
Mbappé capitaine, les critiques contre Deschamps, les échecs du PSG: l'interview intégrale de Patrice Evra dans Rothen s'enflamme
Jean-Louis Tourre: C’est l’événement ce soir dans Rothen s’enflamme puisque Jérôme on a un invité exceptionnel, Patrice Evra.
Jérôme Rothen: Et quel invité! Salut Pat'!
Patrice Evra: (Ils éclatent de rire) Salut Jérôme! Je rigole parce que j’étais encore dans les airs que tu savais déjà que j’arrivais à Paris.
Jérôme Rothen : C’est parce que tu ne me donnes pas assez d’importance. Je sais tout ce que tu fais. Dès que tu arrives à l’aéroport, que cela soit en France ou à l’étranger je le sais. Donc tu as fini ici avec moi pendant quelques minutes. C’est très sympa d’être là. Merci.
Patrice Evra (amusé): Tu me feras mon virement. Ce n’est pas gratuit.
Jérôme Rothen : On te fera le virement quand tu seras consultant régulier dans Rothen s’enflamme. Parce que quand même, la dernière fois que tu es venu il y a un an, on grandissait. Là maintenant, on est numéro un.
Patrice Evra : Non, tu es numéro un ? A force de torpiller tout le monde tu es devenu numéro un ?
Jérôme Rothen : Pourquoi torpiller ?
Patrice Evra : Ce sont les échos que j’ai.
>> Les podcasts de Rothen s'enflamme
Jérôme Rothen : Mais de qui ? Tu as des échos de qui ? Moi, je torpille tout le monde ? Non ! Je parle de foot avec passion Pat'. Et d’ailleurs on va parler de la passion du football dans un instant. Déjà, Patrice comment vas-tu ?
Patrice Evra : Franchement, comment ça va c’est une bonne question. Cela va très bien. Je veux dire que tout se passe bien dans ma vie. Tout est positif. Je bosse beaucoup. Franchement j’avais l’impression que quand je jouais au foot j’étais en vacances par rapport à maintenant. Je fais plusieurs choses en-dehors du football. Je donne plus de ma personne même si je reste un peu connecté avec le football. J’essaye de rendre les gens heureux. Je suis un militant pour arrêter la violence contre les enfants. J’ai fait un discours il y a quatre mois aux Nations Unies, j’étais le premier sportif à faire un discours aux Nations Unies sur un podium où il y a eu des gars comme Obama, ex aetera. Pas bravo car je ne suis qu’une voix pour des millions d’enfants donc ce n’est pas moi qu’il faut féliciter mais c’est important et voilà ce que me rend heureux aujourd’hui: donner de ma personne.
Jérôme Rothen : En fait tu es en train de nous dire que tu as peu déconnecté du foot ? Ou est-ce que tu restes quand même passionné de football et que tu regardes encore des matchs ?
Patrice Evra : Jérôme, tu me connais. Regardez les matchs… Je suis notamment ce qu’il se passe en France, à Manchester United ou la Juventus et l’équipe de France. Je reste connecté. J’ai fini mes diplômes d’entraîneur mais ce n’est pas pour cela que j’ai envie de reprendre une équipe directement.
Jérôme Rothen : C’est quand même paradoxal ça. Tu as passé des diplômes d’entraîneur, cela prend du temps et tu le sais. Même si tu les as passés à l’étranger alors qu’en France c’est cinq ans et tu aurais lâché comme moi j’ai lâché au bout de quatre mois…
Patrice Evra : Non ça cela dépend où tu les passes. Franchement en Angleterre c’est vraiment différent. Pour une simple raison c’est que moi j’avais commencé à les passer quand j’étais encore joueur à Manchester United. J’avais arrêté quand je suis allé à la Juventus. Et après je suis revenu et j’ai voulu finir. J’aime bien finir ce que je commence. Mais c’est vrai que, voilà, des personnes comme Ferguson qui me voyaient en tant qu’entraîneur…je peux le faire. Je ne suis pas arrogant. Je pense que joueur c’est un boulot mais entraîneur c’est 24h sur 24h. C’est pour cela que je respecte tous les entraîneurs. Moi aujourd’hui si je suis entraîneur et que ta femme elle te parle Jérôme, tu ne vas même pas lui répondre. Il va penser à qui est le joueur ou l’équipe qui va jouer le prochain match. Je suis honnête avec ma personne, je ne suis pas prêt à tout sacrifier. Quand tu es dans le monde du football, pour moi tu es dans une bulle.
Jérôme Rothen : Tu dois tout sacrifier comme quand tu étais joueur…
Patrice Evra : Exactement !
Jérôme Rothen : Et encore pire !
Patrice Evra : Moi tu te rappelles pour mon premier fils Lenny, quand à l’âge de trois ans je rentre à la maison il était en train de pleurer. Je lui ai demandé pourquoi il pleurait. Et il m’a dit: parce que je déteste Manchester United (Jérôme Rothen et Patrice Evra éclatent de rire). Il me dit qu’il déteste Manchester United et quand je lui demande pourquoi il m’a répondu que c’était parce qu’ils avaient volé son papa. Tu vois, ça cela m’a fait réfléchir. Si tu veux rester à un certain niveau, je suis désolé mais tes potes ou même ta propre famille, tu dois tout sacrifier.
