recettes internationales. Ça nous met un handicap fort par rapport à nos concurrents." Un décalage qu’il veut combler malgré le fiasco Mediapro qui a fait chuter de 50% les droits TV domestiques.

"Si on n'est pas capable de rentrer de l'argent frais, on deviendra le championnat de Slovénie"

"Le problème qu’on a, c’est qu’on n’a pas le temps, a-t-il expliqué. A très court terme, à l’échéance un an et demi/deux ans, on a l’impérieuse nécessité de recréer une compétition nationale ultra performante, attrayante et spectaculaire pour maximiser notre prochain appel d’offre domestique qui va arriver en 2023. On a dans le même temps, l’impérieuse nécessité d’être surperformant sur la scène européenne sur la même période puisqu’une réforme de l’UEFA se mettra en place en 2024. On est cinquième au classement européen et les cinq premiers auront quatre places qualificatives en Ligue des champions qui génèrent des recettes importantes pour les clubs et donc pour la compétition nationale par conséquence."

"Si on sort de ce classement (du Top 5 européen), le championnat de France sera définitivement en deuxième division européenne, prévient l’ancien président de l’OM. On a le meilleur football de sélections nationales, le meilleur football de formation, je ne vois pas pourquoi on n’aurait pas l’ambition d’avoir le meilleur football de club. Si à court terme on n'est pas capable de rentrer de l'argent frais dans les caisses pour nous sauver, rebondir, le championnat de France deviendra le championnat de Slovénie, avec tout le respect que j'ai pour nos camarades de Ljubljana."

80% de propositions anglaises

Il chiffre ainsi les pertes des clubs entre 600 et 800 millions d’euros annuels. Un trou que la LFP ne demandera pas à l’Etat de combler alors que les actionnaires, déjà fortement sollicités, sont plus réticents à injecter des fonds. Labrune explique donc que la société commerciale est l’un des rares leviers pour sauver le foot français. Mais il n’acceptera pas les offres à n’importe quel prix.

"On ne brade pas nos actifs, a-t-il prévenu. SI on n’a pas une valorisation qui prend en compte notre projet à long terme, on ne le fera pas. Si on a une valorisation qu’on trouve juste pour sauver notre système et permettra de faire bénéficiers ces fonds au monde amateur, oui, on se posera la question d’avancer."

Le profil des investisseurs "est majoritairement issu du monde anglo-saxon", explique Labrune. "On a reçu une trentaine de propositions, 80% sont anglaises", précise-t-il en ajoutant que le fonds n’aura pas beaucoup de pouvoir dans la gouvernance de la LFP.

NC avec AR