Lucho : « Deschamps ne me défendait pas »

Invité de Luis Attaque, le milieu de terrain du FC Porto est longuement revenu sur ses deux saisons et demie passées à Marseille. Un entretien vérité au cours duquel l’Argentin n’épargne pas Didier Deschamps, son ancien entraîneur…

Lucho, que retenez-vous de vos deux années et demi passées à Marseille ?

Les titres. C’est ce qu’on retient dans la carrière d’un joueur. Quand on veut marquer l’histoire, le plus important est d’en remporter. Le titre de champion (2010) est un grand souvenir.

Vous avez été beaucoup critiqué. Cela vous a-t-il touché ?

Il y a eu des critiques, c’est vrai, mais je préfère retenir les bons moments et les titres qu’on a gagnés. On formait un bon groupe avec l’arrivée de l’entraîneur (Didier Deschamps), avec Gaby (Heinze), Cissé… On était tous bien ensemble. On a marqué l’histoire du club puisque l’OM n’avait rien gagné depuis 17 ans (la Ligue des champions en 1993, ndlr). Tous ces titres ont été très importants.

Vous avez été victime d’un home jacking. Est-ce pour cette raison que vous êtes parti ?

Bien sûr que cela a affecté ma famille et moi-même. Mais c’est du passé. Nous avons réussi à surmonter cette épreuve. Ce n’est pas la raison de mon départ de Marseille. Il y a eu un nouveau projet. Or, au bout d’un an, on s’est aperçu que ce projet n’était plus du tout le même. Le capitaine (Mamadou Niang, ndlr), par exemple, est parti. Ce n’était plus évident pour nous.

Quelles ont été vos relations avec Didier Deschamps ?

Avec le temps, nos relations n’ont plus été les mêmes. Au début, on allait dans le même sens. Ça se passait bien. Avec le temps, les choses ont commencé à se dégrader. Notre façon de voir le football n’a plus été la même. Ce sont de choses qui arrivent dans le football.

Avez-vous été déçu par Didier Deschamps ?

Non. N’oublions pas que 98% des raisons qui m’ont amené à signer à l’OM s’expliquent par le fait qu’il était justement l’entraîneur, et par le projet qu’il m’avait présenté. Je sais que tout ne dépendait pas de lui. Les dirigeants intervenaient aussi dans ce projet. Il n’y a pas que l’entraîneur qui dirige un club. Il y a aussi les dirigeants. Mais si tout le monde ne tire pas dans le même sens, ça ne peut pas marcher.

L’OM a-t-il manqué d’ambitions ?

Je ne sais pas s’il s’agit d’un problème d’ambition. Ce qui est sûr, c’est qu’un an après mon arrivée à Marseille, j’ai eu une discussion très sérieuse avec l’entraîneur. Pour être fort en Ligue des champions et créer un bon projet, il fallait qu’un deuxième attaquant de renom nous rejoigne. Je crois que l’entraîneur était d’accord avec moi. On en avait besoin. Le problème, c’est que cet attaquant n’est jamais venu et que le projet n’a pas abouti.

Quel reproche faites-vous à Didier Deschamps ?

Je n’ai pas vraiment de reproche à lui faire. Mais ce qui est sûr, c’est qu’à la fin, à Marseille, toutes les critiques étaient contre moi. Et j’ai vraiment l’impression que Didier Deschamps ne me défendait pas comme il le prétendait. Non, il ne me défendait pas. Je ne me sentais un peu comme un joueur de 20 ans, quelqu’un qui a tout à prouver dans le football. Quand on me faisait entrer 5 ou 10 minutes comme un gamin, j’ai réalisé que mon cycle à Marseille était en train de se finir.

Luis Attaque