Jérôme Rothen : De toute façon tu dis que tu as un programme très chargé qui est aujourd’hui en-dehors du foot même si des choses se rassemblent. Quand tu veux devenir entraîneur, forcément cela veut dire que tu abandonnes tout ce que tu fais actuellement.
Patrice Evra : Jérôme tu as tout compris et c’est pour cela que c’est compliqué. Aujourd’hui j’ai beaucoup de choix. Je continue à donner beaucoup de bonheur, je voyage beaucoup. En Afrique…Là par exemple je suis en France mais je ne pourrais pas faire toutes ces choses-là (en étant entraîneur). Je vois avec mes réseaux sociaux, quand tu es dans le monde du foot et que les gens te voient avec une perruque en train de danser…On est très fermés.
Jérôme Rothen : Là tu fais quinze jours et tu te fais démonter…
Patrice Evra : Exactement ! Alors que c’est juste une minute de vidéo. Je vois les joueurs, à peine ils sont là en train de danser ou autre, les supporters vont dire qu’ils ne sont pas concentrés. Mais cela n’a rien à voir avec cela. Après, comme je dis, est-ce que la nouvelle génération peut être focus sur les réseaux sociaux et en même temps sur le terrain ? Pour certaines personnes, je ne suis pas sûr de cela. Parce que la priorité cela doit être le terrain, cela doit être l’entraînement, cela doit être le quotidien.
Jérôme Rothen : C’est ce que l’on a connu nous. Après la génération a changé donc il y a une évolution. Aujourd’hui je pense qu’il faut faire avec. Il y a des choses…c’est pour cela que c’est difficile. Moi tous les jours je donne mon avis sur des thèmes sans forcément dézinguer tout le monde car ce n’est pas mon but. Moi je veux avant tout parler du terrain, du sportif, du footballeur et mettre en avant ses qualités. Parce que, s’il arrive au haut niveau, quel que soit le haut niveau, c’est qu’il a fait beaucoup de concessions. Mais il y a des choses qui me paraissent… Quand tu les critiques sur une performance, automatiquement tu vas sur l’extra-sportif. Quand le mec fait des vidéos à des heures qui ne sont pas des heures pour de la récupération et tout cela, forcément tu es dans la critique. Et eux ne comprennent pas automatiquement cela parce qu’ils vivent dans cette génération-là avec les réseaux sociaux et à montrer leur vie… Il y a un décalage…
Patrice Evra : Il y a un décalage. Mais moi je trouve qu’ils n’ont pas de bol. Je trouve que l’on était chanceux quand on n’avait pas tous les réseaux sociaux ou des personnes avec tout de suite un téléphone.
Jérôme Rothen : Heureusement et surtout toi parce que…
Patrice Evra : Qu’est-ce que tu me racontes comme conner*** ? On ne va pas commencer à parler de divorce ici (Jérôme Rothen et Patrice Evra rient ensemble). On laisse ça hein. Laisse-moi tranquille… Mais les gars aujourd’hui ils ne peuvent rien faire. Is se gratte le nez c’est mort, il a souri, il est dans un restaurant, ils ont perdu un match… Franchement c’est chaud ! Ils ne sont pas prêts. On ne les a pas préparés à cela. On arrive et on les laisse comme cela dans la jungle. Franchement c’est compliqué. Je pense qu’on les montre du doigt mais ils ont quand même leur vie privée. Ce sont des êtres humains avant tout. Moi j’ai signé pour faire des prestations sur le terrain. Mais ce que je fais en-dehors lors dans ma vie privée, à la base cela ne regarde personne. Mais je suis d’accord, ton jugement en tant que supporter ou abonné qui paye et que son équipe perd alors que le gars est en boîte ou autre…bien sûr que cela fait mal et que cela pose des questions. Mais je me dis aussi que c’est sa vie privée et il peut faire ce qu’il veut.
Jean-Louis Tourre : Moi je me régale, j’ai l’impression d’être dans le vestiaire à l’époque à Monaco quand vous discutez entre vous. C’est magnifique. Patrice, vous avez fait référence à cet entretien il y a un an pour la sortie de votre biographie, on remettra le podcast.
Patrice Evra : Ah mais tu es devenu gentil Jérôme.
Jean-Louis Tourre : Non ce n’est pas Jérôme, c’est moi.
Patrice Evra : Ah oui, je me disais aussi…Je lui fait des compliments (Jérôme Rothen et Patrice Evra rient)
Jérôme Rothen : J’ai dit à Jean-Louis de parler absolument du livre.
Jean-Louis Tourre : Forcément on va moins parler de votre vie Patrice mais pour ceux que cela intéresse le podcast est dispo. Je voudrais revenir sur l’expérience d’entraîneur. Je retiens que ce n’est pas pour tout de suite mais c’est possible un jour de vous voir sur un banc.
