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Ligue 1: climatisation, dépollution, empreinte carbone... les efforts de l'OL pour se "verdir"

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Lors de la pose du 1er fauteuil de sa future LDLC Arena multifonctions (16.000 places), l’OL a exposé son savoir-faire en matière d’économies d’énergie. Des concrétisations visibles sur un chantier débuté en janvier 2022, et donc initiées bien avant l’affaire du char à voile. L’OL saisit ainsi l’occasion d’un rebond opportun pour se montrer le plus vert possible. Un comble.

Dans le milieu du foot, on appelle cela une passe décisive. Et forcément, Jean-Michel Aulas ne s’est pas fait prier pour mettre l’intérieur du pied et faire mouche au tout début de sa prise de parole, sous un chapiteau qui jouxte le chantier de l’Arena. "Vous l’aurez remarqué, la climatisation ne marche pas, apostrophe-t-il d’entrée le parterre du tout Lyon (élus, VIP, patrons, décideurs, sportifs …), à quinze mois de la réception des travaux. Nous avons voulu donner l’exemple car le monde du foot ne le fait pas ces derniers temps…" Il faudra donc compter avec la chaleur ambiante, parfois rafraîchie par un courant d’air timide, alors qu’en cette mi-journée, le thermomètre indique bien les 30°C au moment d’écouter les discours.

Quelques heures après la sortie de l’entraîneur du PSG Christophe Galtier, au sujet des déplacements de son équipe, Jean Michel Aulas a fait du … Jean-Michel Aulas. Un président qui reprend souvent Winston Churchill: "Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l'opportunité dans chaque difficulté", répétait le Premier Ministre britannique au cours de sa longue carrière politique. De la difficulté (médiatique) dans laquelle se trouve le football professionnel en général au lendemain de ces propos qui ont suscité la polémique, le président lyonnais choisit donc la contre-attaque en exposant, par le menu (écolo), la future salle qui sera inaugurée en octobre 2023.

D’entrée, le boss de l’OL détaille les atouts environnementaux de cette nouvelle construction qui complète, au cœur d’OL Vallée, le dispositif de “sport entertainment” entamé avec le Groupama Stadium, inauguré juste avant l’Euro 2016. Ce projet entièrement financé par le privé (140 millions d’euros), a permis de dépolluer un terrain en friche industrielle depuis plus de vingt ans, d’ajouter des espaces végétalisés dans le secteur, notamment pour accueillir les oiseaux (le Tarier Pâtre), et de procéder aux opérations de désimperméabilisation des sols, facilitant ainsi aux eaux de pluie de rejoindre la nappe."

Aulas sent la pression des élus

Xavier Pierrot, son directeur général en charge du stade et de cette Arena évoque dans la foulée, l’utilisation "d’un béton bas carbone, d’un travail sur la réduction du plancher pour limiter l’emprise au sol". Tout en insistant sur la provenance des gradins ("ils viennent d’un département voisin, l'Ain"). Sans oublier l’utilisation de matériaux adaptés, comme "une toiture légère végétalisée sur 1.800 m2 et la géothermie qui permettra de produire du froid en période estivale et du chaud en période hivernale pour un impact énergétique réduit par quatre". De quoi faire dire à JMA que ce sera “la salle la plus belle d’Europe", qui va "faire des émules en termes d’écologie".

A ses côtés, Bruno Bernard sourit. Certes, ce grand amateur de sport lyonnais savoure l’instant en tant que fan de l’OL et de l’ASVEL, mais c’est avant tout le président depuis juillet 2020 de la Métropole (verte) de Lyon qui assiste à cette manifestation. Et preuve que la construction est de son temps (politique), ce dernier a posé, souriant, sur la photo officielle: "Je salue OL Groupe qui, en partenariat étroit avec nos services, a pris en compte les enjeux environnementaux et sociaux dans ce projet: priorité aux déplacements alternatifs, réduction du nombre de stationnement, 30% de pleine terre prévue sur la parcelle..."

Car cette salle, souhaitée de longue date, sort de terre depuis le début de l’année, sous le regard attentif des élus, désormais écologistes, tant à la ville (Grégory Doucet, le maire de Lyon) qu’à la Métropole (Bruno Bernard, son président). D’ailleurs, l’OL ne nie pas, dans chaque prise de parole, cette "pression" des nouveaux élus pour limiter les conséquences d’un tel potentiel îlot de chaleur. "La toiture végétalisée a par exemple été augmentée de 12%", explique-t-on en chœur.

Ainsi, que ce soit dans le dossier de presse ou dans les différentes prises de paroles, sur scène ou dans le jeu des questions-réponses avec les journalistes, chaque phrase évoque cette salle multifonction comme étant "exemplaire, prenant en compte les nécessités de développement durable, avec l’ambition de tendre vers un bilan écologique neutre (compensation, recyclage des matières…). Sur le volet social, la LDLC Arena a permis la mise en place d’un "dispositif de 40 000 heures d’insertion grâce à un partenariat entre OL Groupe, Vinci et la Maison métropolitaine d’insertion pour l’emploi".

Entre 100 et 120 événements par saison

De quoi faire accepter la construction de cet outil "sport business" par la plupart des nouveaux acteurs politiques de l’agglomération. Et de quoi aussi, reprendre la main sur la partie "enjeux environnementaux" du foot business, mis à mal par la polémique de la semaine. D’où l’accélération de l’annonce, en parallèle à cette manifestation, prévue elle de longue date, du plan "+20/-20". "OL Groupe lance un grand programme d’économies d’énergie avec une diminution de 20% de toutes les consommations d’énergie et une hausse de 20% de la production de nos sources énergétiques pour être de plus en plus autonomes. Nous entamons un programme où nous souhaitons montrer l’exemple, là où le monde du foot ne le montre pas trop."

Et son bras droit sur ces dossiers de détailler: "Nous produisons sur site 80 % de la consommation électrique du stade grâce au déploiement des ombrières photovoltaïques qui prennent place sur les parkings du stade. Nous sommes sur une baisse de 5% par an de la consommation énergétique du stade. Nous allons faire mieux par la suite."

Cette future salle modulaire, d’une capacité maximale de 16.000 places, actuellement en cours de construction devrait ouvrir ses portes fin 2023 et accueillir entre 100 et 120 événements par saison comme des concerts, matchs d’Euroleague de basket de LDLC ASVEL, eSport, tennis, futsal et autres grands événements. Tony Parker, président de l’ASVEL, détenue en partie par l'OL, a même esquissé l’idée d’un geste pour la planète… basket: organiser son jubilé au cours de l’automne 2023, une fois la salle inaugurée.

Edward Jay