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Ligue 1: pourquoi le conflit s’enlise entre Franck Passi et l’OM

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Pour ne pas avoir rompu le contrat de son ancien entraîneur, Franck Passi, avant d’officialiser l’arrivée sur le banc olympien de Rudi Garcia, l’OM n’a toujours pas pu homologuer le contrat de ce dernier auprès de la Ligue. La direction va devoir négocier avec le conseiller de Passi, irrité face au comportement du club olympien à l'égard de son client.

L’avocat de Franck Passi, Maître Carlo Alberto Brusa (qui défendait par exemple Didier Deschamps et Laurent Blanc lors de leur départ - ou éviction - respectif de l’OM et du PSG, ndlr) dénonce d’abord une situation, selon lui, illégale : « En période de transferts, si le contrat d’un joueur n’est pas homologué avant le dernier jour du mercato à minuit, le joueur n’est pas autorisé à jouer. Et là, pour l’entraîneur, c’est pareil : nous sommes dans une situation où le contrat de Monsieur Garcia n’est pas encore valable. La charte de la LFP est très claire. Il doit y avoir un seul entraîneur sous contrat, pas deux ! »

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Précisions : Franck Passi, qui est salarié de l’OM depuis plus de 10 ans - club au sein duquel il a connu différents postes et contrats (cellule recrutement, formation, adjoint, etc...) - avait signé cet été un contrat de 2 ans d’entraîneur principal. Soit la durée minimum légale pour un coach en France. L’OM n’avait pas d’autre choix que de faire signer ce contrat à Franck Passi car le club devait évidemment posséder un entraîneur qualifié pour débuter la saison.

Dans le cas de Rudi Garcia, le contrat du nouvel entraîneur de l’OM a donc été envoyé à la LFP avant que celui de Franck Passi ne soit rompu, car le club souhaitait, dans l’idéal, une négociation à l’amiable pour que ce dernier accepte un autre poste (même si aucune fonction précise ne lui aurait officiellement été proposée, ndlr). L’avocat de Franck Passi a donc saisi la commission juridique de la LFP pour dénoncer ce qu’il estime être « une anomalie. »

L’homologation du contrat de Garcia est en cours

Cette situation n’empêche pourtant pas Rudi Garcia d’exercer ses fonctions d’entraîneur de l’OM. Selon nos informations, l’homologation du contrat de Rudi Garcia est, d’ailleurs, toujours en cours, voire en bonne voie. La commission juridique de la LFP doit désormais solliciter l’avis de la Fédération Française de Football pour homologuer le contrat du nouvel entraîneur de l’OM, ce qui n’a pas encore été fait, mais qui ne devrait pas tarder, tous les documents nécessaires ayant déjà été envoyés par l’OM.

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En parallèle, la situation entre Passi et l’OM devient plus tendue. « Mon client s’est comporté de manière loyale pour ne pas perturber le groupe professionnel », affirme Me Brusa. Franck Passi était en effet resté en retrait du centre RLD depuis sa mise à l’écart. Il s’est présenté mercredi à la Commanderie, officiellement pour « renouer le dialogue avec la direction », officieusement pour la mettre devant ses responsabilités et lui rappeler que le seul qui possède un contrat homologué pour entraîner l’équipe professionnelle de l’OM, c’est lui.

« Une déclaration de guerre », selon l’avocat de Passi

Passi et son conseiller ont pourtant été prévenus oralement qu'il était convoqué à un entretien préalable à un licenciement, fixé selon nos informations au 17 novembre. Un conflit juridique qui pourrait bloquer un peu plus longuement Franck Passi, désireux de tenter sa chance dans un autre club. « Une déclaration de guerre », même, selon les termes de son avocat Carlo Brusa, qui dénonce l’attitude des nouveaux dirigeants marseillais dans ce dossier et « l’hypocrisie de la direction de l’OM ».

« La manière avec laquelle Franck Passi avait été démis de ses fonctions présageait déjà d’une grande mauvaise foi de la part des dirigeants marseillais, estime le conseiller. Devant les micros et caméras, ils remerciaient la fidélité et la loyauté de Franck Passi. En vérité, on lui a mis un coup de poignard dans le dos ; on lui a annoncé sa mise à l’écart alors que tous les journalistes étaient déjà au courant de son remplacement par Monsieur Garcia ; et maintenant on veut faire le maximum pour éviter de payer des indemnités et aller au conflit. Se séparer d’un entraîneur, c’est un choix. Mais il y a l’art et la manière de faire les choses. On ne peut pas fonctionner « à l’américaine ». Monsieur Eyraud assumera ses responsabilités. »

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L’OM estime que l’avocat de Passi est trop gourmand

Joint par RMC Sport, l’OM n’a pas répondu officiellement - pour le moment - à nos sollicitations sur ce dossier. Certaines sources internes au club permettent cependant d’avoir une autre lecture de ce conflit entre l’OM et Franck Passi. « Les dirigeants sont surpris de l’attitude de Franck Passi et surtout de son avocat », affirme un proche de la direction olympienne. « Jacques-Henri Eyraud a bien compris que Franck Passi préférait quitter le club, et la proposition financière qui lui est faite n’est pas déraisonnable. »

L’OM serait en effet disposé à indemniser Passi à hauteur du restant de son contrat, qui court jusqu’en juin 2018. Mais l’avocat de Franck Passi réclamerait également des dommages et intérêts pour réparer le préjudice porté à son client, préjudice lié à son image, écornée après ce licenciement brutal et aux difficultés à retrouver un poste d’entraîneur en pleine saison. Des revendications que n’accepterait pas la direction olympienne actuelle.

la rédaction avec Florent Germain