Patrice Evra : Bien sûr ! Il y a un moment et comme je ne suis pas égoïste, ce serait dommage de ne pas partager mon expérience avec la nouvelle génération. Quand j’ai passé mes diplômes et quand j’ai entraîné, j’ai pris du plaisir. En fait c’est comme si le football ne me manque pas mais que si demain on me met sur un banc ou sur un terrain comme lors des matchs pour l’UNICEF je me régale. Il y a même des personnes qui me demandent pourquoi j’ai arrêté. Je m’entraîne tous les jours et je garde une très bonne condition. Mais c’est juste que je ne peux pas sacrifier ce que je suis en train de faire en ce moment à avoir un impact sur le monde et sur la Terre.
Jean-Louis Tourre : Justement, cet engagement pour les enfants contre les violences. D’où est-ce que cela vient ? C’est le fait d’être confronté à cela en tant que parent ?
Patrice Evra : Je me dis qu’aujourd’hui on parle beaucoup de sauver notre planète, du racisme… Mais moi j’ai dit qu’un enfant il n’est pas raciste, il n’est pas pédophile. C’est lié à l’endroit où il grandit, à son environnement. Le problème dans cette société, c’est que l’on aime bien dire que quelqu’un a fait ceci ou cela et qu’il faut le mettre en prison. Mais on ne se pose pas la question du pourquoi. Moi c’est ça le message que je veux envoyer. Pourquoi une personne est comme ça ? C’est l’éducation la base, les écoles. Il faut aller dans les familles. Il ne faut pas dire comment éduquer un enfant mais il faut ouvrir les portes. Je sais que c’est difficile, spécialement pour des personnes africaines, car tout de suite on va fermer les portes. Aujourd’hui je suis en train de faire un truc énorme à l’étranger. Il est aussi temps pour moi de me focus en France. C’est bien ce que je fais quand je vais en Afrique et que je vais voir toutes ces victimes. Mais aujourd’hui quand je viens en France, je vais rencontrer des associations comme L’enfant bleu ou autres. Dans cette société on te force à choisir. Et quand tu ne choisis pas on te considère comme un traître.
Jérôme Rothen: Tous les binationaux vous avez le même discours…Et pour moi, ces questions sont tellement débiles donc il faut répondre en demandant à l’autre s’il ne voudrait pas avoir deux pays… Je suis Français pur souche, mon père est Français, ma mère est Française et toutes les générations. Mais j’aurais aimé appartenir à deux pays.
Patrice Evra : Jérôme, fais-moi confiance. C’est compliqué.
Jérôme Rothen : C’est compliqué…ok
Patrice Evra : C’est compliqué des deux côtés, on te demande de faire un choix… Cela devient politique. C’est très compliqué. Quand les joueurs prennent une décision, qu’on leur foute la paix. Il faut le respecter mais on ne les respecte pas.
Jérôme Rothen : En tout cas tu nous as donné envie de t’entendre plus souvent sur ces sujets et je t’en félicite. Mais en tant que passionné de football, tu vas devoir revenir dans le football… Dans un rôle de consultant avec moi l’année prochaine (les deux éclatent de rire). C’est acté.
Patrice Evra : Jérôme s’enflamme ! Il y a un truc que j’aime bien. Il n’y a pas beaucoup de choses que j’aime bien sur toi Jérôme mais ça je l’aime. C’est que Jérôme, quand il a quelque chose à te dire, il te le dit en face. Et cela fait mal mais au moins ce n’est pas dans ton dos. Et c’est ça que j’ai apprécié avec Jérôme. Parfois c’est vrai qu’il est mal compris et je suis pareil, on dit ce que l’on pense mais on parle avec le cœur. Des fois cela peut plaire mais parfois cela peut ne pas plaire et les gens vont le juger. C’est comme quand on dit que l’on aime la France. Tout de suite si tu joues à l’étranger ou que tu vis à l’étranger, tu n’as pas le droit de donner ton avis sur la France. Et en plus si tu es de couleur black, là c’est un cocktail Molotov. Et ça je ne le comprends pas. Les gens ont le droit de s’exprimer. Après tu peux apprécier ou tu n’apprécies pas… Mais bon voilà pour moi avec Jérôme… Et on a eu une embrouille parce que monsieur a voulu parler dans la presse au lieu de m’appeler directement. Mais on ne va pas en reparler, c’est dans le podcast et on a réglé cela. C’est Jérome et c’est pour cela que j’avais été surpris car d’habitude Jérôme m’appelait.
Jérôme Rothen : C’est réglé mais en tout cas, le franc-parler tu l’as aussi et cela ferait de toi un consultant qui n’a pas les mains liées. Là on va te tester et je vais te noter.
Jean-Louis Tourre : Justement, en parlant de l’actu… c’est un entretien d’embauche (ils rient tous les trois)
Jérôme Rothen : Pour parler de ton nouveau rôle de consultant, je voudrais ton avis sur la Coupe du monde. Nous étions sur place et on s’est régalés. Es-tu allé à Doha ?
