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MHD : le rappeur qui fait danser les stars du foot

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MHD - Elisa Parron

Paul Pogba, Alexandre Lacazette ou Adrien Rabiot reprennent ses pas de danse pour célébrer leurs buts. Ses sons afro-trap ambiancent les vestiaires des plus grands clubs. Depuis quelques mois, le rappeur MHD fascine. RMC Sport a rencontré ce Parisien de 21 ans qui séduit les jeunes stars du foot.

Derrière ses lunettes clubmaster, il a les yeux de celui qui ne dort plus beaucoup. Il faut dire qu'entre les interviews, les concerts et les plateaux télé, les journées de MHD ressemblent à des semaines en ce moment. "C’est dur à gérer. Petit à petit, je réalise ce qu’il m’arrive. C’est un truc de ouf ", sourit le rappeur de 21 ans lorsqu'on le retrouve dans un restaurant du 12e arrondissement de Paris. Casquette Nike noire posée sur la tête, sweat à capuche et bas de survêtement gris, il est venu parler ballon rond. Son autre grande passion après la musique.

Depuis quelques mois, les stars en crampons reprennent ses pas de danse pour célébrer leurs buts : Adrien Rabiot, Serge Aurier, Paul Pogba, Alexandre Lacazette, Samuel Umtiti, Etienne Capoue. Mais aussi des jeunes d'Arsenal, des joueurs aux Pays-Bas, en Afrique et même en Chine ! C'est peu dire que la vague MHD a inondé le monde du football. "Ils ont trouvé que le son était ambiancé alors ils l'ont fait tourner dans les vestiaires", explique le représentant de l'afro-trap, ce mélange de Dirty South (un style de hip-hop américain) et de sonorités africaines.

Rabiot fait danser la moula à Lucas et Marquinhos
Rabiot fait danser la moula à Lucas et Marquinhos © PSG.FR

Livreur de pizzas il y a encore quelques mois

Un succès foudroyant pour Mohamed Sylla, qui a repris trois lettres de son prénom pour son pseudo "MHD". En fin d'année dernière, ce jeune Parisien, titulaire d'un BEP restauration, livrait encore des pizzas dans le nord-est de la capitale. Près de sa "cité rouge", un ensemble d'immeubles en brique posé à la sortie du métro Colonel Fabien. Au coeur du 19e arrondissement. Après avoir vu le jour à La Roche-sur-Yon (Vendée), puis déménagé plusieurs fois, c'est là qu'il a grandi avec ses quatre frères et soeurs. C'est là aussi qu'il s'est fait connaître en tournant son premier clip, Afro-trap partie 1 (La Moula), avec des ados de son quartier. Une vidéo qui a enflammé le Net et accouché de cinq autres parties, dont les désormais célèbres "Fais le mouv" et "Champions League". La série cumule aujourd'hui plus de 60 millions de vues sur Youtube. Et MHD, qui a sorti son premier album le 15 avril dernier, est devenu l'idole des footeux. "Je ne les ai pas encore trop rencontrés mais on parle ensemble sur les réseaux. On s’envoie des messages avec certains."

Virées avec Florentin Pogba et sessions au Camp des Loges

D'autres viennent le voir en live. "Après un concert à Bordeaux, Lamine Sané et Maxime Poundjé m’ont ramené un maillot floqué à mon nom. Grégory Sertic m'a aussi contacté. C’était sympa de ouf." D'autant plus que le jeune homme est fan des Girondins, même si son environnement le pousse à soutenir aussi le PSG. "Le coeur est bordelais, mais j'ai grandi à Paris", résume celui qui supporte également la Guinée, le pays de son père, où sa mère sénégalaise a vécu et où il se rend régulièrement en vacances. Sans oublier l'équipe de France. Connecté à la fraterie Pogba, avec laquelle il partage la même origine, MHD s'offre parfois une virée avec Florentin, le défenseur de l'AS Saint-Etienne et capitaine du Syli. En attendant de rencontrer Paul.

Proche de certains jeunes du PSG, dont Yakou Meïté (buteur face à Chelsea lors de la dernière finale de Youth League), qui vient du même quartier, il va souvent au Camp des Loges voir ses potes à l'entraînement. Lui-même tate un peu le ballon. Pour le plaisir. "Là, j’ai moins le temps mais je joue quand même un peu, assure celui qui a évolué dans sa jeunesse à l'Espérance Sportive Parisienne. Je suis un milieu gauche technique. J’aime bien les petits dribbles, rentrer dans la surface, crocheter... Mais je ne suis pas trop buteur. Je suis plus un passeur."

Un morceau en hommage à Roger Milla

Les soirs de matchs, "Cafu" (son surnom) se pose entre amis dans l'appartement familial, où il réside toujours, pour suivre le PSG, Bordeaux, la Juventus ou le Bayern. A moins qu'il ne squatte une chicha du coin. « Je vais aussi un peu au Parc des Princes, précise le jeune punchliner, qui a fait la première partie de Booba en début d'année. La dernière fois, je suis allé voir Paris-Lyon en Coupe de France (3-0 le 10 février, ndlr). Rabiot a célébré son but avec un de mes pas de danse ». Des gimmicks stylés et accessibles qui font la marque de fabrique de MHD.

Comme dans son dernier clip "Roger Milla", un hommage au légendaire buteur camerounais. « C’est une personne qui me ressemble beaucoup sur le terrain. Il célébrait ses buts avec une petite danse. Moi, c’est pareil dans mes vidéos, compare celui qui saupoudre ses textes d'expressions en wolof, peul ou bambara. En plus, c’est un Africain, donc c’est un petit clin d’œil à l’Afrique aussi. C’était la personne parfaite pour mon morceau. »

Le lob de Pauleta comme premier souvenir

Né en 1994, Mohamed est trop jeune pour se rappeler du doublé de Zizou contre le Brésil en finale de la Coupe du monde. Son premier souvenir de foot remonte à un PSG-OM en 2004, avec le lob de Pauleta sur Fabien Barthez. Même si son plus beau reste le titre des Girondins de Yoann Gourcuff, cinq ans plus tard. Aujourd'hui, sa proximité avec le milieu du ballon rond lui ouvre de nouveaux horizons. Son grand rêve ? "Faire un concert à l'Allianz Arena." Avant une finale de C1. Avec une foule qui se déhanche et reprend en choeur : "Paname, c'est la Champions League"...

https://twitter.com/AlexJaquin Alexandre Jaquin Journaliste RMC Sport