Poulat : « Un manque de communication »

Eric Poulat déplore profondément les critiques émises à son égard par Noël Le Graët ainsi que le "manque de communication" existant entre les différentes familles du football français - -
Suite à la demi-finale de Coupe de France Toulouse-Guingamp, Noël Le Graët (le président de Guingamp, ndlr), ne vous a pas épargné. Il a affirmé que vous n’étiez pas compétent en tant qu’arbitre professionnel. Comment réagissez-vous à ces propos ?
Il y a la version que Noël Le Graët a donné aux médias et celle en interne qui a eu lieu dans mon vestiaire à l’issue de la rencontre. Tout ce qui a été dit à ce moment là a été consigné dans un rapport qui a été ensuite envoyé à la Fédération. La commission de discipline va statuer sur ces propos tenus qui sont indignes d’un vice-président de la FFF. On verra dans les jours et les semaines à venir quelle décision sera prise. Sur le fond, Noël Le Graët a le droit de ne pas être d’accord. Après il y a une façon de le dire. Je constate juste qu’il y a une grosse différence entre ce qu’il m’a dit en face et ce que j’ai lu dans la presse.
Depuis ce match, avez-vous eu contact avec lui ?
S’il avait pu me téléphoner, cela aurait été préférable. C’est un dérapage supplémentaire. C’est regrettable d’entendre de telles déclarations à chaud. Cela ne fait pas évoluer les choses et cela nuit au football. Ce qui me gène le plus dans cette histoire, c’est le cumul des mandats de M. Le Graët. J’ai du mal à comprendre que l’on puisse porter plusieurs casquettes à la fois. (Président de l’EA Guingamp, membre du conseil d’administration de la LFP et vice-président de la FFF). Il faut faire la part des choses.
Comment expliquez-vous ce manque de communication avec M. Le Graët ?
Le monde du football est assez particulier. Il y a des cloisonnements entre toutes les familles de ce sport : joueurs, présidents, arbitres… Nous sommes à des années lumières du rugby par exemple. Après une rencontre, j’aimerais bien que l’on puisse se retrouver pour échanger et surtout éviter les déclarations intempestives dans les journaux le lendemain. On souffre d’un manque de communication.
Lundi dernier, pourquoi n’avez-vous pas arbitré le match Strasbourg-Metz alors que vous aviez été désigné pour le faire ?
Le public a peut-être oublié qu’il y a plus de huit ans, j’ai vécu le pire souvenir de ma carrière lors d’un Strasbourg-Metz. J’avais été obligé d’arrêter la rencontre à la 60e minute de jeu puisque mon assistante Nelly Viennot avait été touchée par un pétard lancé des tribunes. Dans le contexte difficile de cette fin de saison où chaque point est capital, un coup de sifflet de travers et les vieux démons auraient pu ressurgir. On allait par la suite me reparler de cet incident. J’ai préféré ne pas arbitrer cette rencontre.
Votre ancien collègue Bruno Derrien critique durement l’arbitrage français dans son livre « A bas l’arbitre »...
En quinze ans d’arbitrage professionnel, je n’ai jamais subi de pression quelconque de la part d’un club ou d’un président en particulier. Je pense qu’en France les arbitres sont soumis à une totale liberté dans l’exercice de leur fonction. Je ne vais donc pas abonder dans le sens de Bruno Derrien. Je comprends son côté paranoïaque puisqu’il a été exclu de la corporation des arbitres professionnels. Sur le système de notations (ndlr : Bruno Derrien dénonce « trafic entre amis »), il n’y a pas d’ambiguïté.