Patrice Evra : Oui je suis venu pour le match entre la France et le Maroc. J’avais beaucoup de choses à faire, j’ai eu des invitations et je ne pouvais pas…Mais je suis venu pour le match France-Maroc. J’ai été invité pour la finale mais malheureusement je ne suis pas venu. C’était une Coupe du monde incroyable. La qualité des matchs était incroyable. Avec des buts…Franchement elle a été critiquée pendant tellement d’années parce que c’était au Qatar. Les droits de l’humanité pour moi c’était de l’hypocrisie car c’était voté depuis dix ans. Après on va parler de l’équipe de France, franchement quelle Coupe du monde ! Avec tous les cadres qui manquaient… que l’on arrive à cette finale et que l’on perde. De peu parce que si Thuram, pardon Kolo Muani met ce but on est champions du monde encore une fois. Franchement Jérôme, cela m’a surpris. J’ai regardé le match en direct et j’ai pleuré. Je ne m’y attendais pas. Le France-Argentine, je te dis la vérité, je suis allé dans ma voiture et j’ai pleuré. Pendant trois jours j’étais mal. Et je me suis dit Patrice, je sais que tu aimes l’équipe de France mais cela m’a tellement fait mal. Et puis, franchement, chapeau à l’équipe de France !
Jean-Louis Tourre : Qu’est-ce qui vous a fait mal ? Le scénario ? Le fait de vous revoir en 2016 à l’Euro ?
Patrice Evra : C’est le scénario. Je me disais que Kylian met un triplé. Tu mets un hat-trick, trois buts en finale et tu ne gagnes pas la finale. Tu vois c’était incroyable ! Et même ce match, comment cela s’est passé avec deux à zéro. Je me suis dit que ça y est. La première période on se ch** dessus. Qu’est-ce qu’il se passait…C’était catastrophique. Et tu reviens, boum deux à deux. Et puis après tu perds. Il y avait trop d’émotions, trop d’émotions.
Jérôme Rothen : J’imagine que tu as vu tous les matchs de l’équipe de France, n’as-tu pas trouvé qu’il y avait certains manques dans le jeu ? Ou-est-ce que tu as apprécié la façon de fonctionner de cette équipe de France ? Je prends l’exemple de France-Angleterre où on gagne mais…
Patrice Evra : Tu me connais Jérôme. J’ai fait une compétition comme celle-là et tu n’as pas besoin de faire que des beaux matchs. Je me rappelle qu'en 2016, les matchs de poules avaient été catastrophiques. C’est après que l’on s’est réveillés, contre l’Allemagne en demi-finale à Marseille. C’est là que l’on a vu le vrai visage. Je ne m’en fais pas trop. Franchement, j’ai été surpris de la prestation d’Antoine Griezmann. Pour moi c’était la clé. Je n’ai jamais vu Antoine courir comme cela, tacler comme cela, distribuer le jeu. Pour moi c’était le joueur le plus important de l’équipe de France. Après Kylian c’était le gars qui, voilà qui détruit et c’était un tueur. Mais le système et comment fonctionnait Antoine Griezmann. Après il y a eu des gars comme Tchouaméni pour qui, franchement, j’ai cru que c’était sa troisième Coupe du monde. Et Upamecano dont tout le monde rigolait avec son nom en Angleterre, c’est un bœuf le gars. C’est un bœuf donc en fait cela m’a vraiment surpris. Même Rabiot, son séjour à la Juventus lui a fait énormément de bien. En fait j’ai été surpris que la relève soit déjà prête. Mentalement, cette équipe devait être prête dans trois ans. Mais ils étaient déjà prêts les gars !
Jérôme Rothen : Après, tu connais Didier, sa façon de manager… C’est quand même sa grande force. Dans tous les groupes, il arrive très vite à bien les faire vivre ensemble et à dégager cette force-là.
Patrice Evra : Oui, la star c’est l’équipe. Ce n’est pas un joueur, Tu mets le bleu de chauffe.
Jérôme Rothen : Après la Coupe du monde, Didier Deschamps a été prolongé. Est-ce que tu trouves ça logique de le voir continuer ?
Patrice Evra : Franchement Jérôme, oui. Didier a tellement d'ennemis et moi je pense que, quand t’as beaucoup d’ennemis comme ça, c’est parce que tu déranges et que tu gagnes beaucoup. Je suis désolé mais pourquoi on veut un changement quand ça fonctionne ? Il connaît cette génération. Il ramène des joueurs dont on se disait “il n’est même pas prêt, ils vont même pas passer les poules” et il va jusqu’en finale. Aujourd’hui, tu peux ramener de la fraîcheur, tu peux ramener des grands noms comme Zizou. Évidemment que moi ça me plairait de voir Zidane entraîneur de l’équipe de France. Mais, pour moi, l'histoire de Didier Deschamps avec l’équipe de France n’est pas finie. J’ai même peur que ça ne soit que le début !
Jérôme Rothen : C'est -à -dire ? Tu le vois encore prolonger à l’Euro, à la Coupe du monde ?
