Ligue 1: l'expérimentation des fumigènes encadrés "ne produit pas les effets escomptés", selon la DNLH

Les fumigènes au Vélodrome lors du match OM-Nice, le 14 septembre 2024 - Florent Germain / RMC
C’est un document édité par les services de la DNLH, dont RMC Sport a pris connaissance, et qui dresse le bilan des tribunes françaises pour la saison 2023/2024. Un "focus" sur l’utilisation des "engins pyrotechniques" en Ligue 1 et en Ligue 2 est réalisé par ces policiers spécialisés dans le monde du football. Sur la saison 2023/2024, selon des chiffres de la LFP, 7.528 engins pyrotechniques ont été utilisés (5.501 en Ligue 1 et 2.027 en Ligue 2). Les fumigènes régalent les photographes, les médias et permettent une ambiance différente dans certains virages, autour des grands matchs de football. Pourtant, les utilisations de ces engins restent dans le viseur des autorités.
"L’usage des engins pyrotechniques a progressé de 12,45 % au cours de la saison écoulée", note la DNLH dans son rapport. Et d’ajouter: "Si cette hausse a été contenue en Ligue 1 avec une progression de 5% suivant ainsi la tendance constatée la saison précédente, elle a été beaucoup plus sensible en Ligue 2 avec une progression de 40%. Ce dernier constat s’explique notamment par la présence dans cette division de clubs historiques suivis par des groupes ultras structurés et adeptes de l’usage d’engins pyrotechniques."
La pyrotechnie reste le principal motif d’interpellations autour du football en Franc
Dans ce document, les policiers remontent aussi l’usage d’engins pyrotechniques lors de l’anniversaire du CUP dans les tribunes du Parc des Princes, le 10 décembre 2023. Ce soir-là, 250 fumigènes ont été utilisés par les supporters parisiens. Ils mettent aussi en avant l'anniversaire de la Brigade Loire à Nantes. La pyrotechnie reste le principal motif d’interpellations autour du football en France, toutes compétitions confondues, avec 271 interpellations en 2023/2024. "Rapporté au nombre d’engins utilisés, le volume d’interpellations pour ces faits reste faible avec seulement 2,5% de faits élucidés", explique le rapport de la DNLH.
Mais les policiers spécialisés estiment que "le dispositif répressif en place (sanctions disciplinaires et sanctions pénales) ne suffit pas à endiguer le phénomène d’usage d’engins pyrotechniques dans les stades qui continue de s’amplifier". Enfin, la DNLH note que l’expérimentation de la pyrotechnie encadrée "ne produit pas les effets escomptés". "Les groupes de supporters refusent de s’emparer du dispositif, préférant assouvir leur passion dans la clandestinité. L’Association Nationale des Supporters les soutient dans cette démarche et estime que le bilan des animations devrait d’ores-et-déjà suffire à démontrer l’absence de danger à utiliser des articles pyrotechniques dans les stades et souhaiterait donc que l’expérimentation soit clôturée en vue de proposer des évolutions législatives et réglementaires", analyse ces policiers spécialisés.
Seulement 12 "expérimentations" la saison dernière
Dans les faits, les tests sont très peu nombreux. Au cours de la saison 2023/2024, "seules 12 expérimentations ont été réalisées (10 clubs concernés) avec une moyenne de 34 engins pyrotechniques utilisés par expérimentation". Cette analyse n’est pas du tout partagée par les associations et groupes de supporters en Ligue 1 comme en Ligue 2. Certains estiment que cette expérimentation n’a "pas beaucoup de sens" et qu’il n’y a aucun objectif affiché à court ou moyen terme.
Un bilan global de cette expérimentation n’a jamais été effectué par les services de l’Etat, pourtant les associations de supporters ont très régulièrement des retours positifs à ce sujet de la part de leurs membres. Une mise en place avec des conditions de sécurité souvent renforcées autour des fumigènes. Les sanctions de la commission de discipline sont aussi pointées du doigt par les associations de supporters et certains groupes de supporters. Les banderoles dans les tribunes françaises sont d'ailleurs assez claires à ce sujet. Un proche du dossier note aussi que certains clubs "font du chantage avec leurs groupes". Ils avancent l’argument que "si vous ne faites pas l’expérimentation, on vous retire tel matériel ou tel droit". Une mise sous pression qui fonctionne mal – même pas du tout - avec les groupes de supporters en Ligue 1 et en Ligue 2.