Patrice Evra : Tu connais Didier. Tu penses vraiment que s' il nous refait un Euro de malade, qu’il gagne l’Euro, il nous refait encore une Coupe du monde… Parce que moi je leur ai dit à tous les étrangers, en Angleterre etc: là vous rigolez parce qu’on a perdu en finale, mais cette équipe va ramener encore trois étoiles. Les gens peuvent me prendre pour un fou. Mais moi j’ai vu les autres nations… Sans nos joueurs clefs, ce qu’on fait… On va ramener encore trois étoiles ! Didier, son aventure a commencé lors du barrage (pour la Coupe du monde) contre l’Ukraine (en 2013). Quand on perd 2-0 là-bas, ils ont voulu sortir la guillotine et tous nous couper la tête. Après, au Stade de France, on gagne 3-0, et c’est là que l’histoire de Didier commence. Après, à la Coupe du monde 2014, on perd contre l’Allemagne, l’Euro 2016 etc…
Jérôme Rothen : Je me souviens d’une interview de toi où tu dis “La France appartient aux Français”. Il y aurait beaucoup de gens qui auraient aimé voir du changement et ramener de la fraîcheur à la tête de la sélection…
Patrice Evra : Tu prends un million de Français. On leur dit de faire un onze de départ. Il y a peut-être deux Français qui vont avoir la même chose. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi on n’aime pas cette longévité en France. Moi, j’aimerais qu’on dise que Didier Deschamps est le dinosaure de tous les sélectionneurs de la planète. Mais on n’aime pas ça.
Jérôme Rothen : Et pourquoi selon toi ?
Patrice Evra : Mais on est comme ça ! On a ça dans le sang ! Moi ça me fait rire. Quand on dit que les Français sont râleurs je dis “oui et alors ?” Quand je suis à l’aéroport, que je fais la queue et que j’entends quelqu’un râler je me dis “ah, je suis de retour dans mon pays !”
Jérôme Rothen : Parce que tu fais la queue toi ? Non, mais arrête… (rires)
Patrice Evra : Bien sûr que je fais la queue ! Je t’ai même demandé de me faire voyager en économie de Dubaï à Paris. Le gars il m’a dit “On n’a pas de sous à RMC” ! Donc commence pas à parler de ça (rires).
Jean-Louis Tourre : Si vous faites la queue et qu’il y a un mec qui râle, vous vous retournez et normalement c’est Jérôme cette personne.
Patrice Evra : Ou c’est un bébé de Jérôme.
Jérôme Rothen : Bah non parce que moi si je râle, le gars à la frontière va me reconnaître et me dire “Venez Monsieur Rothen”. (rires)
Patrice Evra : Ce que je veux te dire c’est qu’il est tant qu’on assume. Moi je suis fier de ce qu’on est et on ne nous changera pas. C’est pour ça qu’on râlera tout le temps.
Jérôme Rothen : On ne parle pas forcément des résultats de Didier parce qu’ils sont hallucinants, mais on parle peut-être de la personnalité. Quand il arrive et qu’il parle aux médias… Les Français ont le droit de savoir le pourquoi du comment. Pourquoi tu sélectionnes tel joueur, quelle logique, pourquoi, par moment, t’es pas bon dans le contenu… En Irlande, on gagne 1-0 mais on est très chanceux. À la fin du match il devrait être capable de le dire, surtout lui, il peut prendre immédiatement du recul, c’est un génie là-dessus dans sa façon de voir les matchs. Je sais qu’il n’est pas content. Mais pourquoi il ne te le dit pas ? Peut-être que les Français lui reprochent ça et se disent qu’au bout de 10 ans ils aimeraient avoir une autre personnalité à la tête de l’équipe de France.
Patrice Evra : C’est difficile de te donner tort…
Jérôme Rothen : T’as vu, je suis bon hein.
Patrice Evra : Aujourd’hui, quelle relation a Didier avec les journalistes ? Tu sais, quand on t’en met plein la gueule avant une compétition… Didier Deschamps c’est un être humain, ce n’est pas un robot. Il peut arriver devant vous mais ne croyez pas qu’il ne souffre pas, ne croyez pas qu’il n’a pas reçu des menaces par le passé. Au bout d’un moment, tu te fermes. Moi tu crois que je m’arrêtais en conférence de presse pour dire “vive la France” etc ?
Jérôme Rothen : Mais ce n’était pas notre rôle…
Patrice Evra : Ce n’était pas notre rôle. Comme tu dis, l’équipe de France appartient à tout le monde. Mais aujourd’hui, tu connais le monde du foot Jérôme : tu ne peux pas tout dire. Je pense qu’à l’arrivée, Didier est focus sur les résultats. Et, aujourd’hui, sur les résultats…
Jérôme Rothen : Le problème c'est que je sais comment il est dans le vestiaire. Je sais que, quand il fait un match en Irlande et qu’il va revoir les mecs au mois de juin il va leur dire qu’il n’est pas content. Je pense qu’il peut progresser là-dessus. Je comprends tout ce que tu dis, les menaces, tout ça. N’empêche que quand tu as cette légitimité-là aujourd’hui, tu peux fermer la tronche de tout le monde. En termes de résultats, qu’est-ce que vous allez lui reprocher ? On a quasiment tout gagné. Tu peux montrer autre chose, tu peux te libérer, essayer d’expliquer. Surtout qu’il y a beaucoup de critiques. Mais qu’est-ce qui l’empêche d’expliquer aujourd’hui ?
Patrice Evra : J’ai été entraîné 13 ans par Didier entre l’équipe de France et Monaco. Je peux te dire que je connais vraiment Didier en tant qu’ami. Il ne s’ouvre pas facilement, il est très méfiant. Même quand tu lui dis bonjour il se méfie déjà. Je pense que c’est aussi sa personnalité. Après les gars si vous voulez un gars comme José Mourinho, qui court sur le terrain, qui fait le show mais qui ne gagne pas tout le temps… Il faut choisir. Massimiliano Allegri, à la Juve, quand on lui disait “on s’ennuie” etc il répondait : “Mais les gars, si vous voulez des petits ponts, des sombreros etc, allez au cirque !”
Jean-Louis Tourre : Jérôme me dit tout le temps que c’est à cause de Didier Deschamps que vous avez perdu cette finale de Ligue des champions en 2004 (rires)
Jérôme Rothen : Mais non ! (rires)
Patrice Evra : Bien sûr que ce n’est pas ça. Après, je sais de quoi Jérôme parle. Pourquoi on est allé cinq jours en avance à Gelsenkirchen (Allemagne). Il y a beaucoup d’excuses, mais les responsables, c’est nous.
Jean-Louis Tourre : Non mais je plaisantais (sourire)
Patrice Evra : Ah tu me chauffes ?!
Jérôme Rothen : Il t’a chauffé mais je le prends pour moi. Je suis celui qui vous a poussé, qui vous a rendu beaux toute la compétition mais en finale je n’étais pas là.
Patrice Evra : Il veut faire son mea culpa mais ce n’est pas vrai. Moi je vais te dire la vérité. Tu te rappelles ? A un moment donné je vais dans les toilettes et je vois (Lucas) Bernardi parler avec (Fernando) Morientes. Morientes il était pâle, pâle ! Meilleur joueur de la compétition, meilleur buteur tout ça… Pâle ! Il l’avait déjà gagnée avec le Real. Je me rappelle que, quand j’ai vu ça, je me suis dit “Merde ! Si lui, qui l’a déjà gagnée, est comme ça…” Je me suis dit qu’on n’était pas bien. On était dans le bus en train de chanter. On avait évacué la pression. En fait, on n’avait pas de pression.
Jérôme Rothen : On l’avait tellement évacuée qu’on n’avait plus rien sur le terrain (rires)
Patrice Evra : On ne savait même pas ce qu’on était en train de réaliser. Quand ils ont dit “Alors ça vous fait quoi de jouer contre Figo et Roberto Carlos (en quart de finale de la C1 2003-2004)”, j’ai répondu aux journalistes “Ça vous fait quoi de jouer contre Patrice Evra et Jérôme Rothen ?” On était malades !
Jean-Louis Tourre : Et là, Didier Deschamps vous a recadrés pour ça…
Patrice Evra : Bah il m’a recadré oui…
Jérôme Rothen : Tellement recadré que, à la fin du match, quand on les a éliminés, on a dit “Tu vois Didier, on a eu raison !”
Patrice Evra : On a dit “Mais oui Didier, laisse-nous tranquille, laisse-nous nous enflammer !”
Jean-Louis Tourre : C’était votre parenthèse sur la finale de Ligue des champions 2004. Venons-en au brassard de capitaine en équipe de France…
Jérôme Rothen : Qu’est-ce que tu penses du brassard de Kylian ? Est-ce que tu trouves que c’est logique ou tu l’aurais donné à Antoine Griezmann - ou à un autre - si tu étais sélectionneur ?
Patrice Evra : Déjà, il faut tous rester derrière Kylian Mbappé. Il est choisi, c’est comme ça et ça ne changera pas. Après, Antoine (Griezmann), tu te dis que c’est le plus ancien. Mais est-ce que Didier ne serait pas déjà en train d’analyser (la suite). C’est pour ça que je te dis que c’est peut-être que le début, qu’il voit Kylian (capitaine) pendant encore dix ans et qu’il n’a pas envie de changer. Mais attention : je pense que Kylian Mbappé est très intelligent. Quand Antoine va parler… Personnellement, quand j’étais là, il ne parlait pas. Il est capitaine dans le groupe par sa joie de vivre, mais ce n’est pas quelqu’un qui va faire un discours avant le match, ce n’est pas un rassembleur, ce n’est pas un leader. Après, avec son expérience, tu pouvais lui donner le brassard. Quand Didier m’a rappelé alors que je voulais arrêter après la Coupe du monde, il m’a dit “Je reprends et j’ai besoin de toi mais tu ne seras pas le capitaine, je sais qu’Alex Ferguson te nomme capitaine”. Je lui ai dit que je n’avais pas besoin du brassard pour me comporter comme un capitaine, comme un leader. Je pense qu’on en fait tout un plat en France avec ce brassard. Mais le seul et le vrai capitaine de toutes les équipes entraînées par Didier Deschamps… c’est Didier Deschamps. C’est le chef d’orchestre.
Jérôme Rothen : C’est le chef d’orchestre donc c’est pour ça qu’il avait choisi Hugo Lloris, dont il pouvait maîtriser la communication. Quand tu donnes le brassard à Kylian, tu sais très bien que tu ne vas pas le façonner comme Hugo…
Patrice Evra : Enfin Jérôme, enfin ! Quand j’avais fait ton émission il y a un an, j’avais dit que je voulais voir un Kylian qui dérape. J’en ai marre d’un Kylian tout propre. Mais c’est parfait ! Je ne pense pas que Kylian aura la langue dans sa poche parce qu’il a le brassard. Il l’a déjà dit. Et moi je kiffe ! Il a quand même beaucoup de personnalité. Et ce n’est pas de l’arrogance. Moi j’adore ça. Si j’avais été sélectionneur, je leur aurais donné le brassard à 100%. Il est déterminé.
Jean-Louis Tourre : Peut-on déjà parler de légende ?
Patrice Evra : Légende, quand même, c’est des années. Il aurait gagné encore une Coupe du monde… Mais légende, il faut gagner un Ballon d’or, une Ligue des champions. Légende, c’est énorme. Même quand on me dit que je suis une légende de Manchester United, je suis un peu mal à l’aise. Tout peut arriver dans le football. Une blessure… On ne va pas lui souhaiter ça mais tout peut aller très vite. Après, je ne me fais pas de soucis pour Kylian, il a la tête sur les épaules, une personnalité incroyable. C’est un extra-terrestre. J’avais vu un match Manchester United-Paris à Old Trafford. Juste sur une accélération, ça m’a rappelé Ronaldo le Brésilien, El Phenomeno. C’est un monstre !”
Jérôme Rothen: Dans sa réussite, dans son envie, tu le comparerais à Cristiano Ronaldo, que t'as bien connu? Dans le travail, dans le fait de battre tous les records...
Patrice Évra: Je n'ai pas joué avec Kylian, je ne me suis pas entraîné tous les jours avec Kylian comme j'ai fait avec Cristiano. Mais les gars, pour moi quand on compare des Messi et Cristiano avec des Haaland et Mbappé, on n’a rien compris. On parle de personnes qui sont au même niveau depuis 20 ans. Ce sont des légendes.
Jérôme Rothen: Non mais suivre la même trajectoire... Ce que je veux dire, dans le travail il ressemble plus à un Ronaldo à ton avis ou à Leo Messi ?
Patrice Évra: Non, il a plus sur la personnalité de Cristiano, Mbappé. Ça se voit que Mbappé regarde plus que la carrière de Cristiano Ronaldo que Messi. Mais Messi, c'est un talent. Messi, Dieu lui a donné un talent, il lui a dit : “Allez, va jouer avec ces gamins”. Quand je dis Cristiano, à chaque fois les gens me disent: “Ah parce que c'est ton frère”. Non, c'est parce que ça son travail, son éthique, c’est incroyable. Entraînement à 10 heures, il est là à 8 heures du matin. On finit l'entraînement, on est déjà sur le parking, il est encore là. Moi, je suis tombé amoureux de ça.
Jean-Louis Tourre: Vous avez même dit “si Messi avait la même capacité de travail que Ronaldo, il aurait gagné 15 Ballons d’or”.
Patrice Évra: Oui et j'en ai pris plein la gueule avec les fans de Messi etc. Mais que ce soit bien clair, jamais, mais jamais, je me permettrais de critiquer Lionel Messi. Mais aujourd'hui si tu dis “tu préfères Cristiano”, tu t’attires tous les amis de Messi. Tu dis “tu préfères Messi”... On n’a pas le droit de choisir, tu n'as pas le droit de donner ton opinion !
Jean-Louis Tourre: On va parler d’autre chose: les difficultés du PSG en Ligue des champions. Vous avez dit que Mbappé doit gagner la Ligue des champions un jour... Comment expliquez-vous les difficultés du PSG, encore éliminé face au Bayern en huitièmes de finale?
Patrice Évra: Personnellement, j'ai déjà parlé beaucoup de Paris et je ne suis pas surpris. Je ne vais jamais dire que le championnat français est plus facile que le championnat anglais ou italien. Parce que tout est différent. La Premier League, c’est deux boxeurs. Je te donne, tu me donnes, le premier KO, tu gagnes. En Italie, si tu n’as pas de cerveau, tu ne peux pas jouer. C'est un jeu d'échecs. En France, c'est l'endurance etc. Bref, tout est différent. Mais je trouve que Paris, c'est trop facile le championnat français. À l’arrivée, quand t’arrives en Ligue des champions... la réalité te prend à la gueule. Mais tu n’es pas prêt. Parce que tu joues tellement avec un cigare dans la bouche quand tu joues en championnat de France. T'arrives en Ligue des champions, tu peux acheter qui tu veux, ça sera compliqué. J'ai joué à Marseille. Quand Paris était en finale et qu’ils ont perdu contre le Bayern, beaucoup de Marseillais ont célébré. Je suis arrivé et j’ai dit: “Mais vous êtes malade ou quoi?” On parle d’une équipe française. Aujourd’hui, je veux qu’une équipe française gagne la Ligue des champions. Il n’y a que l’Olympique de Marseille. On a failli réussir avec l’AS Monaco... Tu penses que tous les Français n’étaient pas derrière nous? En fait, je ne comprends pas toute cette jalousie et cette haine. Ça part de là aussi. Le peuple n’aide pas Paris. À un moment, on est Français.
Jérôme Rothen: Oui, mais ça ne changera pas. C’est la mentalité en France. Déjà, la base c’est Paris. Que tout le monde soit fier de voir son équipe, comme l’équipe de France appartient aux Français, le PSG appartient aux Parisiens.
Patrice Évra: Je vais te dire quelque chose, peut-être que ça va te surprendre: pour moi, c’est plus difficile de jouer à Paris qu’à Manchester United ou au Real Madrid. Parce qu’il y a une pression, une attente énorme. Aujourd’hui, Paris gagne le championnat, c’est “normal”... Mais ce n’est pas normal de gagner le championnat! La Coupe de France? “Ah c’est normal, on s’en fout”. En fait, quand Paris gagne quelque chose, on s’en fout tant qu’on n’a pas la coupe aux grandes oreilles.
Jean-Louis Tourre: Là, vous vous contredisez. Vous avez dit que c'est un peu facile en France par rapport aux autres championnats et c'est pour cela que c’est plus difficile en Ligue des champions. Si c’est facile de gagner le championnat, forcément qu’on ne le célèbre pas de la même façon que dans les autres pays.
Patrice Évra: Oui je me contredis, mais ce n’est pas facile de gagner un championnat. Mais ce ne sont pas des chèvres en face. Vous croyez que, lorsque les gens jouent contre Paris, ils ne veulent pas faire le match de leur vie? Ils demandent à la famille d’enregistrer le match. Ils vont tout donner. Ce n’est pas facile, on l’oublie malheureusement.
Jean-Louis Tourre: Mais est-ce que ça ne peut pas changer au quotidien? Est-ce que les joueurs ne peuvent pas mettre cette exigence pour justement avoir cette mentalité qu’on ne sent pas tout le temps au PSG?
Patrice Évra: J’ai un seul problème à Paris: on déballe le tapis rouge à tout le monde. T’arrives, certains joueurs n’ont même pas dix matchs de Ligue des champions...
Jérôme Rothen: Et tu fais partie des meilleurs joueurs du monde.
Patrice Évra: Tout de suite! C'est Dani Alves à l'époque qui me disait: “Mais Pat, ils ne vont jamais gagner la Ligue des champions. T’arrives, on est des rockstars”. Dans les tribunes, tu ne vois pas des Bernard Lama, mais des Kardashian et compagnie. C’est un club show business. Le football n’est pas la priorité, non. Après Nasser [Al-Khelaïfi] adore le club, ils font un boulot énorme. Mais la communication, quand je vais voir un match de Paris, c’est pour voir un concert. Je suis en VIP, champagne, petits fours... Mais les gars, où sont les anciens? Quand tu vas à United, sur le siège il y a écrit Évra, le nom de légendes... Il n’y a pas Leonardo Di Caprio qui va venir voir le match, on n’est pas à Hollywood. Les gars rigolent et pensent que ce sont des détails et que je suis fou. Mais ce sont des priorités. Faites revenir les anciens. George Weah avait voulu faire son jubilé à Paris, ils ont refusé (le refus est antérieur à l’ère qatarie, son jubilé avait eu lieu au Vélodrome en 2005, ndlr). À un moment, il va falloir faire changer cette politique. Faites venir les anciens, ça va ramener une énergie positive. Il y a des gens aujourd’hui qui supportent Paris seulement parce qu’ils se disent que les Qataris ont mis plein de fric. Paris a une histoire. Je parle de Valdo, Raï... À l’époque, Valdo est venu nous voir à l’entraînement à Manchester United. Il était surpris que je le reconnaisse. Paris, c’est une histoire, pas quand les Qataris ont repris le club.
Jean-Louis Tourre: On est d'accord, il faut ramener des anciens qui ont gagné et pas ceux qui ont joué le maintien?
Patrice Évra: (Il éclate de rire). Il veut dire que Jérôme n’a pas son siège!
Jérôme Rothen: Déjà, j’ai mon siège. Et je le paye!
Patrice Évra: Ils te font payer? Je suis sûr que t’arrives devant la sécurité et qu’ils te reconnaissent pas!
Jérôme Rothen: Non.. Je n’ai pas de problèmes. Je vais te le dire, on va faire changer les choses!
Patrice Évra: Je ne sais pas si ça dépend de Kylian, s’il va rester, de la politique de recrutement... Mais bien sûr que Paris, pour les Parisiens, la capitale, ce que ça représente... Paris doit gagner la Ligue des champions.
Jérôme Rothen: Merci Patrice. On a parlé beaucoup de football, mais bravo pour ce que tu fais. Parce que c’est important ce que tu mets en avant. Sois un peu plus présent en France, c’est important.
Patrice Évra: Ça, je suis tout à fait d’accord avec toi. C’est pour cela que je vais revenir. J’ai eu plein de réunions avec le ministre de la Santé, etc. Je veux revenir en France par la grande porte. La grande porte, c’est rendre les Français heureux. Aujourd’hui, on souffre, ce n’est pas facile, le pays est en révolution. Je vais venir, poser une petite pierre à l’édifice. Aujourd’hui, les enfants c’est ce qu’il y a de plus cher. C’est l’avenir.
Jérôme Rothen: Tu as bien raison, je te soutiens totalement. Tu prends la trajectoire de George Weah, pars dans la politique!
Patrice Évra: La politique, ce n’est pas pour moi. Je donne juste de ma personne. Depuis la sortie de mon livre, les Français ont un regard complètement différent. Quand je viens ici, je suis reçu comme le président de la République. C’est incroyable.